Le gouvernement a tenté lundi de mettre l'accent sur l''intégration" des étrangers à deux jours de la présentation du projet de loi sur l'asile...
Immigration: Philippe joue la carte « intégration » avant un projet de loi controversé
Le gouvernement a tenté lundi de mettre l'accent sur l''intégration" des étrangers à deux jours de la présentation du projet de loi sur l'asile...
Par Claire GALLEN
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Le gouvernement a tenté lundi de mettre l'accent sur l''intégration" des étrangers à deux jours de la présentation du projet de loi sur l'asile et l'immigration, critiqué par les associations et au sein même de la majorité.
"La France a une longue et belle tradition d'accueil" mais "n'est pas toujours à la hauteur de cette tradition", a regretté le Premier ministre Edouard Philippe à Lyon, où il recevait un rapport du député LREM Aurélien Taché préconisant une meilleure intégration des étrangers.
Le gouvernement "reprendra les grands axes des propositions" de ce rapport qui plaide notamment pour un doublement des heures de français et un meilleur accompagnement vers l'emploi et le logement, a ajouté Edouard Philippe, notamment accompagné du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
A Lyon, où il a rencontré des réfugiés, le Premier ministre a également tenu à défendre le projet de loi sur l'asile et l'immigration, qui sera dévoilé mercredi en conseil des ministres et qui est déjà durement attaqué pour sa logique "répressive".
Ce texte est "solide et équilibré", a assuré M. Philippe, défendant la nécessité "d'assurer la reconduite des étrangers qui n'ont pas obtenu" le droit au séjour.
Ce "projet de loi pour une immigration maîtrisée et un droit d'asile effectif" vise à réduire à six mois les délais d'instruction de la demande d'asile et à faciliter la reconduite à la frontière pour les déboutés.
"Le problème principal tient à notre législation, qui par rapport aux législations européennes est beaucoup plus favorable", avait estimé en janvier Gérard Collomb.
Edouard Philippe et le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb (C), à Lyon, le 19 février 2018
AFP/Archives
La réforme du système d'asile a déjà fait l'objet d'une loi en juillet 2015, mais s'est trouvé sous-calibré face aux arrivées depuis 2015 (il y a eu 100.000 demandes d'asile l'an dernier).
Mesure-phare du texte pour faciliter les expulsions, le doublement de la durée maximale de rétention à 90 jours (voire 135 en cas d'obstruction) est vigoureusement dénoncé par les associations. "La durée de rétention influe très peu sur les mesures exécutées", assure David Rohi de la Cimade, association d'aide aux étrangers, qui demande le retrait du texte.
Mais d'autres mesures sont aussi critiquées, notamment celles qui, au nom de la réduction des délais d'instruction, restreignent les possibilités de recours. "Ces mesures concourent en réalité à dissuader les demandes considérées a priori comme dilatoires", estime le Gisti ("Groupe d'information et de soutien des immigré.e.s")
A l'inverse, Les Républicains (LR) se disent "très inquiets du laxisme du gouvernement face au défi migratoire", en déplorant l'absence d'outils pour "dissuader les clandestins".
L'immigration "va s'accélérer avec le projet de loi du gouvernement", a pour sa part déclaré la chef de file de l'extrême droite Marine Le Pen.
- 'Équilibre' -
La loi arrivera dans un climat tendu, où les esprits sont déjà échauffés par la "circulaire Collomb" sur le recensement des migrants dans l'hébergement d'urgence, sur laquelle le Conseil d'Etat, saisi en urgence par les associations, doit rendre son avis d'ici à la fin de la semaine.
Signe de leur inquiétude, plusieurs acteurs de l'asile pourraient être en grève mercredi, notamment à l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) et à la Cour nationale du droit d'asile (CNDA).
Dans un contexte de grogne croissante, le gouvernement a déjà renoncé à la notion de "pays tiers sûr" (un pays de transit où les demandeurs auraient pu être renvoyés).
Mais l'inquiétude, d'abord cantonnée aux défenseurs des étrangers, a depuis gagné les milieux intellectuels et jusqu'aux proches d'Emmanuel Macron, alors que certains députés En Marche s'interrogent sur la logique répressive du texte.
Une proposition de loi sur la rétention des "migrants dublinés" (des demandeurs d'asile enregistrés ailleurs en Europe) votée jeudi a fait office de "tour de chauffe", avec des vifs débats dans la majorité.
En dépit d'une "pédagogie intensive" depuis plusieurs semaines, Gérard Collomb, qui s'exprimera mercredi à nouveau devant les députés LREM-MoDem, est loin d'avoir convaincu tous les parlementaires.
Certains à l'Assemblée, où siègent de nombreux avocats, voudraient notamment peser sur la réduction des délais de recours ou l'extension des audiences menées par visioconférence.
La majorité, qui va essayer de résoudre en amont ces divergences, compte trouver in fine un "équilibre".
Ce mardi, lors de l’examen de la proposition de loi du Sénat visant à réformer l’organisation du sport professionnel », les sénateurs ont voté contre l’avis du gouvernement l’encadrement de la rémunération des dirigeants du football français, Vincent Labrune. Il s’agit d’une des recommandations du rapport de la mission d’information : intitulée : « Football-business : stop ou encore ».
Ce mardi, lors de l’examen de la proposition de loi du Sénat visant à réformer l’organisation du sport professionnel », les sénateurs ont voté un amendement du gouvernement qui oblige les clubs, notamment de football, à libérer leurs joueurs pour participer aux Jeux Olympiques.
À l’occasion d’un meeting dans le Loiret, Marine Le Pen a violemment fustigé l’Union européenne et les politiques menées par Bruxelles. Entourée pour l’occasion des principaux chefs de file nationalistes européens, la fille de Jean-Marie Le Pen a cultivé sa stature internationale, une manière pour elle de réaffirmer la légitimité de sa candidature pour 2027, malgré sa peine d’inéligibilité.
La proposition de loi « visant à renforcer la protection des ressources en eau potable contre les pollutions diffuses », déposée par les sénateurs socialistes, n’a pas été adoptée en commission de l’aménagement du territoire.