Le gouvernement détaille ses pistes pour faire « grandir » les entreprises
Simplifier les règles de transmission, favoriser l'accès au financement et développer l'intéressement des salariés: le gouvernement a dévoilé...

Le gouvernement détaille ses pistes pour faire « grandir » les entreprises

Simplifier les règles de transmission, favoriser l'accès au financement et développer l'intéressement des salariés: le gouvernement a dévoilé...
Public Sénat

Par Valentin BONTEMPS

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Simplifier les règles de transmission, favoriser l'accès au financement et développer l'intéressement des salariés: le gouvernement a dévoilé lundi les grandes lignes de son "plan d'action pour les entreprises", destiné à "faire grandir" les PME françaises face à la concurrence internationale.

"Nos entreprises sont trop petites: elles n'ont pas la taille critique pour s'internationaliser et exporter davantage", a souligné le ministre de l'Economie, Bruno le Maire, en lançant une série de consultations préalables à un projet de loi qui sera débattu au printemps.

"Il faut que nous ayons des entreprises qui aient les reins suffisamment solides pour innover et exporter", a insisté M. le Maire, accompagné de trois secrétaires d'Etat, Benjamin Griveaux (Economie), Jean-Baptiste Lemoyne (Affaires étrangères) et Mounir Mahjoubi (Numérique), devant un parterre de patrons et de parlementaires.

La France, selon l'Insee, ne compte que 4.600 entreprises de taille intermédiaires (ETI) -- réalisant entre 50 millions et 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires et employant de 250 à 5.000 salariés -- pour un total de 3,6 millions d'entreprises.

C'est "trois fois moins qu'en Allemagne" et "deux fois moins qu'en Italie", souligne-t-on à Bercy. Une faiblesse qui explique en partie le manque de compétitivité de l'économie française, pénalisée par une balance commerciale structurellement déficitaire.

"Nous créons beaucoup d'entreprises, mais beaucoup d'entre elles ne franchissent pas la première année d'existence. Et celles qui réussissent à passer ce cap peinent à grandir", insiste le ministère. Il attribue cette difficulté à un manque de financements en fonds propres, mais aussi à l'existence de "freins culturels".

- six chantiers -

 

Pour inverser la tendance, Bercy a décidé de faire plancher des binômes "parlementaire/chef d'entreprise" sur six chantiers: croissance et transmission des entreprises, partage de la valeur et engagement sociétal, financement, numérisation et innovation, simplification, et conquête de l'international.

Les ministres Bruno Le Maire, Benjamin Griveaux, Mounir Mahjoubi et Jean-Baptiste Lemoyne en compagnie de la députée LREM Olivia Grégoire, visitent l'espace de
Les ministres Bruno Le Maire, Benjamin Griveaux, Mounir Mahjoubi et Jean-Baptiste Lemoyne en compagnie de la députée LREM Olivia Grégoire, visitent le "Bercy Lab" installé au ministère de l'Economie, le 23 octobre 2017
AFP

Parmi les chefs d'entreprise chargés d'animer ces "groupes de travail" figurent Eric Kayser, fondateur du réseau de boulangerie Maison Kayser, Sylvain Orebi, qui dirige le distributeur de thé Kusmi Tea, ou Alice Zagury, fondatrice de la société d'investissement the Family.

Ces derniers pourront travailler, durant sept semaines, dans un espace de "coworking" installé au quatrième étage de l'hôtel des ministres, à Bercy, et destiné à accueillir des "acteurs de la société civile", dont les partenaires sociaux et les organisations professionnelles.

Le dispositif, baptisé "Bercy lab", vise à "casser les cloisons de Bercy", "rendues célèbres par le réalisateur Cédric Klapisch" dans son film "L'Auberge espagnole", a expliqué le secrétaire d'Etat Benjamin Griveaux. C'est une façon d'"ouvrir les portes et les fenêtres" du ministère à la société civile.

- "pas un happening" -

Méthode "participative" ou bien simple gadget? "Ce n'est pas un happening", a assuré Bruno Le Maire, ajoutant que les débats seraient "organisés" de façon à s'appuyer au maximum sur les propositions formulées sur le terrain.

Les six groupes de travail, selon Bercy, rendront leurs conclusions le 10 décembre. Une consultation publique sera alors organisée, en vue d'une rédaction du projet de loi durant le mois de février, puis d'une discussion au Parlement courant avril.

"L'objectif, c'est aussi que les salariés soient davantage associés à la marche des entreprises", a souligné M. le Maire, réitérant sa volonté d'intégrer dans le projet de loi des dispositions sur la "participation" et "l'intéressement", afin de les rendre "avantageux pour tous, y compris les bas salaires".

L'idée, c'est de "réconcilier les Français et l'entreprise", a ajouté Benjamin Griveaux. Or "le meilleur moyen de les réconcilier, c'est de faire en sorte que les fruits du travail qui se réalise à l'intérieur de l'entreprise soient mieux partagés", a-t-il ajouté.

Une démarche accueillie avec prudence par le Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), favorable à la méthode de consultation voulue par le gouvernement, mais vigilante sur les dispositifs et les réformes qui pourraient en découler.

Il ne faut pas "que ce plan, riche de bonnes intentions, ne débouche au final sur de nouvelles obligations pour les entreprises", a prévenu dans un communiqué l'organisation patronale, réservée notamment sur l'extension du mécanisme de participation aux petites entreprises.

Partager cet article

Dans la même thématique

Le gouvernement détaille ses pistes pour faire « grandir » les entreprises
3min

Politique

Industrie : « Il y a une logique presque stratégique de la part de la Chine de vouloir attaquer des pans entiers de notre économie », prévient Sébastien Martin 

Invité de la matinale de Public Sénat, le ministre de l’Industrie, Sébastien Martin alerte sur la menace que fait peser la Chine sur l’industrie française. Le ministre plaide notamment pour un renforcement de la protection des entreprises européennes afin de développer les filières industrielles.

Le

SIPA_01221444_000001
4min

Politique

Otages français en Iran : Cécile Kohler et Jacques Paris sont sortis de prison, mais « ils ne sont pas libres », précise l'avocate des familles

Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis mai 2022 en Iran suite à des accusations d’espionnage, « sont sortis de la prison d'Evin et sont en route pour l'ambassade de France à Téhéran », a annoncé Emmanuel Macron sur X. Les avocats des familles précisent qu'ils ne sont pas libres et toujours empêchés de regagner la France

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
10min

Politique

« Vexations », échanges « pas fluides », négos avec le PS : pourquoi la relation entre le Sénat et le gouvernement Lecornu s’est détériorée

Depuis « un mauvais départ », le courant passe mal entre la majorité LR-centriste du Sénat et le gouvernement. Discussions avec le PS au détriment des LR, députés invités à Matignon sans les sénateurs, qui aimeraient « être dans la boucle »… Les causes de fâcheries se multiplient. Pour tenter de retisser des liens dégradés, Sébastien Lecornu invite les présidents de groupe du Sénat à Matignon ce mercredi, avant de se rendre en conférence des présidents.

Le