Après une guerre fratricide en 2012 pour la présidence de l'UMP, la droite française a renoué, à l'occasion de la crise provoquée par l'affaire...
La droite renoue avec ses vieux démons de la division
Après une guerre fratricide en 2012 pour la présidence de l'UMP, la droite française a renoué, à l'occasion de la crise provoquée par l'affaire...
Par Déborah CLAUDE
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Après une guerre fratricide en 2012 pour la présidence de l'UMP, la droite française a renoué, à l'occasion de la crise provoquée par l'affaire Fillon, avec ses vieux démons de la division, même si pour l'heure, l'éclatement semble évité.
Dernier épisode du feuilleton en date : Nicolas Sarkozy et ses proches ont suggéré à François Fillon qu'il "se choisisse un successeur". Une offensive stoppée lundi soir, LR ayant "unanimement" renouvelé son soutien au candidat, après le retrait définitif d'Alain Juppé dans la matinée.
Mais comment en est on arrivé là ? Et ce trois mois après une primaire -fait inédit à droite - incontestablement réussie ?
L'ancien chef de l'Etat, battu à la loyale à cette primaire, l'avait pourtant martelé: de retour à la tête de feue l'UMP, il avait "rassemblé la famille", tellement déchirée par la guerre Copé-Fillon et exsangue financièrement.
Mais bien qu'ayant récupéré les clés du parti d'opposition, qu'il a fait rebaptiser "Les Républicains", Nicolas Sarkozy a ensuite échoué à remporter la primaire de la droite de novembre 2016.
François et Penelope Fillon à Paris, le 29 janvier 2017
AFP/Archives
Las. Un article du Canard Enchaîné, le 24 janvier, suivi d'une enquête judiciaire sur des soupçons d'emplois fictifs visant François Fillon a enrayé cette belle mécanique de la primaire.
Coutumière d'affrontements extrêmement violents à l'intérieur de son camp, à l'instar de la guerre Chirac/Balladur dont des traces restent palpables plus de 20 ans après, la droite est au bord du précipice à moins de cinquante jours du premier tour.
"Oui, il y a un vrai risque de voir Les Républicains imploser", explique ainsi l'historien Gilles Richard dans une interview au Monde.
"Depuis 2012 et la défaite électorale de Nicolas Sarkozy, le parti est très divisé (...) Cette division est la conséquence directe de l'échec de la stratégie sarkozyste ou, dit autrement, de l'essor considérable du FN depuis que Marine Le Pen en a pris la direction, en même temps que se reconstruisait une formation de centre droit libérale et européiste, l’UDI, à la suite de l’échec de François Bayrou", illustre-t-il.
- 'Droitisation extrême' -
"Avec Fillon, la droite explose", expliquait ce week-end un juppéiste. Amer, le maire LR de Bordeaux lundi matin déplorait: "Comme l'a montré la manifestation d'hier au Trocadéro, le noyau des militants et sympathisants LR s'est radicalisé."
Alain Juppé et Virginie Calmels lors d'une session extraordinaire du conseil municipal le 6 mars 2017 à Bordeaux
AFP
Il notait d'ailleurs que le "rassemblement" est "devenu plus difficile encore, une partie du centre, que certains d'entre nous ont rudement stigmatisé, nous a quittés". Comprendre parti chez Emmanuel Macron, comme l'a fait le centriste François Bayrou, ex-allié de Juppé.
"La tournure de la campagne, la droitisation extrême de la campagne, elle est inquiétante. En réalité, François Fillon est en train d'organiser la déchirure entre la droite et le centre", regrettait lundi le patron des centristes UDI, Jean-Christophe Lagarde.
"La droite que j'ai vue hier à Paris, ce n'est pas ma droite, pas la droite dans laquelle je me suis engagé il y a 25-30 ans", regrettait Jean-Louis David, adjoint LR à la Vie urbaine et Proximité à Bordeaux.
Dimanche au Trocadéro, des supporters de François Fillon n'hésitaient pas à dire que si Alain Juppé remplaçait leur champion, ils voteraient Marine Le Pen.
François Fillon entre sa fille Marie et sa femme Penelope Fillon lors du rassemblement au Trocadéro le 5 mars 2017 à Paris
AFP
Comme lors de la guerre Fillon/Copé de l'automne 2012, le maire de Bordeaux a été appelé à la rescousse pour sauver le navire de la droite mais sans succès. Tous les ténors de la droite s'agitent depuis un mois expliquant sous le manteau que François Fillon était "mort politiquement".
Il est de plus en plus isolé mais toujours là. Les cadres et les élus partent? "Les élus? On fera sans eux!" a lancé, bravache, le candidat, qui "s'appuie sur les Français".
"Nous vivons un basculement démocratique en France comme au niveau mondial qui se manifeste par la progression de la culture populiste et par l'effondrement de la culture des partis", soulignait récemment l'historien Pierre Rosanvallon.
Emmanuel Macron a demandé vendredi en arrivant au salon aéronautique du Bourget que le gouvernement organise un débat au Parlement sur la guerre Iran-Israël, et promis de réunir les chefs des partis politiques pour « échanger » sur ce conflit mais aussi sur Gaza et l'Ukraine.
Le Conseil constitutionnel a censuré jeudi plusieurs articles clés de la proposition de loi de Gabriel Attal pour durcir la justice des mineurs, adoptée mi-mai par le Parlement, dont celui visant à ne plus appliquer l’atténuation des peines pour les mineurs.
Au regard des divisions au plan national, c’est un tour de force. A Agen, toutes les composantes de la gauche ont pourtant réussi à faire l’union en vue des municipales, du PS aux Ecologistes, en passant par le PCF, Place Publique et même LFI. Les enjeux locaux ont facilité le rassemblement. L’accord du NFP a aussi laissé des traces…
Saisi par des députés et des sénateurs de gauche, le Conseil constitutionnel va rendre sa décision sur la proposition de loi de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, qui vise à durcir la justice des mineurs. Le texte qui durcit considérablement le droit existant, avait conduit à une levée de boucliers de la gauche dans les deux hémicycles.