Emmanuel Macron a appelé mardi "la Nation tout entière" à "faire bloc" pour combattre "l'hydre islamiste", lors d'un hommage aux quatre...
Tuerie à la préfecture: Macron appelle à « faire bloc » face à « l’hydre islamiste »
Emmanuel Macron a appelé mardi "la Nation tout entière" à "faire bloc" pour combattre "l'hydre islamiste", lors d'un hommage aux quatre...
Par Jérôme RIVET, Gregory DANEL
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Emmanuel Macron a appelé mardi "la Nation tout entière" à "faire bloc" pour combattre "l'hydre islamiste", lors d'un hommage aux quatre fonctionnaires tués jeudi par un de leurs collègues dans l'enceinte de la préfecture de Paris (PP).
Les enquêteurs ont entrepris d'analyser une clé USB retrouvée dans le bureau de Mickaël Harpon, l'auteur de l'attaque qui travaillait à la PP depuis 2003, dont le contenu suscite spéculations et inquiétudes.
"La clé USB contient des données informatiques en très grand nombre" et "des gens sont réquisitionnés dans tous les services (...) pour travailler sur les données", fait valoir une source proche de l'enquête.
Les enquêteurs s'emploient notamment à déterminer si des images de propagande du groupe Etat islamique (EI) qui s'y trouvent ainsi que des données relatives aux employés de la PP étaient liées ou non à son activité professionnelle. "C'était un informaticien de l'anti-terro à la DRPP, quand il faisait de la maintenance, il pouvait faire des copies du contenu des ordinateurs", rappelle une source proche du dossier.
Cet attentat sans précédent, mené au cœur d'une administration censée être au coeur de la sécurité de l’État, vaut au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, une volée de critiques et plusieurs convocations au parlement.
Le Premier ministre est une nouvelle fois venu à son soutien mardi, affirmant à l'Assemblée "assumer, au nom du gouvernement, tout ce qui a été fait dans l'État" en matière de lutte antiterroriste.
- "Société de vigilance" -
Emmanuel Macron devant les cercueils des victimes de l'attaque à la Préfecture de police de Paris, lors de la cérémonie d'hommage le 8 octobre 2019
AFP
Dans la matinée, face aux quatre cercueils alignés dans la cour de la Préfecture de police, Emmanuel Macron avait assuré qu'un "combat sans relâche" serait mené "face au terrorisme islamiste".
"Vos collègues sont tombés sous les coups d'un islam dévoyé et porteur de mort qu'il nous revient d'éradiquer", a lancé le chef de l'État à la centaine de personnes réunies dans un silence pesant. "La lumière sera faite, les interrogations levées, les responsabilités établies, la justice passera", a-t-il promis.
"Les institutions seules ne suffiront pas" à "venir à bout de l'hydre islamiste", a-t-il lancé. "C'est la Nation tout entière qui doit s'unir, se mobiliser pour agir", a-t-il dit, appelant à bâtir une "société de vigilance".
L'hommage solennel aux quatre victimes - Damien Ernest (50 ans) major responsable d'une unité au sein de la DRPP, Anthony Lancelot (38 ans) gardien de la paix, Brice Le Mescam (38 ans) adjoint administratif, et Aurélia Trifiro (39 ans) gardienne de la paix - n'offre qu'un court répit à Christophe Castaner.
Certains dans l'opposition, à droite et à l'extrême droite, ont exigé sa démission, exclue par l'intéressé qui a toutefois reconnu un "dysfonctionnement d'État".
Richard Ferrand à l'Assemblée nationale à Paris le 8 octobre 2019
AFP
Le ministre a été auditionné mardi matin par la délégation parlementaire, puis dans l'après-midi par la commission des lois de l'Assemblée nationale. Il sera également interrogé jeudi par la commission des lois du Sénat.
Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a également annoncé qu'il acceptait la demande des Républicains de création d'une commission d'enquête, qui se mettra au travail "dès la semaine prochaine".
- "C'est bien fait" -
Depuis l'attaque, de nombreuses voix accusent les autorités et cherchent à comprendre comment Mickaël Harpon a pu passer sous les radars. Selon le ministère, il avait donné des signes de possible radicalisation au sein même de la Direction du renseignement de la PP (DRPP) où il était employé.
Selon un rapport interne de la DRPP, Mickaël Harpon, qui était habilité secret défense, aurait déclaré à deux collègues "c'est bien fait", au sujet de l'attentat en janvier 2015 contre Charlie Hebdo. Mais ces derniers n'ont pas transmis de signalement écrit à leur hiérarchie.
"Si c'est le cas, c'est un dysfonctionnement sérieux, une faille grave", a estimé Christophe Castaner devant la commission des lois, déplorant également l'absence de suivi au moment du mariage de l'assaillant.
"Quand on fait une habilitation (pour accéder au secret défense), on fait l'environnement, donc on fait la famille, donc on fait le conjoint. L'auteur s'est marié en 2014, et cela n'a pas déclenché de nouveau contrôle", a souligné le ministre.
L'assaillant était converti à l'islam depuis une dizaine d'années et fréquentait des membres de la mouvance "islamiste salafiste", selon les enquêteurs qui s'interrogent aussi sur d'éventuels problèmes psychologiques vu son "comportement inhabituel et agité" la veille de l'attaque.
Deux enquêtes administratives confiées à l'Inspection générale du renseignement ont été ouvertes par le Premier ministre Edouard Philippe.
Sans attendre les conclusions, Christopher Castaner a tenté d'éteindre la polémique en demandant que toute alerte liée à la radicalisation fasse désormais "l'objet d'un signalement automatique", sans plus de précisions.
Le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, a écrit au président du Sénat pour exprimer son désaccord sur des critiques formulées par le sénateur LR des Yvelines sur l’exécution provisoire, qui va mener Nicolas Sarkozy en prison. Son groupe ne veut « pas participer à cette mise en cause qui, finalement, fragilise l’équilibre de nos institutions ».
Après l’immobilisation d’un pétrolier de la flotte fantôme russe au large de Saint-Nazaire, Emmanuel Macron a appelé ses alliés européens à durcir le ton face à la Russie et à trouver un moyen d’empêcher la flotte de contourner les sanctions européennes sur les hydrocarbures.
La promesse du gouvernement en 2023 de doubler la capacité des centres de rétention administrative (CRA) pour atteindre 3 000 places en 2027 ne sera pas tenue. C’est ce qui ressort d’un rapport de la sénatrice LR Marie-Carole Ciuntu, rapporteure spéciale de la mission immigration qui relève que les CRA sont « le moyen le plus sûr » d’exécuter les mesures d’éloignement.
« Je veux donner sa chance au premier ministre », a réagi le numéro 1 PS, alors que Matignon a donné plusieurs pistes à la presse, jugées insuffisantes par les socialistes. Si rien ne change, « nous censurerons le gouvernement dès le discours de politique générale », met la pression Olivier Faure.