Jean-Christophe Lagarde, seul candidat à sa succession, sera réélu président de l'UDI samedi à Paris, lors du congrès de la formation centriste qui veut mettre au défi la majorité d'accepter un "partenaire libre", avant une éventuelle alliance aux Européennes.
Le député de Seine-Saint-Denis devrait donc rempiler pour un mandat de trois ans. Un temps candidat, Louis Giscard d'Estaing a finalement renoncé à concourir, déplorant un parti "rétréci". "J'aurais préféré qu'il soit candidat, ça permettait un débat" mais "le débat a lieu sans lui", a assuré M. Lagarde jeudi.
L'UDI, parti fondé en 2012 sous la présidence de Jean-Louis Borloo, a en effet connu plusieurs défections depuis le début du quinquennat. Les Radicaux Valoisiens ont opéré leur réunification avec le Parti radical de gauche. Quant aux Centristes d'Hervé Morin, ils ont annoncé en décembre "s'affranchir de l'UDI" en dénonçant un parti à "l'expression quasi inexistante" et à la "gouvernance trop solitaire".
"Ceux qui sont partis, pardon, représentent quelques dizaines de personnes". "La plupart des Radicaux sont restés". Quant aux Centristes, "c'est exclusivement normand donc sans grand intérêt", rétorque M. Lagarde, faisant allusion à Hervé Morin, président de la région Normandie.
Pour M. Lagarde, qui préside l'UDI depuis 2014, le parti est désormais "unifié, pacifié et libéré". "On n'est plus entravé, coincé par des guerres intestines qui paralysaient la machine, et c'est quand même une nouveauté chez les centristes", assure-t-il à l'AFP.
Contrairement au MoDem de François Bayrou, allié de La République en marche au sein de la majorité, "nous ne devons nos sièges qu'à nous-mêmes. Cela nous donne une grande liberté pour dire quand le gouvernement engrange des succès, et aussi quand il commet des erreurs", argumente M. Lagarde qui cite, au rang des erreurs, la hausse de la CSG, la baisse des APL et l'abaissement uniforme de la vitesse à 80 km/H sur les routes nationales.
- "Un roi sans royaume" -
Fort de cette "indépendance", de sa cinquantaine de parlementaires et de quelque "300 à 400 maires de villes moyennes", l'UDI se voit en "partenaire libre" de la majorité.
"Après son élection, Emmanuel Macron et sa majorité n'écoutaient qu'eux-mêmes, comme le PS, l'UMP, toutes les majorités en leur temps". Mais "ils sont en train d'évoluer". "On verra si pour une fois une majorité est capable d'accepter un partenaire libre", lance M. Lagarde.
Parmi les principaux chantiers qui attendent les centristes: l'Europe, qui fera l'objet d'un Conseil national au mois de juin. "On partage le même idéal européen qu'Emmanuel Macron, il n'y a pas une feuille de papier à cigarette entre nous", explique le porte-parole et député Maurice Leroy.
Faut-il dès lors faire liste commune avec LREM et le MoDem pour les élections européennes de 2019, premier scrutin intermédiaire du quinquennat ? M. Lagarde ne "croi[t] pas qu'il y ait la place pour deux listes fédéralistes. Mais nous voulons la porter. Si c'est le cas de LREM, parlons-en, mais avant et surtout, parlons du programme".
D'ici là, le parti a décrété la fin de l'alliance systématique avec Les Républicains. Sous l'impulsion de Laurent Wauquiez, "la droite dérive vers son extrême et renie le virage européen que nous lui avions fait prendre". Et avec l'appel de Marine Le Pen à voter pour LR à Mayotte, "le rapprochement idéologique se poursuit", juge M. Lagarde qui ambitionne de "rassembler le centre et la droite de progrès".
Pour les législatives partielles récentes ou en cours, le parti a apporté son soutien à deux candidats de La République en marche en Haute-Garonne et en Guyane, tout en soutenant le candidat LR Jean-Pierre Door dans le Loiret.
"Les jambes ne suivent plus la tête à l'UDI", un parti "totalement atomisé" avec à sa tête "un roi sans royaume", rétorque-t-on chez LR, où l'on rappelle les listes d'union de la droite et du centre élaborées lors des élections régionales, comme en Auvergne-Rhône-Alpes, dirigée par Laurent Wauquiez.