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Paris-2024: le gouvernement promet de maîtriser la facture, malgré 500 M EUR de surcoûts potentiels
Par Andréa BAMBINO
Publié le
Dérapage contrôlé ? Les grands chantiers des Jeux Olympiques de Paris-2024 pourraient coûter 500 millions d'euros de plus si des économies ne sont pas mises en oeuvre, alerte un rapport remis au gouvernement, qui réaffirme sa promesse de ne pas dépasser la facture.
L'augmentation possible de la facture des JO est un sujet sensible. Et après de nombreuses éditions des Jeux où les budgets ont effectivement explosé, les organisateurs de Paris-2024, le Comité international olympique (CIO) et l'Etat répètent depuis des mois que cette édition sera celle de la maîtrise financière.
Il va falloir faire des d'économie et donc des choix, car les experts missionnés par le gouvernement ont identifié plusieurs risques de surcoûts, sur les grands travaux à venir: village olympique, village des médias, centre aquatique, transports en commun, voies de circulations.
"Il appartient à l'ensemble des partenaires, c'est-à-dire le Comité d'organisation des Jeux Olympiques (Cojo), l'Etat et les collectivités territoriales dont la Ville de Paris, de procéder aux ajustements nécessaires, de manière à respecter les délais de réalisation ainsi que les enveloppes budgétaires initialement prévues", a réagi le gouvernement dès la publication du rapport de 40 pages.
"Il y a une chose qui est sûre, l'argent public qui a été mis dans les jeux (...) on ira pas au-delà", a aussi promis la maire de Paris, Anne Hidalgo, élue présidente vendredi de la Solideo, la société publique chargée de superviser les chantiers olympiques.
Le budget total prévu des Jeux Olympiques s'élève aujourd'hui à 6,8 milliards d'euros: 3,8 milliards sont issus du privé (CIO, sponsors, billetterie) pour organiser les compétitions -- un chiffre qui peut évoluer en fonction des recettes -- et 3 milliards sont consacrés aux chantiers, dont 1,5 milliard d'argent public. C'est cette partie qui est surtout visée par le rapport.
- Sacrifices -
Principal sujet d'inquiétude, le centre aquatique, équipement phare des Jeux qui doit sortir de terre à Saint-Denis juste à côté du Stade de France, pour la natation et le plongeon. Les experts pointent un écart très important entre le financement public prévu, 108 millions d'euros, et une évaluation du coût "qui pourrait dépasser 260 M EUR HT". Par ailleurs, le site ne sera pas rentable après les Jeux, avec un déficit estimé à 500.000 euros par an.
Comme dans une précédente note d'alerte qui avait déjà fuité, les experts soulignent qu'un "risque majeur pèse sur les délais de réalisation du village olympique", calibré à 17.000 lits, sur trois communes en Seine-Saint-Denis, juste au nord de Paris.
Avec de potentielles fouilles archéologiques, la présence d'un chantier du Grand Paris Express, mais aussi celles d'un lycée et d'un foyer de travailleurs migrants sur place, plusieurs aléas sont soulevés par le rapport. Or, il faut "réaliser dans un délai de six ans une opération qui prendrait une dizaine d'années" normalement.
Selon une source proche du dossier, "le risque archéologique est déjà levé", ce que ne dit pas le rapport sorti vendredi.
Enfin, les inspecteurs financiers (IGF), des Sports (Igjs), et les ingénieurs (Ponts et Chaussées) missionnés par le gouvernement notent que Paris-2024 s'appuye sur des infrastructures de transports qui restent à construire, comme le Grand Paris Express, qui "ne sont pas exemptes de risques de retard".
Les Jeux Olympiques de Paris-2024 doivent accueillir du 26 juillet au 11 août 2024 plus de 300 épreuves dans une trentaine de sports, sur 37 sites situés surtout en région parisienne. Ils seront suivis par des Jeux Paralympiques.
Parmi les pistes d'économie, les experts recommandent de réduire la taille du village olympique, de diminuer de 1.500 à 500 le nombre de logements dans le village des médias à Dugny, près du Bourget, et d'y supprimer le site de volley-ball, ainsi qu'une passerelle piétonne entre les deux villes.
Autre sacrifice préconisé, l'enfouissement de lignes à haute tension près du village olympique. Autant de promesses qui avaient fait la force d'une candidature axée sur l'héritage des Jeux laissé à la population.
Peu après la publication du rapport, dix élus de Seine-Saint-Denis, dont le président du département Stéphane Troussel ont prévenu qu'ils refuseraient "un projet au rabais". "La Seine-Saint-Denis ne saurait être une variable d'ajustement d'un projet diminué fortement dans son ambition et son utilité", ont-ils écrit dans un communiqué commun.