Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
« Il y a plus de 10 000 sites collectifs de vaccination à planifier », indique Olivier Véran devant le Sénat
Par Simon Barbarit, avec Guillaume Jacquot
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Emmanuel Macron déclaré positif au Covid a entraîné la mise à l’isolement de plusieurs personnalités politiques tel que le Premier ministre français, Jean Castex, espagnol, Pedro Sanchez ou encore le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand. Une preuve de plus, s’il en fallait, que « la seconde vague n’est pas derrière nous ». « Nous avons atteint depuis une dizaine de jours un plateau qui se stabilise malheureusement à un niveau qui ne permet pas de garantir une pleine maîtrise de la circulation virale » a rappelé le ministre.
Critiqué, y compris par la commission d’enquête du Sénat sur l’épidémie de Covid-19, pour son manque de transparence dans la gestion des équipements de protection, lors de la première vague épidémique, le gouvernement entend donner des gages à la représentation nationale et à travers elle la population sur la stratégie vaccinale. « C’est la raison pour laquelle au-delà de cette séance. Un cadre de dialogue pérenne a été installé avec la mise en place d’un comité permanent comprenant les présidents de chacune des Assemblées et les présidents des groupes parlementaires » a-t-il rappelé.
« Nous visons le début des premières vaccinations d’ici la fin du mois de décembre »
L’Union européenne qui a choisi d’agir de façon coordonnée dans la stratégie de vaccination, que ce soit pour la commande des doses ou la date de vaccination qui attend encore l’autorisation de l’Agence européenne du médicament sur le vaccin Pfizer/BioNTec. Alors que l’Allemagne vient d’annoncer la date du 27 décembre pour lancer sa campagne de vaccination, Olivier Véran ne s’est pas risqué à faire de même. « Nous visons le début des premières vaccinations d’ici la fin du mois de décembre, peu de temps après Noël, si les avis des autorités sanitaires indépendantes nous autorisent ».
Le ministre a ensuite rappelé les grandes lignes de la stratégie vaccinale « qui s’appuie sur les recommandations de la Haute autorité de santé ». Une première phase qui doit démarrer à la fin de l’année, les personnes les plus âgées accueillies dans des Ehpad. Début mars, une deuxième phase concernera les personnes présentant un facteur de risque ainsi que certains professionnels de santé, environ 14 millions de personnes. Puis à la fin du printemps, une troisième phase de vaccination s’ouvrira à l’ensemble de la population. »
« Ce n’est pas le gouvernement qui met en place le vaccin, pas plus qu’il n’a mis en place le virus »
Olivier Véran a pris soin de justifier le choix de la priorisation des personnes âgées en Ehpad et non pas les personnes âgées vivant chez elles. « La raison, elle nous a été donnée par l’Autorité de santé elle-même […] Lorsque le virus entre dans un hébergement collectif avec une centaine de personnes âgées […] Il va rarement toucher une seule personne, il va toucher plusieurs résidents ».
Comme l’a recommandé l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST) cette semaine, la stratégie vaccinale va devoir surmonter la défiance d’une partie de la population. Olivier Véran a mis en avant l’importance de recueillir dès maintenant « le consentement éclairé » des résidents en Ehpad ou de leur famille. « Je vous le dis sans ambages, je ne crois pas que nous pourrons créer l’adhésion des Français sur la vaccination sans nous appuyer sur les communautés médicales, paramédicales, scientifiques. Mais je sais aussi que sans les élus, on serait peu de chose » a-t-il fait valoir.
« La Haute autorité de Santé précisera les contradictions individuelles et collectives en fonction des données scientifiques qui lui reviennent. Je le dis à ce stade. Ce n’est pas le gouvernement qui met en place le vaccin, pas plus qu’il n’a mis en place le virus comme on peut le lire dans certains réseaux. Ce n’est pas le gouvernement qui détermine la cible vaccinale, ce n’est pas le gouvernement qui choisit un vaccin plutôt qu’un autre. Notre rôle est de faire en sorte que les choses se passent bien » a-t-il souligné.
L’Etat et les collectivités auront donc un rôle important à jouer dans l’organisation « de la chaîne logistique monumentale » que va entraîner l’acheminement du vaccin Pfizer/BioNTec, un produit qui se conserve à moins 80 degrés. « Il y a plus de 10 000 sites collectifs de vaccination à planifier, à programmer, dans les prochaines semaines dans notre pays » a-t-il rappelé.
« Vacciner des gens qui seraient potentiellement contagieux, pour limiter la contagiosité, c’est trop tôt, on ne peut pas le savoir »
Ce vaccin ne permet, à ce stade des connaissances scientifiques, que de limiter les formes graves de la maladie en protégeant les cellules des poumons. » Nous ne savons pas en revanche s’il protège la muqueuse nasale, la muqueuse rhino-pharyngée […] vacciner des gens qui seraient potentiellement contagieux, pour limiter la contagiosité, c’est trop tôt, on ne peut pas le savoir ».
« Quid des personnes âgées valides demeurant chez elles ? » demande Alain Milon
Par la suite, le sénateur LR, Alain Milon, président de la commission d’enquête sur l’épidémie de Covid-19, a émis des doutes sur la priorisation choisie par le gouvernement dans cette campagne de vaccination. « Le choix des Ehpad semble judicieux […] mais comment expliquer que les personnes décédant dans ces établissements, dans les jours ou mois suivant cette vaccination, ne décéderont pas de la vaccination ? […] « Quid des personnes âgées valides demeurant chez elles, qui ont déjà subi deux confinements et qu’il faudrait vacciner rapidement pour leur permettre de reprendre une vie sociale, source d’équilibre physique et psychique. Faute de quoi, rapidement, nous aurons affaire à une nouvelle vague de décès de personnes âgées due à l’isolement et au syndrome de glissement » a-t-il mis en garde.
Alain Milon s’est également interrogé sur le retard des laboratoires français dans le développement des vaccins ARN messager comme le Pfizer/BioNTec. « La France est frileuse lorsqu’il s’agit de financer des recherches qui pour la plupart d’entre elles n’aboutiront pas […] Il est quand même dommage de constater que notre pays est absent dans la technologie d’ARN messager. Il faudra revoir notre système de pensée de financement de la recherche et pour ma part, ne pas avoir honte de mettre en place des cofinancements publics/privés » a-t-il appelé.
Pendant près d’une heure et demie, les différents représentants de tous les groupes du Sénat se sont succédé à la tribune pour faire part de leurs attentes ou de leurs inquiétudes, à l’approche de la campagne vaccinale. Nombreux ont été les orateurs à demander une communication basée sur la « transparence », gage d’une « confiance » indispensable à la réussite de la vaccination. Comme l’a souligné la sénatrice centriste Sonia de La Provôté, « la transparence n'est pas une option, elle est un guide. C'est accepter de dire ce que l'on sait, et ce que l'on ne sait pas ». D’autres, comme le sénateur Bernard Jomier (groupe socialiste), on met en avant les leçons du passé, pour encourager la vaccination. « Rappelons-nous que notre pays, grâce à la vaccination, a éliminé des maladies violentes », a tenu à souligner le sénateur de Paris.
Alors que le gouvernement s’engage sur une vaccination par paliers successifs, en débutant par les populations les plus à risque, beaucoup de sénateurs estiment aussi que le gouvernement n’a pas droit à l’erreur. « Il est impératif que la première phase de la vaccination soit réussie, pour favoriser l'adhésion de la population à la vaccination, ce qui suppose de ne pas se précipiter », a par exemple mis en garde Florence Lassarade (LR), membre de l’Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst).
« Ce n'est pas le gouvernement qui produit des vaccins »
Chez plusieurs sénateurs, le raté sur la gestion de masques de protection au printemps est resté en mémoire. « La question de la logistique et des stocks va être essentielle [...] Est-ce qu'on ne va pas, là encore, être face à une pénurie ? » s’est ainsi demandé le sénateur LR de la Vienne Bruno Belin. « Ce qu'il faut craindre ce n'est pas que les doses restent dans les congélateurs, mais que nous peinions à répondre à la demande », s’est également inquiété le président du groupe Les Indépendants, Claude Malhuret, convaincu que le discours scientifique sortira vainqueur de cette nouvelle séquence.
Surpris par ces commentaires sur les livraisons de vaccins, Olivier Véran a répliqué de façon « un peu piquante ». « Ne le prenez pas mal », a-t-il prévenu. « Plusieurs interventions commencent à me laisser imaginer que certains d’entre vous considèreraient qu’on manquerait de doses par la cause d’une responsabilité gouvernementale. J’imagine que j’ai mal compris les interventions. » Le ministre de la Santé a rappelé que le gouvernement avait fait en sorte que chaque Etat européen soit servi « au prorata de sa population ». « On a des vaccins à mesure qu'ils sont produits. Ce n'est pas le gouvernement qui produit des vaccins. Et il y a une demande mondiale à satisfaire », a-t-il rappelé.
Selon le ministre, 1,2 million de doses sont attendues fin décembre, qui seront complétées par 700 000 « début janvier », puis 1,6 million en février.