Goulard recalée, Macron veut d’abord  sauver ses ambitions européennes
Après le rejet par les eurodéputés de Sylvie Goulard, sa candidate à la Commission européenne, Emmanuel Macron veut avant tout sauver ses...

Goulard recalée, Macron veut d’abord sauver ses ambitions européennes

Après le rejet par les eurodéputés de Sylvie Goulard, sa candidate à la Commission européenne, Emmanuel Macron veut avant tout sauver ses...
Public Sénat

Par Laurence BENHAMOU

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après le rejet par les eurodéputés de Sylvie Goulard, sa candidate à la Commission européenne, Emmanuel Macron veut avant tout sauver ses projets de réformes dans l'UE, dont il a fait un de ses arguments politiques en France.

"C'est objectivement dur, car on se bat depuis des mois pour remettre de l'influence française dans l'UE", commente une source française à Bruxelles, qui déplore "des jeux d'appareil" alors que Paris vise une alliance des centristes du groupe parlementaire "Renew", dont font partie les eurodéputés macronistes, avec les groupes PSE, PPE et Verts.

Le président français constate aussi la faiblesse au niveau européen de "Renew", dont il voudrait faire une sorte d'En Marche européen.

Le revers de jeudi fait écho à l'impuissance de Nathalie Loiseau, la tête de liste de son parti aux élections européennes, qui n'a pas pu prendre la tête de Renew, en raison de déclarations maladroites contre ses collègues.

Emmanuel Macron a perdu un pari risqué. Il avait pourtant reçu de nombreuses mises en garde de ses proches contre le risque d'un échec de Sylvie Goulard, notamment de son allié François Bayrou, président du MoDem, forcé de quitter le gouvernement en 2017 dans le sillage de Mme Goulard.

Dès l'annonce du vote négatif du Parlement européen, toute l'opposition a reproché au chef de l'Etat d'avoir affaibli la position française à Bruxelles en voulant imposer Mme Goulard, qui avait démissionné du gouvernement pour la même affaires d'emplois fictifs au MoDem que M. Bayrou.

Un "désaveu cinglant" selon Marine Le Pen, quand Manon Aubry (LFI) a applaudi "une victoire de l'éthique sur le fric" et que Nadine Morano (LR), tout comme Raphaël Glucksmann (Place Publique) parlent d'une "claque" pour le chef de l'Etat.

"Comment le président Emmanuel Macron a-t-il pu faire le choix d’affaiblir à ce point la position de la France en Europe et d’ignorer avec autant d’arrogance l’indispensable éthique qui doit guider nos institutions ?", a taclé Yannick Jadot (EELV).

- Portefeuille -

Lors d'une conférence de presse à Lyon sur le Fonds mondial pour le Sida, Emmanuel Macron est apparu particulièrement mécontent, exposant avec agacement les assurances qu'il avait reçues de la présidente élue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, d'obtenir le feu vert des groupes parlementaires.

"J'ai besoin de comprendre ce qui s'est joué, de ressentiments, peut-être de petitesses. J'aime que quand les engagements sont pris, ils soient tenus", a-t-il accusé, révélant avoir soumis trois noms à Mme von der Leyen, qui aurait insisté pour le choix de Sylvie Goulard.

"On m'a dit +votre nom est formidable, on le prend+ et à la fin on me dit +finalement, on n'en veut plus+. Les mêmes ! Il faut qu'on m'explique!", a-t-il explosé.

Ses autres choix à l'époque étaient, selon une source bruxelloise, sa ministre de la Défense Florence Parly et l'ancienne candidate à la présidentielle Ségolène Royal. Le nom du négociateur du Brexit Michel Barnier a aussi circulé.

Sylvie Goulard lors de son audition au Parlement européen à Bruxelles le 10 octobre 2019
AFP

Et maintenant, que va-t-il faire? D'abord sans doute, "avoir une discussion assez franche avec la présidente de la Commission", rapporte la source française à Bruxelles.

Le président français, pour qui l'Europe est une priorité, veut avant tout, comme il l'a précisé jeudi, sauver le mandat promis à Mme Goulard pour la France, un vaste portefeuille du Marché intérieur, comprenant la politique industrielle, le numérique, la défense et le spatial.

Il compte sur ce levier pour relancer une politique industrielle de grands projets européens, après deux années où ses tentatives de relance ont piétiné, dans une Europe divisée.

La réticence de l'Allemagne l'a empêché en particulier de mettre en place un important budget de la zone euro pour relancer l'économie.

L'idée de nouveaux programmes type Airbus devait être au menu de sa rencontre avec Angela Merkel dimanche soir à l'Elysée, puis mercredi 16 octobre à Toulouse, où ils visiteront le siège de l'avionneur européen.

Dans la même thématique

Goulard recalée, Macron veut d’abord  sauver ses ambitions européennes
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

Goulard recalée, Macron veut d’abord  sauver ses ambitions européennes
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Goulard recalée, Macron veut d’abord  sauver ses ambitions européennes
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le