Régionales : en Bretagne, Loïg Chesnais-Girard reconduit sans majorité absolue

Régionales : en Bretagne, Loïg Chesnais-Girard reconduit sans majorité absolue

Le président socialiste sortant est arrivé en tête lors du second tour des élections régionales. Mais avec 29,84 % des voix, il ne récolte que 40 sièges sur les 83 que compte le conseil régional breton.
Public Sénat

Par Jules Fresard

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Le dual fratricide a bien eu lieu, et c’est celui qui a décidé de tourner le dos à son ancien mentor qui l’a emporté. Loïg Chesnais-Girard, le président socialiste sortant de la région Bretagne est arrivé dimanche 27 juin en tête d’un second tour où cinq listes se faisaient face.

C’est un pari réussi pour l’ancien protégé de Jean-Yves Le Drian, qui s’était vu confier les rênes de la région en 2017 par l’actuel ministre des Affaires étrangères, mais qui pour ces élections régionales avait décidé de lui tourner le dos, en menant une liste socialiste sans le soutien de la majorité présidentielle. « Je suis un homme de gauche » déclarait-il au micro de Public Sénat en mai dernier. « J’avais une majorité très large, y compris avec des marcheurs, mais il était hors de question pour moi de changer d’étiquette pour répondre à une ambition autre. Je continue mon chemin avec ma cohérence, ma ligne ».

C’est son ancien vice-président, Thierry Burlot, qui était parti avec le soutien de la majorité présidentielle. Il est arrivé dimanche soir en quatrième position, avec 14,75 % des voix. Un échec supplémentaire d’implantation pour le parti présidentiel, alors même que Jean-Yves Le Drian n’a eu de cesse d’appeler avant le premier tour ses deux héritiers à la réconciliation.

La majorité absolue loupée de peu

Mais en décidant de tourner le dos à Jean-Yves Le Drian, qui a régné sur le conseil régional breton pendant plus de neuf ans, Loïg Chesnais-Girard y a au passage laissé quelques plumes. Avec un peu moins de 30 % des voix, il n’arrive pas à atteindre la majorité absolue, fixée de par le mode de scrutin de ces élections à 33 %.

En remportant 40 sièges sur les 83 que compte le conseil régional, bénéficiant de la prime majoritaire accordée à la liste arrivée en tête, il lui manque néanmoins toujours deux conseillers pour avoir les coudées franches. C’est d’ailleurs le président de région le « moins bien élu » au lendemain du second tour, mais aussi le seul à ne pas atteindre la barre des 33 %, et donc à ne pas avoir de majorité claire. Une situation d’autant plus problématique que le « troisième tour », à savoir l’élection du président de région par ses conseillers, est prévu pour le 2 juillet.

Trois scénarios à l’étude

S’il veut pouvoir diriger librement la Bretagne pour les six années à venir, Loïg Chesnais-Girard a donc besoin de trouver une solution, lui qui s’est pourtant déjà dit « de retour » en mettant en scène sur Instagram son arrivée au conseil régional de Rennes ce matin.

Mais comment y parvenir. Avec une alliance ? Les regards se tournent immédiatement vers les écologistes et la liste menée par Claire Desmares-Poirrier, qui a récolté dimanche 20,22 % des votes, s’assurant 12 sièges dans l’hémicycle. Cependant, au lendemain du premier tour, les négociations en vue d’une fusion entre les listes socialistes et écologistes avaient déjà échoué. « Sur ce premier tour, nous avions tendu la main, mais lors des négociations, nous avons reçu une fin de non-recevoir », fait savoir Daniel Salmon, sénateur écologiste d’Ille-et-Vilaine, invité de la matinale de Public Sénat « Bonjour chez vous » lundi 28 juin. Ce dernier n’a cependant pas complètement fermé la porte à un nouvel accord en vue d’une coalition pour diriger la région, évoquant « de grandes discussions dans les heures qui viennent » avec Loïg Chesnais-Girard.

 

Quelles autres options si les négociations avec les écologistes échouent de nouveau ? Stéphane Besnier, directeur de l’information de TV Rennes, également invité de la matinale « Bonjour chez vous », a évoqué la possibilité d’aller débaucher sur d’autres listes les deux conseillers manquants pour atteindre la majorité, évoquant au passage des relations « très très tendues » entre Loïg Chesnais-Girard et Claire Desmares-Poirrier.

« Certains anciens marcheurs, qui tenaient des rôles importants, on pense à Olivier Allain à la tête de l’agriculture, pourrait se rallier demain à Loïg Chesnais-Girard » continue Stéphane Besnier. Et donc lui apporter les deux sièges qui lui manquent.

Reste enfin le scénario où le président sortant se ferait élire le 2 juillet par une majorité relative, pour par la suite négocier au cas par cas ses projets. Une situation précaire, mais pas intenable.

Mais quelle que soit l’option retenue, une conclusion simple s’impose. L’époque de la toute-puissance de Jean-Yves Le Drian sur la région est bel est bien révolue, poussant pour la première fois son ancien dauphin au compromis.

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