Face à la « défiance », Philippe promet des « grands chantiers » post-grand débat
Après le grand débat, des "grands chantiers": Edouard Philippe a promis mardi devant l'Assemblée des réponses au "puissant besoin de...
Par Marc PRÉEL, Anne Pascale REBOUL
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Après le grand débat, des "grands chantiers": Edouard Philippe a promis mardi devant l'Assemblée des réponses au "puissant besoin de transformation" exprimé et au "mur de défiance" séparant les Français de leurs élus. Sans convaincre les oppositions qui ont étrillé le gouvernement.
Après deux mois de consultation nationale en réponse à la crise des "gilets jaunes", les "décisions" qu'Emmanuel Macron doit annoncer dans les prochains jours seront "puissantes et concrètes", a lancé le chef du gouvernement dans un hémicycle presque comble, au lendemain de la synthèse des deux millions de contributions des Français.
La principale conclusion qu'il en tire est celle d'"un puissant besoin de transformation", de "nos outils, de nos institutions, de nos procédures, de nos faiblesses coupables dont notre dette publique est le témoin muet, rampant et menaçant".
Le grand débat a aussi montré qu'un "mur de défiance" sépare les Français de leurs représentants, élus, fonctionnaires, syndicalistes comme journalistes, a relevé Edouard Philippe, alors que des députés de droite lançaient des "Benalla".
Parmi les quelques nouveautés annoncées, il a déclaré vouloir "remettre des fonctionnaires sur le terrain", et s'est engagé à ce qu'il n'y ait pas de réduction de l'effort de défense, "au contraire".
C'est le président qui "fixera le cap et annoncera l’ouverture de grands chantiers", avec "les élus locaux", "les organisations syndicales et patronales" et encore "les associations", a tracé le Premier ministre, sous les applaudissements de la majorité. "Tout ça pour ça", a-t-on entendu fuser à gauche, alors que les oppositions attendaient des propositions concrètes.
Le chef de file des députés LR Christian Jacob a dressé un réquisitoire du début du quinquennat et jugé que le "contrat" liant Emmanuel Macron aux Français était "déchiré". Le pays aurait besoin d'une "nouvelle élection", a-t-il lancé dans une grande tension, face à des ministres stoïques.
- Surdité -
Patronne des députés PS, Valérie Rabault a jugé que "sortir de ce grand débat sans vision pour la France (...), en réduisant la pensée politique à des +punchline+ du type +tolérance fiscale zéro+" n'était "pas à la hauteur".
"A tous les carrefours, semaine après semaine, nous avons entendu: +Rends l'ISF d'abord+, +Macron démission+" (...) Mais vous n'entendez pas", a grincé l'Insoumis François Ruffin.
Edouard Philippe a été d'un "vide total", a asséné Marine Le Pen, dans les couloirs du Palais Bourbon. Pointant l'absence notamment du sujet immigration, la présidente du RN considère que les conclusions du gouvernement vont à "l'inverse de ce que les Français pensent".
Le cofondateur des "Gilets Jaunes Citoyens", Thierry-Paul Valette, qui présente une liste aux européennes, a demandé de son côté mardi à être reçu par Matignon pour remettre ses "propositions citoyennes", rappelant que le mouvement traduisait "un ras-le-bol général".
L'Assemblée nationale, le 9 avril 2019
AFP
Les députés avaient livré la semaine dernière leurs contributions, montrant des convergences sur l’état du pays mais des positions irréconciliables sur les solutions à apporter.
Au passage, le Premier ministre a appelé mardi dans un sourire les députés à "méditer" l'exemple de "la remarquable capacité de nos concitoyens à s'écouter" dans le grand débat.
Et il a répliqué in fine que s'il revient à Emmanuel Macron d'annoncer les arbitrages, c'est dans "la logique des institutions de la Ve République".
Le locataire de Matignon se livrera mercredi au même exercice du débat au Sénat.
Lors de son intervention au Grand Palais lundi, il avait évoqué quatre grands axes de réformes, à commencer par une baisse plus rapide des impôts pour répondre à "une immense exaspération fiscale". Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire veut que baisse "en priorité" l'impôt sur le revenu.
En matière d'environnement, avec la taxe carbone "nous nous sommes trompés sur la méthode, pas sur l’ambition", a défendu mardi le Premier ministre. "A nous de trouver le bon rythme, les bonnes normes, les bons mécanismes d’accompagnement et d’incitation."
En outre, "nous devons construire une démocratie plus délibérative", même si "rien ne remplacera la démocratie représentative", a-t-il pris soin de préciser, disant vouloir s'inspirer en la matière du grand débat.
Ses cinq garants se sont félicités mardi de ce "moment démocratique exceptionnel", prévenant toutefois que "ne sera réellement crédible qu'à la double condition qu'il soit bien suivi d'effets et que la richesse de ses résultats soit pleinement exploitée".
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