"On n'a plus le temps d'attendre" : Comme Cécile et Pauline, des militants écologistes ont fait le choix "conscient" de risquer un procès et la prison en décrochant de mairies des portraits d'Emmanuel Macron, dont certains ont été exhibés dimanche à Bayonne pour protester contre le G7.
Sept des 128 portraits que les organisateurs revendiquent avoir "décrochés" dans le cadre d'une campagne de désobéissance civile depuis février ont été brandis lors d'une marche "non violente", organisée par les mouvements alternatifs et écologistes ANV COP 21, Alternatiba et Bizi pour dénoncer "la politique climaticide" du président de la République.
Parmi les militants présents à Bayonne, Pauline Boyer, 36 ans, assure avoir décroché le portrait d'Emmanuel Macron dans la mairie du 5e arrondissement de Paris, le 21 février.
Venue avec un groupe d'une quinzaine de militants "pacifiques" du mouvement Action non-violente ANV COP21", à visages découverts, cette ancienne employée de l'industrie pharmaceutique raconte être "entrée pacifiquement dans les locaux" et "s'être dirigée directement dans la salle de mariage pour décrocher le portrait".
Le 11 septembre, elle sera jugée devant la XVIe chambre correctionnelle du TGI de Paris avec d'autres militants. "Un procès? ce n'est pas anodin c'est même stressant, mais c'est nécessaire car nous n'avons plus le temps d'attendre", dit-elle, même si elle trouve tout cela "surréaliste et hallucinant".
Elle s'est engagée quatre ans auparavant pour le climat : "c'est à ce moment que j'ai compris qu'il fallait parler de notre avenir en faisant des actions salutaires", explique Pauline, devenue aujourd'hui salariée du "mouvement citoyen" Alternatiba.
Quelques semaines après son action à Paris, elle a passé neuf heures en garde à vue, "une journée pas très agréable..."
Pauline "savait qu'elle risquait d'être poursuivie pour vol en réunion", encourant ainsi cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.
- "Pas là pour rigoler" -
Depuis le début du mouvement "Décrochons Macron", 152 personnes ont été auditionnées et 94 placées en garde à vue. 74 perquisitions ont eu lieu et 57 procès sont prévus, détaillent les organisateurs de la campagne.
Comme Pauline, Cécile Marchand, salariée de l'ONG Les Amis de la Terre, a participé à des "décrochages", dans les mairies des 3e, 4e et 5e arrondissements de Paris, et sera jugée le 11 septembre.
"Les actions se sont toutes passées dans le calme car nous les avons menées pacifiquement". Une fois seulement, un "vigile s'est interposé" mais "nous avons quand même pu prendre le portrait", raconte la jeune femme de 24 ans, originaire de Roubaix (Nord).
Quelques jours après, "on s'est retrouvé dans le bureau de la brigade antiterroriste alors que nous n'avions fait que de la désobéissance civile", s'offusque Cécile, qui avait déjà participé à des actions de ce type, dans des banques ou devant des tours à La Défense.
Pour le procès, la jeune femme sait qu'elle "ne sera pas là pour rigoler" et appréhende "l'exposition médiatique et personnelle" mais estime qu'elle n'avait pas "d'autre choix".
Elle explique que son "discours a beaucoup évolué" depuis le début de son engagement : "J'ai pris conscience qu'il fallait agir plus fermement et prôner des mesures plus drastiques".
Elodie Nace, porte-parole d'Alternatiba, a elle aussi "décroché" un portrait de Macron. C'était à Irissary (Pyrénées-Atlantique), près de Biarritz, juste avant le début du G7. "On connaît les risques mais on les assume, on mène nos actions à visage découvert", revendique la militante.
Le 12 juin, lors du premier procès de "décrocheurs", six militants avaient écopé d'amendes, ferme ou avec sursis. Condamnations dont le parquet a fait appel. Le 26 juin, trois autres militants ont été relaxés à Strasbourg. Selon Elodie Nace, 15 autres procès de ce type sont prévus.