Retraites: l’Assemblée entame sous tension l’examen des milliers d’amendements

Retraites: l’Assemblée entame sous tension l’examen des milliers d’amendements

Débuts poussifs et sous tension mardi pour l'examen à l'Assemblée des milliers d'amendements au projet de réforme des retraites:...
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Par Charlotte HILL, Adrien DE CALAN

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Débuts poussifs et sous tension mardi pour l'examen à l'Assemblée des milliers d'amendements au projet de réforme des retraites: les oppositions ont multiplié les critiques et batailles de procédure face une majorité "consternée" continuant de plaider pour un "vrai débat".

Après des premiers échanges parfois chahutés la veille sur ce projet visant à créer un système "universel" de retraites par points, les rappels au règlement, suspensions ou encore demandes de vote électronique et de quorum se sont enchaînés, émaillés d'invectives.

La tension était montée dans l'après-midi avant même d'étudier le premier des quelque 41.000 amendements.

Les communistes, très remontés contre un "projet de régression sociale", ont reproché aux "marcheurs" d'"insulter la mémoire" de leur famille politique en se réclamant d'Ambroise Croizat - l'un des pères fondateurs de la Sécurité sociale en 1945 - ou de l'ex-secrétaire général du parti Maurice Thorez. "Vous êtes +en même temps+, vous auriez été beau dans la Résistance, vous auriez été +en même temps quoi ?+", a lancé le numéro un du parti Fabien Roussel, suscitant l'indignation de la majorité.

Les oppositions de droite comme de gauche ont jugé "vain et inutile" (Eric Woerth, LR) de débattre, en raison de la tenue au même moment de la "conférence de financement" des partenaires sociaux, chargés de trouver d'ici à avril des solutions pour ramener à l'équilibre le système de retraite d'ici à 2027. Mais sans avancées notables mardi.

"Vous êtes incroyablement prévisibles" et il y a un "désir que ce débat n'ait pas lieu", a rétorqué le chef de file des députés LREM Gilles Le Gendre, qui a prévenu que les oppositions "ne rentrer(aient) pas dans la majorité comme dans un saloon !".

Sans atteindre - à ce stade - la paralysie de juillet 2018 lors de l'examen du projet de révision constitutionnelle, victime collatérale de l'affaire Benalla, il y avait de l'électricité dans l'air tout au long de la soirée. A plusieurs reprises, le président Richard Ferrand (LREM) au perchoir a dû appeler au calme.

Récusant le caractère "universel" de la réforme, les oppositions ont notamment proposé dans les premiers amendements de changer le terme pour "inéquitable" ou de le supprimer.

Leurs attaques ont aussi porté sur l'idée que la réforme créé "un régime spécial, celui des hyper riches" comme l'a affirmé Boris Vallaud (PS), pour qui la majorité porte ce "stigmate" depuis le début du quinquennat et n'arrête pas de "rembourser ses bookmakers", autant d'attaques récusées par LREM.

"Chers collègues de la majorité, vous m'inquiétez, vous êtes pris dans une idéologie qui vous provoque des crampes mentales", a aussi lancé le communiste André Chassaigne, tandis que l'insoumis Alexis Corbière (LFI) les a taxés d'être "illégitimes", suscitant à nouveau une bronca.

- "Combat de coq" -

"Ce combat de coq avant qu'on arrive au coeur du projet me consterne un peu", leur a lancé Bruno Millienne (MoDem). "Laissez cette Assemblée travailler !", a-t-il tonné.

"On peut avoir une forme de colère quand on voit retourner contre la démocratie des moyens dilatoires", a renchéri la "marcheuse" Aurore Bergé, estimant que les Français "attendent mieux que des heures de débat sur le titre du projet de loi"

D'autres se sont dits "blindés" face à l'obstruction et ont demandé à l'opposition si elle avait "peur" de débattre, le secrétaire d'Etat Laurent Pietraszewski déplorant aussi leurs "refus de débattre sur le fond".

Dans l'espoir que le calendrier puisse tenir, les députés siègeront jusqu'au 6 mars avec des travaux ce week-end. Richard Ferrand (LREM) a posé des règles pour l'organisation des débats, avec notamment un seul orateur par groupe sur les amendements identiques, ce contre quoi s'est élevée en particulier la gauche de la gauche.

La question de l'utilisation du "49-3", arme de la Constitution qui permet au gouvernement d'abréger les débats et de faire adopter un projet de loi sans vote, reste posée, même si Laurent Pietraszewski a encore insisté mardi sur une volonté de "débattre, enrichir le texte" et "aboutir".

La majorité table toujours sur une adoption en première lecture avant les municipales des 15 et 22 mars, et sur un feu vert définitif "d'ici l'été".

Les députés n'avaient étudié mardi qu'une centaine d'amendements, tous rejetés.

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