En pleine canicule, les esprits s’échauffent à l’Assemblée sur l’énergie et le climat
Alors que la canicule s'installe, les débats sur le projet de loi énergie et climat s'annoncent musclés à l'Assemblée sur ce texte qui redonne ...

En pleine canicule, les esprits s’échauffent à l’Assemblée sur l’énergie et le climat

Alors que la canicule s'installe, les débats sur le projet de loi énergie et climat s'annoncent musclés à l'Assemblée sur ce texte qui redonne ...
Public Sénat

Par Charlotte HILL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Alors que la canicule s'installe, les débats sur le projet de loi énergie et climat s'annoncent musclés à l'Assemblée sur ce texte qui redonne "le cap d'une ambition forte" selon le gouvernement, mais déçoit oppositions et ONG, notamment sur les "passoires thermiques".

Porté par le ministre de la Transition écologique François de Rugy, le projet de loi, qui doit être examiné à partir de mercredi après-midi, prévoit d'atteindre la "neutralité carbone" à l'horizon 2050 et décrète l'"urgence écologique et climatique". Il décale aussi de 10 ans, de 2025 à 2035, la réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique.

Un peu moins de 900 amendements sont au menu des députés d'ici la fin de la semaine pour cette première lecture, qui aurait dû démarrer mardi soir mais a été décalée en raison d'échanges prolongés sur le projet de loi concernant la collectivité européenne d'Alsace.

Alors que le gouvernement a annoncé un acte II du quinquennat plus vert, ce projet de loi est vu comme un test de ses ambitions écologiques.

François de Rugy vante un rehaussement "drastique" des ambitions françaises en matière de neutralité carbone. Le pays devra diviser ses émissions de gaz à effet de serre au moins par six, et ce alors que l'épisode de canicule en cours est "une conséquence concrète de l'effet de serre", selon le ministre.

Le texte prévoit aussi une baisse de 40% de la consommation d'énergies fossiles d'ici 2030 et doit permettre de fermer les dernières centrales à charbon en 2022.

Mais les oppositions sont plus que réservées sur ce que certains ont décrit comme une "petite loi". Même l'allié du MoDem se dit "assez frustré" et certains "marcheurs" veulent muscler le texte.

La plupart des groupes, à l'instar des UDI et indépendants ou des élus Libertés et Territoires, notent que "si la volonté affichée est au rendez-vous, les moyens ne suivent pas".

Les Républicains, qui entendent notamment défendre "la préservation de l'excellence nucléaire française" et ne veulent pas voir la filière "démantelée", défendront d'emblée des motions de renvoi et de rejet du texte.

Les trois groupes de gauche - PS, PCF et LFI - sont également très critiques d'un texte "creux par rapport à un enjeu majeur" (PS) et avec des objectifs "généraux et généreux" mais sans les "outils" (PCF).

- "Bataille" sur les "passoires" -

Les associations environnementales craignent elles aussi que l'"urgence" inscrite par les députés en commission ne soit "déjà oubliée".

Greenpeace, France Nature Environnement et encore Oxfam critiquent en particulier la trajectoire révisée sur le nucléaire et insistent fortement sur la réhabilitation énergétique des millions de bâtiments "passoires énergétiques" que compte la France. Et ce, alors que les bâtiments représentent 45% de la consommation d'énergie et un quart des émissions.

Le député LREM Matthieu Orphelin lors d'une session à l'Assemblée nationale à Paris, le 27 juillet 2017
Le député LREM Matthieu Orphelin lors d'une session à l'Assemblée nationale à Paris, le 27 juillet 2017
AFP/Archives

L'ex-"marcheur" Matthieu Orphelin prédit une "grosse bataille" sur ce sujet et rappelle que l'interdiction de la location de ces "passoires" à compter de 2025 était "un engagement porté par Emmanuel Macron dans la campagne présidentielle".

Il défendra des amendements en ce sens, comme la gauche mais aussi certains "marcheurs" dont Barbara Pompili, les MoDem comptant aussi faire des propositions.

Le gouvernement affiche, lui, sa volonté de lutter plus efficacement contre les "passoires", celles ayant les étiquettes "F" et "G", ce qui concerne 7,5 millions de logements en France.

Mais il ne veut pas d'une interdiction pure et simple qui aurait "une dimension anxiogène" pour des personnes précaires qui pourraient penser qu'on va les empêcher d'accéder à un logement.

En commission, les députés ont prévu, à l'initiative notamment du rapporteur Anthony Cellier (LREM), une expérimentation à partir de 2021 lors de la vente d'une "passoire": la consignation d'une part du montant de la vente pour financer des travaux de rénovation.

Pour le gouvernement, l'idée est bienvenue mais la formule devra être retravaillée pour notamment renforcer sa sécurité juridique. Des "marcheurs" plaident aussi pour ne pas en rester à ce dispositif.

Partager cet article

Dans la même thématique

En pleine canicule, les esprits s’échauffent à l’Assemblée sur l’énergie et le climat
2min

Politique

« On impose des rythmes de cadres à des enfants », constate Sylvain Chemin, membre de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant

Depuis septembre, près de 140 citoyens tirés au sort se réunissent plusieurs fois par mois au Conseil économique et social pour débattre des temps de l’enfant. Sylvain Chemin, responsable immobilier à Cherbourg-en-Cotentin et père d’une collégienne en classe de 6ème, a pris part aux travaux de cette nouvelle Convention. Son constat est clair et limpide, la réalité des collégiens et des lycéens est à rebours des mesures préconisées. Il témoigne au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue Citoyen.

Le

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Lutte contre le communautarisme : la droite du Sénat propose encore une fois de réviser la Constitution

Lundi, le Sénat examinera une proposition de loi de la droite et du centre visant à inscrire dans la Constitution que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect des règles applicables ». Un principe que la majorité sénatoriale remet à l’ordre du jour régulièrement ces dernières années par le dépôt de différents textes. On retrouve aussi la même idée dans un texte de Marine Le Pen.

Le