La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Mégafeux : prévenir l’embrasement
Par Mickael Spitzberg
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L’été 2022 est particulièrement sévère en matière d’incendies en France. Depuis le début de l’année ce sont quelque 45 000 hectares qui sont partis en fumée. Symbole de ces ravages : la Gironde. En juillet, le feu de Landiras, avec ses 13 600 hectares brûlés, a été le plus gros feu de forêt jamais enregistré depuis les années 1970.
C’est certes moins qu’en 1976, année du triste record de 80 000 hectares disparus tous feux confondus. Et également moins qu’en 2003, année de canicule où 70 000 hectares de forêt avaient été détruits.
Mais cette situation est un rappel douloureux.
Une stratégie française qui a fait ses preuves mais…
C’est dans ce contexte que la mission d’information sur « la prévention des mégafeux et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque d’incendie » a rendu ses conclusions mercredi 3 août.
Un rapport qui rend tout d’abord hommage à la stratégie française de lutte contre les incendies. Entre 1980 et 2020, la France est passée de 42 000 hectares de surfaces boisées brûlées chaque année à 8 000 hectares. Une réussite qui pourrait être mise à mal dans un futur proche, notamment en raison du réchauffement climatique.
En juin dernier, un rapport du Haut Conseil pour le Climat indiquait que la France « n’était pas prête à faire face aux évolutions climatiques à venir ».
Les prévisions, rappelées dans le rapport de la mission d’information, sont à ce titre alarmantes : « en région méditerranéenne française, les surfaces brûlées pourraient augmenter de 80 % d’ici 2050 » peut-on ainsi lire. Ou encore, « en 2050, près de 50% des landes et forêts métropolitaines pourraient être concernées par un risque incendie élevé, contre un tiers en 2010 ».
Lors de son audition, le 15 juin dernier, Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France avertissait : « aujourd’hui, la ‘saison des feux’ c’est toute l’année »
Gagner la « guerre contre le feu » : une démarche globale
Face à une menace croissante, il faut donc se préparer, prévenir et agir. La mission d’information sénatoriale développe ainsi sur 8 axes une liste de 70 propositions pour armer la France contre les incendies de forêts et de végétation. « Une réflexion transversale, articulant prévention et lutte », indique le rapport.
A contre-courant d’une vision comptable, les sénateurs proposent ainsi de mieux évaluer la « valeur sauvée » lors de l’intervention des pompiers sur les incendies. L’objectif, est de « mieux calibrer les moyens de prévention et de lutte contre l’incendie, qui devraient en tout état de cause être significativement accrus », notent-ils. A ce titre, un doublement des moyens alloués à la prévention est demandé en s’appuyant sur l’expertise de l’Office national des forêts (ONF) dont les 500 suppressions de postes prévus d’ici 2025 doivent être annulées.
Les obligations légales de débroussaillement (OLD) sont également dans le viseur des sénateurs. Trop peu appliquées, ces dernières doivent être stimulées par « des leviers allant de la sensibilisation à la sanction, en passant par l’incitation ».
Les forêts, un bien commun à soigner
Gérer, valoriser et aménager les forêts restent le premier des pare-feux contre les incendies, rappelle le rapport de la mission d’information. Dans les vœux qu’elle formule : une meilleure valorisation économique des produits de la forêt afin de réinvestir les massifs peu gérés ; un droit de préemption des communes sur des parcelles forestières « présentant un enjeu dans la défense des forêts contre l’incendie » ; une reconnaissance des activités agricoles comme rempart de protection de la forêt, « une ‘ligne Maginot ‘ qui doit pouvoir bénéficier des fonds européens ».
Vers une proposition de loi dès la rentrée ?
Dans une vision globale, la mission d’information se préoccupe aussi des moyens alloués à la lutte contre les incendies et souhaite la porter à la hauteur du risque en dotant la France de nouveaux moyens aériens. Les sénateurs sollicitent également un renforcement du soutien de l’Etat en faveur des SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) financés en grande partie par les collectivités, notamment pour permettre « l’acquisition de véhicules et leur renouvellement ».
Avec ce rapport, « l’objectif est d’aboutir à une proposition de loi qui pourrait être déposée dès la rentrée », précise la présidente de la commission des affaires économiques, Sophie Primas (LR).