Manifestation des fonctionnaires : « Une autre image du syndicalisme »
Plus de 130 manifestations ont été organisées dans toute la France ce mardi, pour protester contre la future réforme du gouvernement sur la fonction publique. La présence des neuf syndicats a marqué le cortège.

Manifestation des fonctionnaires : « Une autre image du syndicalisme »

Plus de 130 manifestations ont été organisées dans toute la France ce mardi, pour protester contre la future réforme du gouvernement sur la fonction publique. La présence des neuf syndicats a marqué le cortège.
Public Sénat

Par Maud Larivière

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C’est la troisième fois que les fonctionnaires sortent dans la rue pour montrer leur mécontentement concernant la politique d’Emmanuel Macron. Dès sa campagne, le Président avait déclaré vouloir alléger la fonction publique, et faire des économies. Depuis, des propositions concrètes pour réaliser ces objectifs ont été annoncées : suppression de 120 000 postes de fonctionnaires d’ici 2022, gel du point d’indice, ré-instauration du jour de carence.

Ce mardi, les trois principaux syndicats CGT, CFDT et FO et leurs secrétaires généraux, Philippe Martinez, Laurent Berger et Pascal Pavageau, ont défilé ensemble dans le cortège parisien. En tout, neuf organisations syndicales de la fonction publique étaient présentes.

Le défilé des neuf syndicats donne « une autre image du syndicalisme » estime Philippe Martinez

Philippe Martinez s’en réjouit : « Je pense que c’est une très bonne chose, ça donne quand même une autre image du syndicalisme, quand tous les syndicats défilent ensemble » déclare-t-il.

Le message de cette cohésion ? « La défense des services publics, c’est-à-dire la défense d’une conception de la société française, différente de celle du Président de la République, nous défendons l’égalité des citoyens sur l’ensemble du territoire » milite le syndicaliste, avant d’ajouter : « Le Président de la République défend une société libérale, celle des riches, où on obtient selon ses moyens, et ceux qui n’ont rien, n’ont rien ».

Des fonctionnaires considérés comme un « coût plutôt que comme une richesse », selon Laurent Berger

Non loin de lui, à moitié noyé par les manifestants et les drapeaux floqués aux logos syndicaux, Laurent Berger s’indigne : « Le problème, c’est que les fonctionnaires aujourd’hui (…) sont considérés davantage comme un coût que comme une richesse. On a une forme de stigmatisation de ces fonctionnaires, qui seraient soi-disant assez peu mobiles, arc-boutés sur leurs avantages, c’est faux ! ».

« Aujourd’hui, ces fonctionnaires, ce sont des gens qui éduquent, qui forment, qui soignent, qui protègent, sous de multiples formes, les citoyens, et on a absolument besoin de cette action publique, au moment où notre cohésion sociale est mise à mal » explique-t-il.

Comme Philipe Martinez, Laurent Berger voit cette cohésion d’un bon œil. « À chaque fois que les organisations syndicales sont capables de parler d’une même voix en portant une préoccupation commune, c’est une bonne chose pour les travailleurs. Et aujourd’hui, il nous semblait qu’à quelques semaines du rendez-vous salarial, c’était important de faire une démonstration de force » commente-t-il.

interview Berger1
01:31

 

Pierre Laurent : « Le gouvernement n’écoute personne »

Pierre Laurent, sénateur communiste d’Ile-de-France, était également présent. « Aujourd’hui, c’est la grande mobilisation des fonctionnaires, parce que la situation des services publics est une situation d’urgence. Il y a un manque d’effectifs sur le terrain, les services publics rendent un service aux usagers qui se dégrade, il y a des salaires bloqués, des conditions de travail qui se dégradent, et les usagers le payent cher, comme les fonctionnaires » déclare le secrétaire national du PCF.

Selon lui, l’exécutif est sourd au dialogue : « Le gouvernement n’écoute personne, il n’écoute pas les fonctionnaires, il n’écoute pas les salariés du privé, ils n’écoutent pas, visiblement, les habitants de banlieues. (…) Donc il faut bien s’unir ensemble pour dire que c’est le cap général du pays qui doit changer. C’est pour ça que nous avons besoin de cette convergence ».

Interview Pierre Laurent
01:41

 

Rachid Temal : « Nous sommes pour les corps intermédiaires, contrairement au gouvernement »

Rachid Temal, sénateur socialiste du Val-d’Oise, réaffirme l’importance de la présence du Parti socialiste à cette marche. « C’est important, pour le Parti socialiste de défendre ses valeurs, la question du service public. On sait bien que pour la gauche, c’est important, puisque c’est le patrimoine de ceux qui n’ont rien. L’école, la sécurité, l’hôpital… »

 « Nous sommes pour les corps intermédiaires, contrairement au pouvoir, qui montre bien qu’il ne veut aucun intermédiaire, c’est le monarque seul, qui doit tout décider » réplique-t-il.

Interview Rachid Temal
01:38

Olivier Faure : « Je ne crains rien, sinon les projets [du gouvernement] qui sont aujourd’hui menaçants

Présent à la manifestation, Olivier Faure a été hué par des manifestants.

« Le gouvernement d’Emmanuel Macron est en train de mettre à mal le service public, l’intérêt général. Ce sont des services qui aujourd’hui rendent au quotidien service à l’ensemble des Français » annonce-t-il.

Pour le premier secrétaire du PS, le gouvernement s’engage dans une mauvaise voie. « Le collectif qui est mis en place avec le collectif « cap 2022 », ce ne sont que des mauvaises nouvelles. Ce sont 120 000 fonctionnaires de moins, de manière aveugle, sans se poser la question de savoir quels sont les endroits où nous avons, au contraire, besoin d’accentuer l’effort, et ceux dans lesquels il pourrait y avoir des évolutions. C’est la volonté aussi de recruter hors statut des fonctionnaires, qui, jusqu’ici, étaient garantis par ce statut, ce qui permettait l’impartialité de leur recrutement ».  

Olivier Faure persiste et signe : « Nous reviendrons à chaque fois que les causes nous paraissent juste, y compris quand nous sommes accueillis fraîchement, parce qu’il y a des sujets, des causes, qui valent plus que notre propre personne. Donc moi je ne crains rien, sinon les projets qui sont aujourd’hui menaçants ».

Interview Faure
03:04

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