Fraude fiscale: Isabelle Balkany et « le syndrome du matelas »
D'où vient l'argent? Pour répondre à cette question, au centre du procès pour fraude fiscale des édiles de Levallois-Perret, Isabelle Balkany a...
Par Sofia BOUDERBALA
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
D'où vient l'argent? Pour répondre à cette question, au centre du procès pour fraude fiscale des édiles de Levallois-Perret, Isabelle Balkany a développé mardi devant la cour d'appel de Paris sa théorie du "syndrome du matelas".
La présidente Sophie Clément annonce que l'on va parler des "revenus" et des "espèces". Dans ce dossier, les époux Balkany ont été condamnés en première instance pour n'avoir pas payé l'impôt sur la fortune (ISF) entre 2010 et 2015, et pour avoir déclaré des revenus amplement sous-évalués entre 2009 et 2014.
La magistrate commence par rappeler quelques chiffres, relevant qu'en 2012, les époux versent "196.293 euros de salaire" à leurs employés de maison alors qu'ils déclarent "un revenu de 127.866 euros".
Entre 2010 et 2013, le couple a retiré 51.850 euros en liquide et, durant la même période, a payé cash 87.000 euros de billets d'avion en "business class".
"Nos dépenses sont supérieures à nos revenus, c'est une évidence du Bon Dieu!", s'exclame, agacée, Isabelle Balkany, 72 ans, seule à la barre, en l'absence de son mari hospitalisé.
"Ce qui nous a permis de le faire c'est que maman est morte. J'ai eu 2 millions d'euros de capital (en 2008) et nous avons assumé notre train de vie avec ce capital" versé sur "mon compte BNP à Levallois", affirme-t-elle.
L'avocat du fisc fait remarquer que le problème ici n'est pas l'héritage arrivé légalement sur le compte de Mme Balkany, mais "les dépenses en espèces, sans qu'il y ait eu de retrait".
L'avocat d'Isabelle Balkany Pierre-Olivier Sur, au tribunal à Paris le 11 décembre 2019
AFP/Archives
"Ah! Vous avez vraiment l'art de tout mélanger. C'est presque comique!", s'exclame la prévenue, qui a par ailleurs reconnu avoir perçu un héritage non déclaré en Suisse.
La tension monte dans la salle, où Isabelle Balkany multiplie les déclarations intempestives: contre le fisc ironiquement qualifié de "compagnon de vie" du couple, contre les "claviers venimeux" de la presse, contre ce "grand déballage" que lui impose la cour.
A bout, l'accusation réclame "un minimum de courtoisie" à l'audience. "Isabelle, asseyez-vous", finira par lui dire son avocat, après lui avoir suggéré de ranger son téléphone portable.
- "Cuillère en argent" -
La présidente la ramène au cash: d'où vient-il?
"Bon, je vais être claire. Patrick vous a parlé des lingots (qu'il dit avoir hérités de son père). Ma mère, jusqu'à sa mort, a continué à me donner de l'argent", "toujours en liquide", assure-t-elle.
Elle s'esclaffe en racontant la "chasse au magot" organisée en vain par le juge d'instruction dans sa résidence du moulin de Giverny (Eure) "avec 20 gendarmes et un chien renifleur" qui n'a trouvé que "deux pences dans un vieux flipper".
L'avocate générale résume: "Donc, les espèces étaient stockées quelque part avant d'être dépensées, car si elles avaient été versées sur un compte, on en aurait la trace, c'est ça?"
"Oui", soupire Isabelle Balkany, "ça s'appelle le syndrome du matelas".
"Je n'y peux rien si je suis née avec une cuillère en argent dans la bouche", enchaîne-t-elle. "Mon père a bossé toute sa vie, a gagné beaucoup d'argent. Le père de Patrick avait de l'argent en Suisse. Finalement, nous n'avons pas travaillé pour gagner de l'argent, nous l'avons fait pour nous mettre au service" d'une ville et de ses habitants.
Isabelle Balkany et son avocat Pierre-Olivier Sur au tribunal à Paris le 11 décembre 2019
AFP/Archives
Elle revient sur son absence au premier procès, après une absorption massive de médicaments: "J'ai craqué, ce n'était pas pour mourir, c'était pour que ça s'arrête. J'ai eu le sentiment que tout ce que nous avions fait a été bafoué".
La cour revient à "l'argent liquide" qui inonde le dossier. Isabelle Balkany reconnaît être allée de temps en temps changer des billets à l'Intermarché - "c'était pratique" -, mais dénonce les mensonges des témoins qu'elle dit motivés par l'amertume.
Les billets de 500 euros débordant du peignoir de Patrick Balkany ? Un mensonge d'une employée licenciée. Les billets oubliés dans un costume au pressing ? Une petite vengeance parce qu'elle boycottait l'établissement - "la dame du pressing m'avait foutu en l'air un blouson de mon petit-fils".
Le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale a annoncé sa candidature pour la tête du parti, ce 13 février. L’officialisation intervient dès le lendemain de celle de son rival Bruno Retailleau.
Les responsables du parti de droite se sont réunis ce jeudi matin. Ils ont décidé que les adhérents LR éliront leur nouveau président d’ici trois mois, alors que Bruno Retailleau défendait un calendrier plus serré, sur fond de guerre de chefs avec Laurent Wauquiez.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas se déclare en faveur de la candidature du ministre de l’Intérieur à la présidence du parti Les Républicains. Bruno Retailleau « veut porter une espérance pour la droite », et aujourd’hui au gouvernement, il en a « la légitimité », estime-t-elle.
Le ministre de l’Intérieur est officiellement candidat à la présidence des LR. Il peut compter sur « une très large adhésion majoritaire du groupe LR », selon le sénateur Marc-Philippe Daubresse. Mais les soutiens de Laurent Wauquiez, comme le sénateur Laurent Duplomb, l’accusent de relancer une « dramatique guerre des chefs ». L’enjeu pour Bruno Retailleau est maintenant d’obtenir un congrès au plus vite, car « les sondages, ça va, ça vient »…