La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Philippe déclare “l’urgence” pour “l’acte II du quinquennat”
Par Marc PRÉEL, Anne Pascale REBOUL
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Fiscalité, écologie, immigration, social mais aussi PMA... Édouard Philippe a obtenu mercredi une large confiance de l'Assemblée sur son programme pour "l'acte II du quinquennat" qu'il a placé sous le signe de "l'urgence". Du "réchauffé" pour les oppositions.
Le Premier ministre a récolté 363 votes pour, soit un recul de seulement sept voix par rapport à 2017. Mais les votes contre ont plus que doublé, à 163 voix, gauche et droite faisant quasi le plein, et 47 députés se sont abstenus (contre 129).
"Voilà deux ans maintenant que nous gouvernons et il y a toujours urgence", a reconnu le chef du gouvernement dans sa deuxième déclaration de politique générale.
Après sept mois marqués par l'enchaînement de la crise des "gilets jaunes", du grand débat national et des élections européennes, il a fixé "trois enjeux prioritaires": "l'écologie, la justice sociale et un fonctionnement démocratique (...) beaucoup plus clair", citant la décentralisation.
Il a aussi promis "un profond changement de méthode" et "un changement de ton".
Attendu après les promesses vertes de l'exécutif et la percée écologiste aux européennes, le chef du gouvernement s'est engagé à ce que les 12 prochains mois "soient ceux de l'accélération écologique". "Plus personne n’a aujourd’hui le monopole du vert", a-t-il glissé, admettant avoir "mis le temps" à reconnaître cette "urgence".
- "Bonus-malus" limité -
Dans cette optique, le projet de loi contre le gaspillage préparé par Brune Poirson arrivera en septembre à l'Assemblée. L'exécutif, qui veut s'attaquer avec plus d'efficacité à la rénovation thermique des logements, s'engage aussi à traduire en projets de loi des mesures proposées par la nouvelle "convention citoyenne" et envisage d'en soumettre "les plus puissantes" à référendum.
Sur les sujets sociaux, Edouard Philippe a confirmé un "bonus-malus" en matière d'assurance-chômage, mais limité aux cinq à 10 secteurs utilisant le plus de contrats courts. En matière de retraites, l'âge légal sera maintenu à 62 ans, mais un "âge d'équilibre" sera défini en dessous duquel s'appliquera une décote et au-delà une surcote pour les pensions. C'est "l'hypocrisie la plus absolue", a réagi le numéro un du PS Olivier Faure dans les couloirs du Palais Bourbon, dénonçant globalement "effet placebo et procrastination" dans ce discours.
En matière fiscale, la baisse de cinq milliards d'euros de l'impôt sur le revenu consistera à ramener de 14% à 11% le taux de la première tranche, dans laquelle se situent les deux tiers (environ 12 millions sur 17) des ménages. Soit une baisse de 350 euros en moyenne pour les contribuables situés dans cette première tranche, et 180 euros pour les autres.
Pour répondre à l'embouteillage parlementaire, c'est le projet de loi bioéthique, qui inclut la promesse d'Emmanuel Macron d'une procréation médicalement assistée (PMA) étendue à toutes les femmes, qui l'a emporté et sera examiné "dès la fin septembre" à l'Assemblée.
Et le Premier ministre a ouvert la porte à un report de la révision constitutionnelle après les sénatoriales de septembre 2020. "Nous ne mobiliserons pas du temps parlementaire pour, in fine, constater le désaccord du Sénat" à majorité de droite, a argué le chef du gouvernement.
Autre annonce: le débat annuel au Parlement voulu par Emmanuel Macron sur le sujet explosif de l'immigration aura lieu pour la première fois "en septembre".
- "Cache-misère" -
Après lui à la tribune, Virginie Duby-Muller pour LR a vu dans ce discours d'un "pseudo acte II" du quinquennat "un cache-misère un peu réchauffé".
Jean-Luc Mélenchon a profité de l'exercice pour tirer son bilan de l'échec des Insoumis aux européennes, reconnaissant que la "suite du combat" s'annonce "dans des conditions très dures". Mais "nous ne céderons pas", a-t-il lancé au chef du gouvernement, l'accusant avec sa politique d'un "passage en force contre le pays".
Dans les couloirs, et en l'absence de Marine Le Pen, Sébastien Chenu (RN) a critiqué "un Premier ministre satisfait de lui" et dans la "continuité totale de ce qui a été fait depuis deux ans".
Le vote qui a suivi était sans risque compte tenu de la prééminence du groupe La République en marche, associé au MoDem.
Chez Les Républicains, en plein doute après le pire score de leur histoire (8,5%) aux européennes, et où la position du groupe était mercredi contre la confiance, les expressions discordantes ont été limitées, seuls un cinquième des députés (soit 22) s'étant abstenus.
L'ensemble de la gauche - PS, LFI, PCF - a voté contre.
Fait rare - et même une première avec un Sénat contrôlé par l'opposition - la déclaration du Premier ministre jeudi matin (9H30) devant les sénateurs sera également suivie d'un vote.