Maires : Emmanuel Macron « câline » les élus à l’Elysée avant le discours au Congrès de l’AMF
Le chef de l’Etat recevait un millier de maires à l’Elysée mercredi soir en marge du Congrès de l’Association des maires de France (AMF) qui se clôture jeudi. A la sortie, les élus ont pris acte de sa reconnaissance pour leur engagement durant la crise sanitaire mais attendent des actes.
Par Public Sénat images Marion Delpech
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En recevant un millier de maires dans la salle des fêtes de l’Elysée, le chef de l’Etat a renoué avec une habitude instaurée en 2017, et interrompue par la crise du covid-19. Il clôturera jeudi, le Congrès des maires de France par un discours « plus détaillé ».
« Merci pour tout le travail fait et je ne vous lâcherai pas », a remercié Emmanuel Macron pour l’action des élus durant la pandémie. Il leur a aussi promis son « soutien indéfectible » contre les violences et les incivilités qu’ils peuvent subir.
« Une opération de câlinothérapie »
Jacky Lavigogne, maire LR (non encarté) de Soindres (Yvelines) qui indique avoir déjà subi une agression cette année n’a, pour autant, pas vraiment été conquis par les mots du chef de l’Etat. « C’est un langage de Président. Il sait flatter les egos et puis reconnaître les difficultés des maires […] C’est politique. On n’est pas loin de la présidentielle je ne suis pas dupe. C’est un président en campagne ».
« Une opération de câlinothérapie », commente Michaël Weber, maire PS de Woelfling-lès-Sarreguemines (Moselle). « Il nous a dit que certes, ça avait mal commencé, qu’il y avait eu des désaccords entre nous mais que la mobilisation des maires pendant la crise sanitaire a prouvé que les maires étaient utiles sur le territoire […] Mais il n’a pas fait d’annonces particulières ce soir ».
En 2018, Emmanuel Macron avait, en effet, séché le congrès de l’Association des maires de France. L’année précédente, il avait même été sifflé les par les élus qui dénonçaient la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des foyers, la baisse des dotations de 13 milliards sur cinq ans et la diminution des contrats aidés.
« C’est un président qui est resté très humble, ce n’est pas un Président candidat que nous avons eu ce soir. Ça a été très court, il n’a pas voulu faire une grande allocution puisqu’il se réserve pour sa grande intervention porte de Versailles (clôture du Congrès de l’AMF) estime quant à lui, Serge Hoareau, président de l’association des maires de l’île de la Réunion et maire, sans étiquette, de Petite-île.
« Il nous a ouvert des perspectives en nous parlant de France 2030, en nous disant qu’il fallait être audacieux et faire en sorte qu’on puisse porter un vrai projet pour la France, au-delà de la crise. On est dans le jour d’après, dirons-nous », ajoute-t-il.
« La relation maire-préfet ne fonctionne pas »
Laurent Peyrondet maire (MODEM) de Lacanau complète : « Il a surtout remercié tous ceux qui s’étaient engagés pendant cette crise et en particulier les collectivités locales. C’était nécessaire […] Il a insisté sur la relation maire-préfet. A l’épreuve de la crise, elle a pu être marquée par une belle réussite. Mais sur des sujets principaux, comme le développement du territoire, la relation maire-préfet ne fonctionne pas. C’est le préfet qui décide et nous, on exécute. La démocratie, c’est nous ».
« J’espère très sincèrement qu’il a pris conscience que nous étions un maillon indispensable de proximité »
A quelques heures du discours du chef de l’Etat au Congrès de l’AMF, les élus attendent des annonces. « On a besoin de souplesse sur la dotation globale de fonctionnement et qu’on cesse de couper les vivres des communes. On a besoin d’avoir une forme d’autonomie (fiscale) et ça, on ne l’a pas aujourd’hui », demande Michaël Weber.
Patricia Brémond, maire (sans étiquette) de Marvejols en Lozère « espère très sincèrement qu’il a pris conscience que nous étions un maillon indispensable de proximité pour faire avancer les choses, le relais entre la population et l’Etat. Il nous a assuré qu’il ne nous laisserait pas tomber et qu’il travaillerait avec nous dans les prochaines années » rapporte-t-elle, avant de préciser : « Je ne crois que ce que je vois ».
Début de réponse jeudi après-midi avec le discours très attendu d’Emmanuel Macron devant l’association des maires de France.
« Le premier ministre nous laisse nous exprimer sur les sujets. En revanche, une fois qu’ils sont tranchés, nous nous rangeons derrière l’avis du gouvernement », explique la porte-parole du gouvernement, après le recadrage de François Bayrou sur la question de l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives.
Devant le Sénat, le ministre de l’Intérieur a dénoncé l’antisémitisme « d'une extrême gauche très sectaire », après la publication par LFI d’une affiche polémique, figurant l’animateur Cyril Hanouna avec des codes visuels similaires à ceux des années 1930. « Qui, dans ce parti, s’est excusé ? », a-t-il lancé.
Le gouvernement précise sa position sur le texte du Sénat visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives. L’exécutif inscrira bien la proposition de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Un recadrage, alors que les ministres des Sports et de l’Education nationale affirmaient que ce n’était pas une priorité.
Interrogé par le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, le Premier ministre assure n’avoir fait part que de son « analyse », en jugeant dimanche qu’il n’était pas possible de revenir à un âge de départ de 62 ans. « Je suis sûr qu’elle est partagée sur beaucoup de bancs », estime-t-il.