« Gilets jaunes », ordre public et fiscalité: débat animé entre chefs de parti
De Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par Olivier Faure et Laurent Wauquiez, les oppositions se sont liguées pour dénoncer la gestion...
Par Anne RENAUT, Baptiste PACE
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De Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par Olivier Faure et Laurent Wauquiez, les oppositions se sont liguées pour dénoncer la gestion de l'ordre public par l'exécutif, dans un débat télévisé entre chefs de parti qui a également fait la part belle aux questions de fiscalité.
A deux mois des élections européennes, François Bayrou (MoDem), Olivier Faure (PS), Stanislas Guerini (LREM), Marine Le Pen (RN), Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Laurent Wauquiez pour Les Républicains (LR) ont débattu pendant environ deux heures et demie sur BFMTV sur les moyens de sortir de la crise des "gilets jaunes".
Lors d'échanges animés, modérés par la journaliste Ruth Elkrieff, les opposants ont attaqué de concert le bilan de l'exécutif tant au plan économique et social que sur la gestion de l'ordre public, après le regain de violence de l'acte 18.
Les piques ont fusé, notamment à l'encontre du délégué général de LREM Stanislas Guerini qui passait son premier grand oral cathodique. "Vous êtes le système", lui a lancé M. Mélenchon, "et vous, son assurance vie", a-t-il complété en visant Marine Le Pen. "Vous mentez", lui a asséné à plusieurs reprises Laurent Wauquiez.
M. Guerini a répliqué en dénonçant des "convergences" entre La France insoumise et le Rassemblement national. Il a défendu les "fondamentaux" de la politique de M. Macron, et a notamment affirmé que les sénateurs LREM s'étaient abstenus lors de l'examen initial de la proposition de loi LR "anticasseurs", alors qu'ils avaient voté contre.
- "Je suis un Gaulois réfractaire!" -
Manifestation des "gilets jaunes" samedi 16 mars 2019 à Montpellier
AFP/Archives
Davantage épargné, le président du MoDem François Bayrou, dont les interventions ont souvent viré au dialogue personnel avec M. Mélenchon, s'est également employé à défendre Emmanuel Macron et ses formules polémiques. "Mélenchon est un Gaulois réfractaire, je suis un Gaulois réfractaire, Astérix est un Gaulois réfractaire", a-t-il dit.
En verve, M. Mélenchon a défendu sa conception de "l'Etat" et distribué les mauvais points, tandis que Laurent Wauquiez s'est employé à se démarquer de Marine Le Pen.
Mme Le Pen et M. Mélenchon ont de concert réclamé la dissolution de l'Assemblée nationale; la leader d'extrême-droite, MM. Guerini et Bayrou ont vanté les mérites de la proportionnelle, vivement dénoncée par M. Wauquiez.
Premier gros sujet de discorde: la gestion de l'ordre public, l'annonce de la mobilisation de la mission antiterroriste militaire Sentinelle pour les prochaines manifestations suscitant de vives oppositions.
"Vous êtes devenus fous ! Un militaire, c'est pas un policier", a tonné M. Mélenchon, dénonçant une "surenchère permanente" de l'exécutif.
Après de nouvelles violences à Paris samedi, l'exécutif, sous le feu des critiques, a tenté de reprendre la main: limogeage du préfet de police de Paris, interdictions de manifester sur certains lieux, mobilisation de la mission antiterroriste militaire Sentinelle.
Mais les oppositions LR, RN et LFI notamment, réclament la démission du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, désormais en première ligne après l'éviction du préfet Michel Delpuech décrit comme un "fusible".
Second sujet de débat: la fiscalité. Pour le socialiste Olivier Faure, le président "a porté à incandescence la question des inégalités dans ce pays" en ayant voulu "réduire les droits des plus faibles" et "fait des cadeaux fiscaux" aux plus riches.
"Il n'y a plus de consentement à l'impôt et il n'y a plus de consentement à la dépense", a estimé Marine Le Pen.
"On est incapable de faire deux minute trente sans faire un ou deux nouveaux impôts", a dénoncé Laurent Wauquiez (LR) qui ne veut "aucune augmentation d'impôt" à l'issue du grand débat.
Il faut "rendre de l'argent aux Français", a répondu M. Guerini, prônant la suppression de la taxe d'habitation pour tous et la réindexation des pensions de retraite sur l'inflation.
Près de neuf Français sur dix (86%) pensent qu'il faudra "réorienter la politique économique et sociale", selon un sondage Viavoice.
L'exécutif s'est donné jusqu'à la mi-avril pour décider ce qu'il compte faire notamment des 2 millions de contributions déposées en ligne dans le cadre du grand débat national.
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