Pas encore officiellement lancée, la candidature de Gabriel Attal pour prendre la tête de Renaissance ne fait plus beaucoup de doute en interne. Une bataille d’ex-premiers ministres, face à Elisabeth Borne, déjà candidate, va s’engager, au risque de tomber dans la guerre des chefs. Mais certains, à commencer par Emmanuel Macron, prônent un accord pour avoir un seul candidat.
Nicolas Sarkozy, un ancien président rattrapé par les affaires judiciaires
Par Nathalie ALONSO
Publié le
Mis en examen dans le dossier de l'argent libyen, renvoyé en procès dans l'affaire Bygmalion et maintenant dans le scandale des écoutes: à 63 ans, Nicolas Sarkozy est un ancien président sous très forte pression judiciaire.
- LES AFFAIRES QUI LE MENACENT DIRECTEMENT
. Affaire des "écoutes": renvoyé en procès
Nicolas Sarkozy, son avocat Thierry Herzog et l'ex-magistrat Gilbert Azibert sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour "corruption active" et "trafic d'influence". Les avocats de l'ex-chef de l'Etat ont annoncé leur intention de faire appel.
L'ancien chef de l'Etat (2007-2012) est soupçonné d'avoir tenté, début 2014, via son avocat, d'obtenir Gilbert Azibert, alors haut magistrat à la Cour de cassation, des informations secrètes dans une procédure judiciaire où il demandait la restitution d'agendas saisis dans l'affaire Bettencourt. L'affaire avait été révélée par des écoutes téléphoniques diligentées dans le cadre de l'enquête sur les accusations de financement libyen de sa campagne de 2007. Aprement contestées par sa défense, ces écoutes ont été validées en mars 2016 par la Cour de cassation.
. Comptes de campagne 2012: renvoyé en procès
Ce sera sans doute le prochain rendez-vous judiciaire de Nicolas Sarkozy, dans ce dossier plus connu comme "l'affaire Bygmalion". La justice doit prochainement examiner son appel contre son renvoi devant le tribunal pour "financement illégal de campagne électorale", ordonné en février 2017 par le juge Serge Tournaire.
La justice lui reproche d'avoir dépassé sciemment - ce qu'il conteste - à hauteur de 20 millions d'euros le plafond autorisé des dépenses de sa campagne présidentielle de 2012. Treize autres protagonistes sont, eux aussi, poursuivis devant le tribunal pour un vaste système de fausses factures destiné à dissimuler le dépassement du plafond des dépenses. M. Sarkozy n'a pas été mis en cause pour les fausses factures.
. Dossier "libyen": mis en examen
Après cinq ans d'enquête, le juge Serge Tournaire a mis en examen le 21 janvier Nicolas Sarkozy pour "corruption passive", "recel de fonds libyens" et "financement illégal de campagne", des faits qu'il conteste farouchement.
Les juges mènent des investigations d'envergure sur des accusations de financement de sa campagne présidentielle de 2007 avec de l'argent libyen, lancées par d'anciens dignitaires du régime de Mouammar Kadhafi. L'affaire avait rebondi en novembre 2016, avec les déclarations explosives de Ziad Takieddine quand il avait affirmé avoir lui-même remis 5 millions d'euros d'argent libyen au camp Sarkozy quelques mois avant son élection à la présidence.
Dans ce dossier, son camp est aussi directement visé: son ex-bras-droit Claude Guéant a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée, notamment en raison d'un virement suspect de 500.000 euros qu'il a justifié par la vente de deux tableaux mais qui pourraient provenir de fonds libyens.
- CITE DANS D'AUTRES AFFAIRES
. Affaire Karachi : témoin
Le nom de Nicolas Sarkozy, ministre du Budget à l'époque, apparaît dans cette enquête sur des soupçons de rétrocommissions en faveur de l'ancien Premier ministre Edouard Balladur en marge de ventes d'armes au Pakistan dans les années 90. Il a été entendu en juin 2017 comme simple témoin dans le volet ministériel de cette affaire. M. Balladur est mis en examen pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux" et son ministre de la Défense François Léotard pour "complicité d'abus de biens sociaux".
. Sondages de l'Elysée: son entourage visé
Les juges ont terminé en mai 2017 leur enquête sur des soupçons de favoritisme dans l'attribution des sondages de la présidence sous le quinquennat Sarkozy (2007-2012). Personnage-clé du dossier, son ancien conseiller Patrick Buisson est soupçonné d'avoir profité de sa position pour réaliser d'importants bénéfices sur des sondages qu'il commandait au nom de sa société et qu'il revendait à l'Élysée. Il a été mis en examen, tout comme deux anciens proches collaborateurs de M. Sarkozy, Emmanuelle Mignon et Claude Guéant. Nicolas Sarkozy, couvert par l'immunité présidentielle, avait refusé de se rendre à la convocation du juge. Le Parquet national financier doit désormais prendre ses réquisitions dans ce dossier avant la décision finale des juges.
. Les autres affaires soldées par un non-lieu
Nicolas Sarkozy a bénéficié d'un non-lieu dans plusieurs autres dossiers: ses voyages en jet privé facturés à la société Lov Group de son ami Stéphane Courbit ; l'enquête sur ses pénalités réglées par l'UMP pour le dépassement de son plafond de dépenses de campagne en 2012 ou encore l'affaire des dons octroyés à l'UMP par la richissime héritière du groupe L'Oréal Liliane Bettencourt.