Macron lance une offensive médiatique face aux mouvements sociaux
Resté discret jusqu'ici face aux contestations sociales, Emmanuel Macron rompt avec ses habitudes médiatiques et lance une...

Macron lance une offensive médiatique face aux mouvements sociaux

Resté discret jusqu'ici face aux contestations sociales, Emmanuel Macron rompt avec ses habitudes médiatiques et lance une...
Public Sénat

Par Frédéric POUCHOT

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Resté discret jusqu'ici face aux contestations sociales, Emmanuel Macron rompt avec ses habitudes médiatiques et lance une offensive avec deux interviews attendues cette semaine à la télévision.

Le président de la République, confronté à des mouvements sociaux notamment à la SNCF et dans les universités, sera d'abord l'invité du journal de 13H00 de Jean-Pierre Pernaut sur TF1, jeudi, pour une interview d'une heure diffusée en direct depuis l'école d'un petit village normand, Berd'huis (Orne).

Après ce journal au coeur de la France des campagnes, qui s'adressera à un public plutôt provincial et âgé, le président enfoncera le clou dimanche soir avec une interview simultanée de deux heures, à 20H35, avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, sur BFMTV, RMC et le site Mediapart.

Elle se tiendra à Paris, dans un "lieu culturel" non encore annoncé, Mediapart ayant refusé qu'elle soit tournée à l'Elysée.

Avec deux interviews, à quatre médias, en l'espace de quelques jours, le président, peu friand de l'exercice, change ainsi de braquet par rapport à la stratégie mise en place à ses débuts.

Il n'avait donné jusqu'ici que deux entretiens à des chaînes françaises (TF1 en octobre puis France 2 en décembre), après avoir renoncé à la traditionnelle interview télévisée du 14 juillet.

C'est le signe, selon des spécialistes de la communication politique, qu'il ressent le besoin d'expliquer en personne ses réformes face aux contestations qui montent.

- "surmédiatisation" -

"Le président de la République a eu raison d'imprimer son propre style (...), avec une communication symbolique fondée plûtot sur l'image et sur une forme de rareté de sa parole", explique à l'AFP Gaspard Gantzer, cofondateur de l'agence de conseil 2017, ancien responsable de la communication de François Hollande et proche du chef de l'Etat.

"Mais il s'est vite rendu compte que cette stratégie conduisait à une impasse, parce que pour être compris il faut être écouté, et, dans un contexte où (...) l'information se diffuse et s'oublie de plus en plus vite, il est important de parler régulièrement", ajoute-t-il.

Mais "bien que tout le monde le pousse à parler, je ne suis pas sûr que ce qu'il dise soit audible", prévient Dominique Wolton, spécialiste en communication politique au CNRS. Selon lui, le fait que le président multiplie les annonces de réformes depuis son élection, crée "un effet de saturation".

"Ça ne fait pas un an qu'il est à l'Elysée et en fait, il n'arrête pas de parler, et de communiquer, et je ne vois pas comment sa parole va pouvoir se distinguer [en passant à la télévision]. Les gens sont saturés d'informations et la multiplication des interventions conduit à une surmédiatisation", estime-t-il.

Le sociologue déplore en outre une dramatisation à l'extrême du conflit avec les cheminots par l'exécutif, qui multiplie, dit-il, les déclarations martiales plutôt que de chercher à négocier. "On a l'impression qu'on est en pleine guerre civile", estime-t-il, jugeant en outre que le gouvernement "ne tient pas compte de l'attachement du public à ce symbole qu'est la SNCF".

L'opposition dénonce quant à elle un écran de fumée. "Sur la forme, la ficelle est un peu grosse, c'est une opération de communication", et "sur le fond, depuis le début il a fait une erreur en n'expliquant pas où il voulait aller", a critiqué sur LCP le député du Nord Sébastien Chenu, membre du bureau exécutif du FN.

"Ca va être un exercice de communication, voire même un exercice de rattrapage pour essayer d'endormir les Français qui sont totalement déçus et dans une forme de détresse et d'énervement", a jugé de son côté l'une des porte-parole de LR, Lydia Guirous.

Mediapart lui-même a justifié auprès de ses lecteurs le fait qu'il ait accepté "de se plier à cet exercice convenu de l'interview présidentielle, symbole par excellence de la dérive monarchique du pouvoir", faisant valoir "qu'une association avec Jean-Jacques Bourdin, questionneur offensif et lui aussi déterminé à briser les codes du sacro-saint entretien présidentiel, pouvait autoriser cette tentative de rompre avec six décennies de ronronnement et de pompe présidentielle".

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