Sondage : les élus locaux ont « une relation ambivalente » vis-à-vis de l’Union européenne
Le Sénat a lancé en septembre une consultation auprès des élus locaux pour connaître la perception qu’ont ces derniers de l’Union européenne. Publiés jeudi, les résultats laissent transparaître un certain désintérêt pour l’UE, même si beaucoup souhaitent davantage de soutien de la part de Bruxelles, notamment dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
L’Union européenne laisse-t-elle de marbre nos élus locaux ? Si 38,6 % d’entre eux déclarent en avoir une image « assez positive », ils sont presque autant (31,8 %) à ne pas avoir d’avis sur la question. En revanche, 18,1 % avouent en avoir une image « assez négative », et seulement 6,9 % « très positive ». Ces chiffres sont issus d’une consultation en ligne initiée en septembre dernier par la commission des Affaires européennes du Sénat auprès des collectivités, afin de connaître leur perception de l’Union européenne. Elle s’inscrit dans le cadre de la « Conférence sur l’avenir de l’Europe », mise en place au printemps dernier par les institutions européennes pour recueillir les attentes des citoyens vis-à-vis de l’Europe post-covid. Présentés jeudi, les résultats de cette enquête trahissent dans leur ensemble une certaine distance de la part des élus locaux français vis-à-vis de l’UE et une méconnaissance des mécanismes d’aides. Ces chiffres revêtent également une résonance particulière alors que la France prendra en janvier prochain la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne.
55,5 % des élus considèrent que l’Union européenne est peu présente dans leur quotidien
Environ 1 800 élus ont répondu au questionnaire des sénateurs. Plus d’un millier d’entre eux sont détenteurs d’un mandat municipal, et 67,5 % ont été élus dans des communes de moins de 2 000 habitants. Ils sont 55,5 % à trouver que l’Union européenne est peu présente dans leur quotidien d’élu, et 25,3 % pas du tout. L’immense majorité s’estime d’ailleurs assez mal informée (52,7 %), voire très mal informée (31,1 %) sur les aides que l’Union pourrait mettre à disposition de leur circonscription.
Ce sentiment d’éloignement pourrait également expliquer le manque d’initiatives pour pousser les citoyens à se saisir des questions européennes. Car si près de 70 % des élus estiment que les collectivités ont un rôle à jouer pour renforcer le sentiment d’appartenance des Français à l’Union européenne, 67,1 % admettent ne pas avoir entendu parler de la « Conférence sur l’avenir de l’Europe ». En toute logique : 86,8 % n’ont organisé aucun « débat citoyen » dans le cadre de cet évènement.
D’avantage d’Europe sur les questions climatiques et énergétiques
Et pourtant, 49,8 % des élus réclament que l’UE soit plus présente dans leur quotidien, notamment en ce qui concerne les questions de climat et d’environnement (cités dans 55% des réponses), mais aussi dans le domaine de l’énergie (dans 27% des réponses), ce qui dénote de fortes attentes vis-à-vis de Bruxelles pour le soutien à la lutte contre le réchauffement planétaire et à la transition énergétique, alors que vient de s’ouvrir à Glasgow la COP26. Parmi les autres secteurs dans lesquels les élus attendent une plus grande présence de la part de l’Union, citons le développement économique ( présent dans 41 % des réponses) et la cohésion territoriale (dans 25 % des réponses).
Les domaines dans lesquels l'UE devrait être d'avantage présente, selon les élus locaux.
Kantar Public
« Le fait que l’UE ne soit pas présente ne veut pas dire qu’elle est considérée comme quelque chose de nuisible. La très grande majorité des répondants estiment ne pas avoir de difficultés dans leurs actions imputables à l’Union européenne. Elle n’est pas une gêne, une source de soucis », nuance Pierre Latrille, chargé d’études auprès de l’institut Kantar, qui a piloté cette consultation.
Trop de « bureaucratie »
Il a également été demandé aux élus de choisir parmi une liste de 13 mots les cinq qui, selon eux, caractérisent le mieux l’Union européenne. Les résultats montrent que les qualificatifs positifs et négatifs sont cités dans des proportions équivalentes. En ce qui concerne le versant négatif, l’UE pâtit d’une image technocratique, associée à des lourdeurs administratives. Ainsi, le terme qui revient le plus souvent est « bureaucratie » (dans 71 % des réponses). S’il est suivi par la formule « paix, union dans la diversité », retenue par 48 % des sondés, ils sont 39 % à pointer « l’opacité et le déficit de légitimité » de l’Union, et presque autant à estimer qu’il existe une « concurrence entre États membres ».
Les mots qui caractérisent le mieux l'UE selon les élus locaux.
Kantar Public
« Quand on parle de bureaucratie européenne, on parle surtout de bureaucratie franco-française », relève Thibaut Guignard, maire DVD de Plœuc-L’Hermitage dans les Côtes-d’Armor et membre du comité directeur de l’Association des maires de France. Il rappelle, par exemple, que c’est l’administration française qui gère la distribution des fonds alloués par Bruxelles. « Dans d’autres pays les fonds européens sont gérés de manière beaucoup plus simple, beaucoup plus fluide », note-t-il.
Les élus divisés sur l’avenir de l’UE
« À l’image des Français, les élus locaux ont une relation ambivalente à l’Union européenne », résume Guillaume Caline, responsable du pôle enjeux publics et opinion chez Kantar. « Il y a d’un côté un certain soutien à l’idée européenne, à ses principes, au projet, mais aussi beaucoup d’évocations assez négatives. » Un dernier chiffre révèle la forte dualité des ressentis face à l’UE : 50,9 % des élus se disent optimistes sur l’avenir de l’Union, à peine plus que ceux qui s’avouent pessimistes (49 %).
Le vote de la motion de censure n’a pas seulement fait tomber le gouvernement Barnier. Il empêche l’adoption de nombreux dispositifs, notamment toutes les mesures d’aides. Les agriculteurs et la Nouvelle Calédonie en font les frais, comme l’indexation de l’impôt sur le revenu. Il faudra attendre un nouveau budget, en début d’année, pour y remédier.
Dans le contexte du procès des assistants parlementaires du FN, Jordan Bardella se voit refuser la reconduction de François Paradol, son directeur de cabinet, comme assistant parlementaire local. « Le Parlement européen est devenu plus regardant sur les activités du RN », indique Olivier Costa, spécialiste de l’Union européenne.
Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.