Pour le président socialiste du département de Seine-Saint-Denis, Emmanuel Macron devrait admettre « que les Français, consultés à trois reprises en juin et juillet, l’ont sanctionné ». Une éventuelle nomination de François Bayrou, reçu à l’Élysée ce vendredi matin, serait donc un mauvais signal.
Syrie, Brexit, Goulard…: Macron consulte avant le sommet de l’UE
Par Laurence BENHAMOU
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À trois jours d'un conseil européen tendu, entre l'attaque turque en Syrie, un Brexit incertain, le rejet de la candidate française à la Commission et et les menaces commerciales américaines, Emmanuel Macron consulte tous azimuts pour resserrer les rangs avec ses partenaires.
Le chef de l'État a reçu lundi matin la future présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, avec laquelle il n'avait pas encore discuté depuis que le Parlement européen a écarté Sylvie Goulard, sa candidate à la Commission, qui devait hériter du vaste portefeuille du Marché intérieur.
Dans ce "moment international inquiétant", l'Europe "ne peut s'offrir le luxe de vaines querelles, de petites disputes" et "nous ne pouvons nous permettre ni division, ni aveuglement, ni faiblesse", avait-il lancé dimanche soir en accueillant Angela Merkel pour un dîner à l'Élysée.
Emmanuel Macron a accueilli Ursula von der Leyen puis l'a raccompagnée chaleureusement lundi matin, sans faire de commentaires.
Jeudi, Emmanuel Macron s'était publiquement étonné, expliquant avec humeur que Mme von der Leyen avait personnellement insisté pour le choix de la Française et l'avait assuré par avance de l'accord des principaux groupes du Parlement européen.
La France veut avant tout préserver l'immense portefeuille qui avait été taillé sur mesure pour Sylvie Goulard, soulignent ses conseillers.
"Je veux qu'ensemble nous puissions travailler avec Mme la Chancelière et la future présidente à la mise en place d'une Commission européenne forte, assise sur une majorité solide au Parlement européen, que nous avons collectivement la responsabilité de construire et de conforter", a expliqué Emmanuel Macron dimanche.
Paris craint que l'ensemble du projet de réformes de Mme von der Leyen, que Paris a largement contribué à élaborer, ne soit bloqué par un Parlement européen incontrôlable, hostile aux projets français et sans majorité positive - en quelque sorte en voie de "westminsterisation", dit l'Élysée, en allusion au parlement britannique englué dans le Brexit.
Le chef de l'État a déjeuné lundi avec le président du conseil européen Donald Tusk pour préparer le sommet de Bruxelles. Lui non plus ne s'est pas exprimé en arrivant à l'Élysée.
Parmi les sujets de forte inquiétude, l'offensive turque contre les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, qui "risque de créer une situation humanitaire insoutenable et d'aider Daech à réémerger", ont de nouveau averti d'une même voix M. Macron et Mme Merkel dimanche.
Tous deux ont appelé de nouveau la Turquie à cesser son offensive, déjà condamnée par l'UE, et rappelé leur décision de suspendre leurs ventes d'armes à la Turquie.
Après leur dîner, le président a réuni un conseil restreint de défense sur la Syrie et l'Élysée a annoncé dans la foulée des mesures "pour assurer la sécurité des personnels français militaires et civils présents dans la zone". La présidence n'a fourni aucune autre précision.
"Un pays avec un petit contingent ne peut rester sur place sans la présence américaine", reconnaît une source diplomatique française.
- "Jusqu'au bout" -
Ils se retrouveront à l'occasion du Conseil des ministres franco-allemand qui se réunira mercredi après-midi à Toulouse avec Angela Merkel et des membres des deux gouvernements.
Au cours de cette réunion, Emmanuel Macron souhaite notamment pousser l'Allemagne à aller plus loin sur son projet d'une défense européenne commune et sur des projets industriels européens, comme Airbus.
Les deux dirigeants visiteront d'ailleurs ensemble le siège de l'avionneur, cible actuellement d'un litige commercial avec les États-Unis.
Washington a décidé d'appliquer, à partir du 18 octobre, pour 7,5 milliards de dollars de taxes douanières sur des produits européens, après un feu vert de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a sanctionné des prêts publics à Airbus.
Dans la foulée, Bruxelles a promis de riposter aux sanctions américaines et dit qu'elle luttera "jusqu'au bout" pour dissuader les Américains. Mercredi soir, Ursula von der Leyen rejoindra le tandem franco-allemand pour un dîner avec la Table ronde des Industriels européens, club libéral qui regroupe une cinquantaine des plus grands groupes industriels et de haute technologie de l'UE.