L’omniprésence de Mélenchon sur les “gilets jaunes”, une stratégie qui ne paie pas

L’omniprésence de Mélenchon sur les “gilets jaunes”, une stratégie qui ne paie pas

Soutien précoce au mouvement, défense des manifestants face aux accusations de violence, passe d'armes perpétuelle avec LREM,...
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Par Baptiste BECQUART

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Soutien précoce au mouvement, défense des manifestants face aux accusations de violence, passe d'armes perpétuelle avec LREM, rien n'y fait: le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon ne semble pas, pour l'instant, profiter politiquement d'un effet "gilets jaunes".

Les sondages, déjà peu encourageants avant les fêtes avec des intentions de vote à peine plus élevées que 10% pour les européennes de mai, continuent à être peu flatteurs en ce début d'année. Jeudi, la cote d'avenir prêtée au patron des députés LFI par Kantar-Sofres pour Le Figaro Magazine a accusé une spectaculaire chute de 6 points, à 23%; sa popularité a aussi enregistré -3 points, à 20%, selon Elabe/Les Echos.

Peut-être plus préoccupant encore pour LFI: elle n'est plus la formation qui "incarne le mieux l'opposition" au chef de l'Etat, selon une enquête publiée mardi par l'Ifop. Seuls 30% des sondés le pensent désormais (-12 points en quatre mois), contre 35% pour le RN de Marine Le Pen. De quoi donner du grain à moudre à Benoît Hamon (Générations), qui a déclaré lundi: "Aujourd'hui Mélenchon parle et c'est Le Pen qui va récolter les voix".

La stratégie d'omniprésence sur les réseaux sociaux, incarnée encore jeudi soir dans un interview en direct à Brut, média en ligne prisé des contestataires, est pour l'heure un échec. La relative indifférence d'Eric Drouet à l'hommage appuyé que lui a adressé le leader des Insoumis est emblématique: "Ce n'est pas un texte de Mélenchon qui va changer notre cause", a lâché cette figure médiatique des "gilets jaunes".

Philippe Raynaud, professeur de sciences politiques à l'université Panthéon-Assas, note auprès de l'AFP que M. Mélenchon pourrait perdre sur les deux tableaux: "Son gain politique est faible auprès des +gilets jaunes+, et il va payer un prix à gauche". Il cède en effet cinq points, dans l'enquête Kantar-Sofres, auprès des sympathisants de gauche.

- "Pieds dans le ciment" -

"LFI ne s'y prend pas si mal, mais il faut aussi apprendre à se taire, comme Marine Le Pen", souligne une figure insoumise, qui observe: "Mélenchon surjoue beaucoup, c'est sa nature, il veut être Robespierre avant, pendant et après. Mais il ne peut pas l'être pour ce mouvement".

La présidente du RN se contente en effet de rares saillies, comme mercredi lorsqu'elle a malicieusement jugé que les "gilets jaunes" avaient "souligné certaines convergences" entre son parti et LFI. "Je prends des risques, car j'écris 30.000 signes par semaine, mais il faut pouvoir parler", s'est défendu jeudi Jean-Luc Mélenchon sur Brut.

Ancien ministre et sénateur, 67 ans, il incarne malgré lui la "caste" que les "gilets jaunes" rejettent, estime de son côté la sénatrice PS et ex-ministre des Familles Laurence Rossignol.

Certains Insoumis relativisent les sondages, à l'image de Manuel Bompard, le directeur opérationnel de la formation: "Rien n'a de valeur en cette période. Mais j'observe avec plaisir que nos thèmes, ceux de justice fiscale et de rénovation démocratique, sont repris". Il lit différemment l'attitude de Jean-Luc Mélenchon: il s'agit pour LFI d'être "des protecteurs" pour ce mouvement qui "n'est pas en recherche de représentation".

La colère de M. Mélenchon en octobre contre les perquisitions, notamment à son domicile et au siège de LFI à Paris, a peut-être joué un rôle. "Il a perdu sa dimension de chef d'Etat auprès de beaucoup de gens alors qu'il aurait pu jouer la carte du recours. Il n'attendait que ça, cette vague, mais elle est arrivée au moment où il a les pieds dans le ciment", analysait pour l'AFP l'ancien porte-parole François Cocq - avant son exclusion de LFI samedi, d'un simple tweet, un épisode qui a jeté le troublé dans les rangs insoumis.

La sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, qui l'automne dernier a quitté le PS avec Emmanuel Maurel pour s'allier à LFI, veut croire au temps long: "Du calme! En politique, certaines choses que l'on fait ne sont pas super sur le moment, mais comptent plus tard."

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