« Un pas en avant, un pas en arrière » : la gestion gouvernementale du Covid-19 critiquée par le monde de la culture

« Un pas en avant, un pas en arrière » : la gestion gouvernementale du Covid-19 critiquée par le monde de la culture

Les acteurs de la culture reprochent le manque de clarté du gouvernement dans sa gestion du Covid-19. Le Premier ministre a annoncé l’interdiction des rassemblements de plus de 5 000 personnes jusqu’au 30 octobre, mais de nombreuses questions restent en suspens. « C’est un peu chaotique », estime la présidente de la commission Culture au Sénat, Catherine Morin-Dessailly.
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Par Hugo Lemonier

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C’est la fin de plusieurs semaines de confusion au plus haut sommet de l’État. Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé ce mardi 11 août la prolongation de l’interdiction de rassemblements de plus de 5 000 personnes jusqu'au 30 octobre prochain. Le chef du gouvernement a cependant précisé, à l'occasion d'un déplacement à Montpellier (Hérault), que les préfets auront la « possibilité d'y déroger avec la vérification du strict respect des consignes sanitaires ».

Face la dégradation de la situation sanitaire, Jean Castex a par ailleurs annoncé un renforcement des contrôles « sur le respect de l'ensemble des règles destinées à prévenir la propagation du virus : respect des gestes barrières, du port du masque » ou « des obligations de déclaration des rassemblements de plus de 10 personnes ».

Ces annonces viennent mettre un terme au flou qui régnait dans le monde de la culture : « Ce que l’on demande depuis le déconfinement, c’est de la visibilité », témoigne Yves Bommenel, président du Syndicat des musiques actuelles (SMA). « Le plus gros problème c’est de ne pas savoir quand nous allons reprendre et dans quelles conditions. »

Une annonce… suivie d’un « correctif » deux jours plus tard

La semaine dernière, Roselyne Bachelot avait annoncé par communiqué de presse un assouplissement des règles sanitaires à partir du 15 août. Le ministère permettait ainsi grands concerts ou aux rencontres sportives de se dérouler sur autorisation préfectorale et dès le 1er septembre sans avoir besoin de l'avis du préfet. La mesure concernait notamment les plus grandes salles de spectacles comme l'AccorArena, la Paris Défense Arena, ou encore le Palais des Sports de Grenoble, la Halle Tony Garnier et certains Zéniths comme celui de Lille.


Mais, quarante-huit heures plus tard, la ministre de la Culture envoyait aux rédactions un « correctif »… Même après le 1er septembre, il sera obligatoire de recevoir l'accord du préfet pour organiser un concert, précisait le communiqué. Chaque concert, chaque rassemblement restera donc soumis à un examen par les autorités et une autorisation administrative « à titre exceptionnel ».

Le Puy du Fou : un cas de favoritisme présidentiel ?

« C’est un peu chaotique », souffle la présidente de la commission culture au Sénat, Catherine Morin-Dessailly, qui déplore les « incohérences » du gouvernement : « La plus grande incompréhension est venue en juillet avec l’affaire de Puy du Fou. Le milieu de la culture était très en colère : leurs festivals avaient été annulés mais on pouvait se réunir à je ne sais combien au Puy du Fou. »

Le parc d’attractions de la famille de Philippe de Villiers, réputé proche d’Emmanuel Macron, a annoncé qu’il limiterait à la jauge maximum de l’un de ses spectacles à 5 000 personnes. Le JT de France 2 avait filmé quelques jours plus tôt près de 12 000 spectateurs réunis dans les gradins du célèbre complexe. L’exécutif avait alors été taxé de favoritisme.

#Concertsdebout : le monde de la culture se mobilise

L’annonce du Premier ministre était alors très attendue pour mettre fin à ces ambiguïtés. Mais d’autres doutes persistent dans le monde de la culture.

Yves Bommenel, à la tête de la Halle Tropisme de Montpellier, un tiers-lieu de 4 000 m2, s’inquiète pour les finances des salles de spectacles : « En juillet, on a recommencé les DJ sets en extérieur, mais c’est un pis-aller car on limite notre jauge. On organise des concerts parce que c’est notre rôle de maintenir ce lien entre le public et les artistes, mais ce n’est pas rentable. »

Les acteurs de la culture demandent au gouvernement des « perspectives claires » s’agissant de l’organisation de concerts debout : « À l’heure actuelle, on ne peut organiser des concerts qu’avec un fauteuil entre chaque spectateur, mais ce n’est pas tenable : la plupart des salles sont faites avec une fosse », témoigne Yves Bommenel.

Reste en outre le problème des « petits festivals ». À sa nomination, Roselyne Bachelot s’était montrée très optimiste s’agissant de ces événements culturels qui font vivre de nombreuses communes durant l’été. Las, de nombreuses manifestations ont été annulées en raison du manque de visibilité des organisateurs. « C’est bien de confier la gestion de l’épidémie aux préfectures car elles ont une vision très localisée, mais cela fait porter une énorme responsabilité sur les préfets et le maire », estime Yves Bommenel.

Mais le président du syndicat des musiques actuelles insiste : « Il n’est pas question de remettre en cause les préconisations sanitaires. Le problème c’est que, depuis des mois, la politique du gouvernement se résume à un pas en avant, un pas en arrière. »

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