Manuel Valls candidat à la mairie de Barcelone, c'est une des principales figures de la politique française qui quitte la scène hexagonale - sans susciter beaucoup de regrets, notamment à gauche.
"Je pense que Manuel Valls est lucide sur le fait que les gens ont tourné la page. Et qu'il tourne la page aussi", commente auprès de l'AFP Benoît Hamon, vainqueur de la primaire PS de 2017 face à M. Valls.
"Manuel Valls fait partie des personnes qui ont organisé, éclairé la grande transhumance des élites de la gauche vers la droite. On voit à l'épreuve des faits, à travers le quinquennat de François Hollande et maintenant celui d'Emmanuel Macron, que cela n'améliore pas la vie des Français", analyse l'ancien candidat à la présidentielle qui a comme M. Valls quitté le Parti socialiste en 2017.
"Il est parti. Il part un peu plus loin", ironisait mardi quelques heures avant l'annonce de M. Valls le porte-parole du PS Boris Vallaud, ne souhaitant pas s'appesantir davantage.
Le sénateur PS Rachid Temal se montre plus vindicatif. "C'est le dernier épisode d'une mauvaise série B. Donc heureusement que le +the end+ arrive enfin", raille-t-il auprès de l'AFP, en apportant "tout (son) soutien aux camarades socialistes espagnols du PSOE à Barcelone".
Adversaire de M. Valls lors des législatives de 2017, l'Insoumise Farida Amrani s'est dite mardi soir "triste et déçue" pour les habitants de sa circonscription, accusant M. Valls de "trahi(r) sa patrie". Elle sera candidate pour lui succéder, alors que M. Valls a annoncé qu'il démissionnerait prochainement de tous ses mandats en France.
"Il fait un pari osé, risqué. Il a été très maltraité par LREM, il en tire les enseignements", avait commenté dans la journée le chef de file des députés LR, Christian Jacob, à propos de celui qui occupe à l'Assemblée l'ancien bureau de François Fillon.
- "Statut à part" -
Manuel Valls, qui avait apporté son soutien à Emmanuel Macron avant la présidentielle, a reçu mardi matin des encouragements en provenance du gouvernement. "C'est une belle illustration de l'Europe", a estimé sur Sud Radio la secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Nathalie Loiseau.
Le ministre du Budget Gérald Darmanin (ex-LR) trouve du "panache" au geste du député de l'Essonne. "Manuel Valls (...) est quelqu'un que l'Europe et la République ont de la chance d'avoir dans leurs rangs", a-t-il affirmé sur France Inter.
Du côté des députés LREM, avec qui M. Valls avait décidé de siéger, on salue la démarche "transfrontalière" de M. Valls. Sans regretter particulièrement son départ. Manuel Valls "avait un statut un peu à part, des positions un peu à part" au sein du groupe LREM, constate le député Aurélien Taché. "Il a quand même pris des positions très hétérogènes par rapport à celles de LREM, et même par rapport au président de la République", note-t-il.
C'est finalement du côté du centre-droit que sont venus les mots les plus chaleureux. "J'ai beaucoup d'estime pour Manuel Valls. Qu'il prenne ce risque renforce mon estime pour lui", salue auprès de l'AFP le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde.
"Il a été un bon Premier ministre d'un mauvais président de la République. Dans les circonstances qui ont été celles qu'il a connues au gouvernement, celles des attentats, il tenait la barre plus que son président", ajoute le co-président des députés UDI-Agir, qui regrette qu'Emmanuel Macron n'ait pas utilisé "son expérience et ses talents".
M. Lagarde n'est pas de ceux qui pensent que Manuel Valls prend nécessairement un aller sans retour pour la Catalogne: "J'espère pour lui qu'il remportera cette élection à Barcelone. Mais s'il échouait et revenait à l'Assemblée nationale, son expérience et son talent, même après neuf mois d'absence, apporteraient sans doute plus que certains députés présents 24 heures sur 24", juge-t-il.
Le maire d'Evry Francis Chouat, resté ami de Manuel Valls, a salué mardi soir dans un communiqué un "choix courageux". "Manuel Valls choisit de changer de vie. Irréversiblement", a-t-il affirmé.