Édouard Philippe a annoncé lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale et le Sénat que la procréation médicalement assistée (PMA) sera légalisée pour tous les couples de femmes. La sénatrice PS de Paris, Marie-Pierre de La Gontrie, y est favorable, soulignant que les Français « ont bien compris les enjeux de la PMA. Le sujet est moins clivant, moins difficile qu’il y a quelques années ». « Nous serons présents, et j’espère que les choses se feront », a-t-elle annoncé.
Pour autant, Marie-Pierre de La Gontrie souhaite « bon courage » au gouvernement pour faire voter cette mesure. « Parce que lorsqu’on a eu un débat il y a quelques jours sur la question de l’IVG, on sent que sur les questions sociétales, c’est assez compliqué. Mais sur la question de la PMA, tant mieux qu’Emmanuel Macron tienne ses promesses de campagne », a-t-elle expliqué.
C’est d’ailleurs cette évolution complexe des mentalités au sein du Parlement sur les questions sociétales qui justifie, selon elle, le fait que François Hollande n’ait pas ouvert la PMA à toutes les femmes, alors qu’il l’avait promis.
« Les sénateurs de droite retrouvent des accents que nous avons entendus lors de l’examen de la loi Veil »
Plus tard dans l'émission, la sénatrice est longuement revenue sur le vote du Sénat mardi dernier qui a supprimé un amendement de Laurence Rossignol dans le projet de loi Santé. Amendement qui allongeait le délai légal d'IVG de 12 à 14 semaines. Pour Marie-Pierre de La Gontrie, « le Sénat s'est montré extrêmement conservateur », faisant quelque chose de « très moche pour les femmes ».
L'élue de Paris a réagi à un extrait de l'intervention d'Alain Houpert (LR), qui comparait l'allongement de la durée de l'avortement à un risque d'eugénisme. Pour elle, cette séquence « est révélatrice de l'état d'esprit des sénateurs de droite, qui sont pour la plupart des hommes, qui sont dans la force de l'âge et qui retrouvent des accents que nous avons entendus lors de l'examen et du vote de la loi Veil », dénonce-t-elle.
« Nous allons avoir à faire à un Sénat très conservateur et le gouvernement s’est laissé embarquer là-dedans »
« Penser qu’avoir recours à un IVG se fait par confort, c’est méconnaître de ce qui se passe dans ces circonstances-là. […] Sur le texte bioéthique, nous allons avoir à faire à un Sénat très conservateur et le gouvernement s’est laissé embarquer là-dedans. Au final, nous ne savons pas leur position, puisque le même jour, Madame Schiappa, qui n’était pas présente dans l’hémicycle et qui nous donne en permanence des leçons de féminisme, annonce qu’il y aura un texte sur le sujet à la rentrée. Mais s’il y a un texte à la rentrée autant le voter tout de suite », s’indigne-t-elle.
"Penser qu’avoir recours à un IVG se fait par confort, c’est méconnaître de ce qui se passe dans ces circonstances-là" explique Marie-Pierre de La Gontrie
Interrogée sur les circonstances du vote de l’amendement de Laurence Rossignol, Marie-Pierre de La Gontrie dénonce les agissements de la droite sénatoriale. « Le projet de loi santé a été un projet de loi qui a abordé de nombreux sujets, qui a abordé l’accès aux soins et donc de l’accès à l’IVG. L’amendement a été voté de manière tout à fait normale. D’ailleurs à ce moment-là la droite n’a pas demandé de scrutin public, qui aurait permis de pallier l’absence de sénateurs dans l’hémicycle ! »
« En tout cas, c’est quelque chose de très moche pour les femmes. […] Toutes celles qui ont été confrontées à ce qui reste un drame personnel se rendent compte que le Sénat a vraiment réagi de manière extrêmement conservatrice ».
Retrouvez l’intégralité de l’émission du 14 juin 2019, à 18 heures sur les chaînes parlementaires.