La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Macron veut lever le “tabou” des violences aux enfants et lutter contre la pédopornographie
Par Jessica LOPEZ, Laurence BENHAMOU
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Durcissement des peines pour pédopornographie, lutte contre l'exposition à la pornographie, "libération" de la parole des victimes: Emmanuel Macron a appelé mercredi à combattre toute forme de violences faites aux enfants, un sujet qui doit "mobiliser toute la société".
"Lever un tabou est un combat culturel. Protéger nos enfants, c'est leur apprendre à dire, leur apprendre à faire respecter leur corps", a déclaré le chef de l'Etat, dans un discours à l'Unesco à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, marquée par le 30e anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant (Cide)
"Il faut accepter de dire que c'est pas parce que c'est dans la famille, que tous les droits sont permis et que tous les silences sont autorisés", a-t-il poursuivi devant 400 enfants et 600 acteurs du monde associatif, estimant que "les pouvoirs publics ont une forme de droit d'ingérence" quand il s'agit des enfants.
Aujourd'hui, en France, on estime qu'un enfant meurt tous les cinq jours de la violence de ses parents, qu'un jeune est victime d'une agression sexuelle toutes les trois minutes et qu'entre 8.000 à 10.000 mineurs se prostituent, des chiffres probablement en deçà de la réalité du fait du silence entourant ce sujet.
Pour protéger les enfants des "personnes potentiellement dangereuses", M. Macron a annoncé que les peines pour la consultation d'images pédopornographiques seraient portées à cinq ans. Ainsi, les personnes condamnées pour ce délit -- 400 par an environ -- seront inscrites automatiquement au fichier Fijais (des auteurs d'infractions sexuelles) et interdites de travailler auprès d'enfants.
"Les personnes qui dirigent des crèches, des écoles, des clubs de sport, des associations agréées, non seulement pourront mais devront consulter ce fichier quand elles embauchent quelqu'un", a-t-il précisé.
Pour lutter contre l'exposition à la pornographie, il a donné six mois aux "acteurs de l'internet" pour "mettre en place un contrôle parental par défaut", plutôt qu'une option volontaire comme c'est le cas actuellement, et réclamé que les sites pornographiques renforcent les contrôles d'âge des internautes.
- Nouveau point fin janvier -
On estime qu'un enfant est exposé à la pornographie à 13 ans pour la première fois. Or, "on n'emmène pas un enfant quand on le promène dans la rue dans un sex-shop à 13 ans", a justifié le chef de l'Etat.
Pour que ce combat devienne européen, voire international, il a demandé au secrétaire d'État à l'Enfance Adrien Taquet "de lancer des travaux avec ses homologues pour aboutir en 2020 à une nouvelle déclaration de politique internationale sur la protection des enfants dans le monde numérique".
Ces mesures font partie d'un plan triennal pour "en finir" avec les violences faites aux enfants (2020-2022), qui prend la suite d'un premier plan sur ce sujet lancé en 2017 par la précédente mandature.
Il comporte six objectifs et 22 actions pour "libérer la parole" des enfants, "les protéger" et "porter attention aux victimes", a présenté à l'AFP M. Taquet, qui se rendra en fin de journée dans un centre social avec Brigitte Macron.
Il prévoit notamment, la mise en place d'équipes pédiatriques référentes dans chaque région pour former, conseiller et soutenir les médecins confrontés à des cas de maltraitance.
Le 119, numéro gratuit "Allo enfance en danger", verra en 2020 ses moyens augmentés de 8% pour recruter cinq nouveaux écoutants et ainsi pouvoir répondre immédiatement aux nombreux appels reçus, et une "unité d'accueil pédiatrique" sera créée par département d'ici à la fin du quinquennat.
Ces structures situées dans les hôpitaux (58 actuellement) permettent une prise en charge aussi bien médicale que judiciaire des mineurs victimes et favorisent les auditions filmées, évitant à l'enfant de répéter les faits subis.
Le plan prévoit en outre d'expérimenter un numéro d'aide pour les personnes attirées sexuellement par les enfants et de faciliter le travail d'associations pendant le temps périscolaire.
Emmanuel Macron a invité les associations en charge "de ce combat" le 26 janvier à l'Élysée, pour faire "un point sur l'avancée" des chantiers.