Dernier débat de Macron en Corse, sur fond de tension avec les nationalistes
Entre boycott de la visite présidentielle par les dirigeants nationalistes de l'île et refus du président de s'exprimer devant l...

Dernier débat de Macron en Corse, sur fond de tension avec les nationalistes

Entre boycott de la visite présidentielle par les dirigeants nationalistes de l'île et refus du président de s'exprimer devant l...
Public Sénat

Par Maureen COFFLARD

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Entre boycott de la visite présidentielle par les dirigeants nationalistes de l'île et refus du président de s'exprimer devant l'Assemblée de Corse, Emmanuel Macron retourne jeudi dans un climat tendu en Corse, 14 mois après une première visite déjà marquée par les désaccords.

En février 2018, Emmanuel Macron, venu à l'occasion de la commémoration des 20 ans de l'assassinat du préfet Erignac, avait douché les espoirs des nationalistes en rejetant toute idée de co-officialité de la langue corse, d'autonomie fiscale ou d'amnistie des prisonniers "politiques", acceptant seulement d'inscrire "une mention" de la Corse dans la Constitution.

Si les tensions entre le chef de l'Etat et les dirigeants nationalistes remontent à cette visite, elles se sont encore exacerbées ces derniers jours, et si de chaque côté, chacun martèle régulièrement sa volonté de "dialogue", Emmanuel Macron ne devrait finalement rencontrer ni le président du conseil exécutif Gilles Simeoni, ni celui de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni.

Bien au contraire, son arrivée dans l'île pour la dernière étape du grand débat national, organisée dans le village de Cozzano, a été devancée dès le 27 mars par un appel de la coalition nationaliste Pè a Corsica à une demi-journée "Isula Morta" (Ile morte) jeudi entre 12H00 et 18H00 pendant "le pseudo-débat".

Dans les jours suivants, Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni annonçaient qu'ils ne participeraient pas au débat. "On est invité à faire la claque, à applaudir le discours d'Emmanuel Macron, pour nous, ce n'est pas comme ça que les choses doivent se passer", a déclaré M. Talamoni à l'AFP. Gilles Simeoni a quant à lui déploré un "climat tendu" et "un blocage politique" avec Paris.

"Le paradoxe avec les élus nationalistes, c'est qu'ils dénoncent avec constance l'absence de dialogue, mais ils trouvent toujours des prétextes pour l'éviter", a taclé dans Le Monde daté de jeudi la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault: "Le président de la République a raison de dire que les fils du dialogue ne sont pas rompus, mais il faut arrêter de jouer au chat et à la souris".

- Invitation déclinée -

Dans une interview au ton conciliant accordée à Corse-Matin, Emmanuel Macron avait assuré pourtant mardi qu'il se rendait sur l'île "disponible et volontaire" pour débattre avec les élus insulaires. La balle a été saisie au bond par les dirigeants nationalistes de l'île, qui ont officiellement invité mercredi le président à venir "échanger" jeudi matin à l'Assemblée de Corse.

Une invitation aussitôt déclinée par l’Élysée, qui a toutefois précisé que "le président de la République (était) tout à fait disponible pour un échange avec MM. Simeoni et Talamoni à Cozzano ou à Paris dès qu'ils le souhaiter(aient)".

"Si d'aventure le chef de l'Etat ne souhaitait pas donner suite à cette proposition, nous en prendrions acte mais ça ne nous détournerait pas de notre volonté de construire, par le chemin exclusif de la démocratie, la solution politique que les Corses nous ont mandaté de mettre en œuvre", avait réagi, avant la réponse de l’Élysée, M. Simeoni.

Ce jeu politique s'inscrit dans un contexte de recrudescence de la violence depuis début mars dans l'île, sans revendication politique à ce stade: lundi, des charges non explosées ont notamment été découvertes devant deux bâtiments des finances publiques à Bastia, entraînant la saisine de la section antiterroriste du parquet de Paris. Plusieurs villas ont également été visées par des explosions depuis le début du mois.

"Il ne peut pas y avoir d'autre chemin que celui de la démocratie", a réagi face à ces violences M. Simeoni, assurant ne connaître "ni leur origine ni les motivations de leurs auteurs".

"Si nous arrivons à entrer avec l'Etat dans un schéma vertueux qui ne laisse pas le moindre espace politique à quelques formes de radicalité et notamment à la violence clandestine, à ce moment-là, nous aurons servi et la cause de l'apaisement et la cause du dialogue", a appelé de ses vœux Gilles Simeoni.

Dans la même thématique

Dernier débat de Macron en Corse, sur fond de tension avec les nationalistes
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Dernier débat de Macron en Corse, sur fond de tension avec les nationalistes
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le

SIPA_01204192_000001
6min

Politique

Olivier Faure à la tête du PS : « Ce que va montrer le congrès de Nancy, c’est la faiblesse du parti »

Après sa réélection de justesse à la tête du PS, le plus dur commence pour Olivier Faure. Le premier secrétaire va avoir la lourde tâche d’unir un parti divisé, de conserver ses principaux bastions socialistes aux prochaines municipales ou encore de fixer une stratégie pour une candidature crédible à la prochaine présidentielle. Analyse du politiste Pierre-Nicolas Baudot et de l’historien, Alain Bergougnioux.

Le