Retraites: le gouvernement réinvite au dialogue, la grève bien installée dans les transports
Le Premier ministre a convié jeudi soir les partenaires sociaux à un nouveau "cycle de réunions" la semaine prochaine, au lendemain de la...

Retraites: le gouvernement réinvite au dialogue, la grève bien installée dans les transports

Le Premier ministre a convié jeudi soir les partenaires sociaux à un nouveau "cycle de réunions" la semaine prochaine, au lendemain de la...
Public Sénat

Par Arnaud BOUVIER, Céline LOUBETTE, avec les bureaux de l'AFP en régions

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Le Premier ministre a convié jeudi soir les partenaires sociaux à un nouveau "cycle de réunions" la semaine prochaine, au lendemain de la présentation du projet de réforme des retraites qui a suscité l'ire de la CFDT, tandis que la grève semblait partie pour durer dans les transports publics.

Edouard Philippe "a invité les organisations syndicales et patronales à un cycle de réunions qui se dérouleront à Matignon le plus tôt possible la semaine prochaine", a annoncé son entourage à l'AFP.

Après avoir échangé au téléphone avec les partenaires sociaux dans l'après-midi, le Premier ministre "a confirmé sa proposition de dialogue pour continuer à améliorer le projet porté par le gouvernement", a ajouté Matignon, évoquant "une série de thèmes": "la mise en place du minimum de pension, la pénibilité, la retraite progressive et l'accompagnement des transitions vers le système universel".

"Ces thèmes rejoignent très largement les préoccupations exprimées aujourd'hui par les organisations syndicales qui soutiennent la mise en place du système universel", notamment la CFDT de Laurent Berger, a-t-on souligné de même source, en réaffirmant la "disponibilité" du Premier ministre "pour examiner les propositions des partenaires sociaux", notamment sur la question cruciale de l'équilibre financier du système.

"Ma porte est ouverte et ma main est tendue", avait insisté Edouard Philippe dans l'après-midi sur Twitter.

Fin des régimes spéciaux, "âge d'équilibre" à 64 ans, entrée dans le système à points à partir de la génération née en 1975... M. Philippe avait détaillé mercredi le contenu du futur "système universel de retraite" par points, assurant que "tout le monde serait gagnant".

Réformes des retraites : pour ou contre ?
Position des principaux syndicats sur la réforme des retraites après les annonces d'Edouard Philippe
AFP

Laurent Berger, favorable à un système universel par points mais fermement opposé à un allongement de la durée de cotisation via un "âge d'équilibre", avait immédiatement dénoncé le franchissement d'une "ligne rouge" et demandé au gouvernement de revenir sur ce point.

La CFDT, accompagnée de la CFTC et l'Unsa, elles aussi favorables à un régime universel, ont adressé jeudi au gouvernement une liste de sujets à leurs yeux "cruciaux", dont la pénibilité ou la retraite progressive. Tous trois ont appelé à rejoindre la mobilisation prévue dans la rue le 17 à l'initiative de la CGT, FO, la FSU et Solidaires ainsi que d'organisations de jeunesse.

Jeudi, gouvernement et majorité ont multiplié les appels du pied pour que la CFDT accepte de reprendre la négociation. "Je suis prêt à discuter, évidemment qu'on va discuter", a répondu M. Berger. Mais, a-t-il averti, "vouloir être constructif, ça ne veut pas dire se laisser marcher dessus".

Le gouvernement a "fait une proposition et maintenant il y a une concertation qui doit se faire", a déclaré Emmanuel Macron, interrogé par la presse avant le début d'un sommet européen à Bruxelles.

- "Irresponsable" -

Première brèche dans la contestation, les syndicats de policiers ont appelé à suspendre leur mouvement de protestation, saluant des "avancées" pour le maintien de leur régime dérogatoire.

Jeudi encore, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté partout en France. A Marseille, où les enseignants étaient en nombre, une pancarte affichait une photo de Maître Yoda, le vieux sage de Star Wars, avec le slogan: "enseigner jusqu'à 900 ans tu pourras".

Plusieurs milliers de personnes (3.700 selon la préfecture de police) ont aussi manifesté dans le calme à Paris, à la lumière des fumigènes roses des cheminots.

Une manifestante à Marseille, le 12 décembre 2019 contre la réforme des retraites
Une manifestante à Marseille, le 12 décembre 2019 contre la réforme des retraites
AFP

Les manifestants étaient entre 3.000 et 9.000 à Lyon selon les sources, 2.000 à 6.000 à Bordeaux, entre 2.700 et 7.000 à Rouen... A Brest, sous une pluie battante, les manifestants scandaient: "le temps est pourri, la retraite à points aussi !".

Dans les transports en commun, le trafic restait très perturbé et peu de changements étaient attendus vendredi, avec notamment un TGV et un Transilien sur 4, et 8 lignes de métro fermées à Paris. Un pic à plus 550km de bouchons a été dépassé vers 18H00 en région parisienne, selon le site Sytadin.

Manifestation à Saint-Herblay, près de Nantes, le 12 décembre 2019
Manifestation à Saint-Herblay, près de Nantes, le 12 décembre 2019
AFP

Il n'y aura "pas de trêve pour Noël sauf si le gouvernement revient à la raison" en retirant son projet, a prévenu le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, en tête de la contestation.

"Annoncer que les trains ne rouleront pas pour Noël, je pense que c'est assez irresponsable", a réagi sur RTL la ministre des Transports, Élisabeth Borne, jugeant que "ce n'est pas ce qu'on peut attendre de syndicalistes qui disent défendre le service public".

- Ports bloqués -

Mercredi, Édouard Philippe a affirmé que "les garanties données" justifient que la grève, "qui pénalise des millions de Français, s'arrête".

Au-delà de la SNCF et de la RATP, le mécontentement reste cependant large. Le Conseil des barreaux votera des actions vendredi.

Jeudi, les zones industrielle et portuaire du Havre ont été bloquées, tout comme les entrées du Grand Port maritime de Marseille, par des manifestants mobilisés à l'appel de la CGT. Des dockers ont également organisé des blocages au port de La Rochelle ou à Rouen.

Des coupures de courant ont touché plusieurs villes. Des baisses de production ont été organisées dans le nucléaire et des arrêts de centrales hydro-électriques et thermiques, selon la CGT Énergie. La direction d'EDF faisait part de 11% de grévistes en fin de journée, contre 26,9% le 10.

Un sabotage sur des installations techniques, non revendiqué, a en outre temporairement privé d'électricité environ 11.600 foyers à Foix, selon la préfecture.

Les Français continuent de soutenir le mouvement de grève, selon un sondage Harris Interactive pour RTL: 59% la soutiennent et 33% s'y opposent.

burs-bfa-ab-cel-jmt/jk/sl

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: Weekly session of questions to the government at the Senate
4min

Politique

Direct. Budget de la Sécu : suivez le débat au Sénat sur la suspension de la réforme des retraites

15 jours après le vote des députés sur la suspension jusqu’au 1er janvier 2028 de la réforme des retraites de 2023, c’est au tour du Sénat d’examiner cet article du projet de loi de la Sécurité sociale, ce mardi à partir de 17h. La majorité sénatoriale de droite par la voix de Gérard Larcher a promis que la chambre haute rétablirait la réforme.

Le

2min

Politique

Violences sexuelles : Aurore Bergé souhaite imposer un casier judiciaire vierge pour les professionnels au contact d’enfants

Porté par la ministre déléguée chargée de l’Egalité femmes-hommes, un projet de loi-cadre sur les violences faites aux femmes et aux enfants a été remis hier à Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu. Parmi les 53 mesures, Aurore Bergé prône un casier judiciaire vierge pour tout professionnel travaillant avec des mineurs, et met l’accent sur un meilleur encadrement du dépôt de plaintes.

Le

Retraites: le gouvernement réinvite au dialogue, la grève bien installée dans les transports
3min

Politique

Budget : « Une loi spéciale ne peut pas faire office d’un budget », prévient Amélie de Montchalin

L’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale se poursuit au Sénat avant un vote prévu demain dans l’après-midi. Invitée de la matinale de Public Sénat, la ministre de l’Action et des Comptes publics, Amélie de Montchalin a rappelé qu’il n’y a pas « d’alternatives au compromis parlementaire » et s’est montrée réticente quant à l’usage d’une loi spéciale pour faire adopter le budget.

Le