A quoi va ressembler cette nouvelle rentrée scolaire sous covid ?

A quoi va ressembler cette nouvelle rentrée scolaire sous covid ?

Le ministre de l’Education nationale a présenté, jeudi, le protocole sanitaire dans les écoles, alors que la quatrième vague de Covid menace toujours. « Nous pouvons avoir une maîtrise » de la situation, soutient Jean-Michel Blanquer.
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Dernière rentrée du quinquennat pour le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Une nouvelle reprise sous le signe du Covid. Pour sa conférence de presse de rentrée, depuis les jardins du ministère, Jean-Michel Blanquer a d’abord pris le temps de rappeler son action rue de Grenelle – dédoublement des classes en zone d’éducation prioritaire, importance des savoirs fondamentaux, réforme du bac, défense du sport à l’école, etc – ainsi que les revalorisations salariales pour les professeurs : « 1,5 milliard d’euros de plus, comparé à 2020 », qu’on retrouve surtout pour les débuts de carrière, avec une hausse « de 169 euros par mois », affirme le ministre. Objectif affiché : que « pas un seul professeur ne gagne moins de 2.000 euros nets par mois » à terme.

Près de 90 % des professeurs en passe d’être totalement vaccinés

Seulement, la crise sanitaire est toujours là et bien là. Du côté de l'Outre-Mer, la rentrée sera reportée au 13 septembre en Guadeloupe et Martinique, comme annoncé mercredi 25 août. Les écoles de la métropole sont soumises à un protocole, avec quatre niveaux, selon l’état de l’épidémie. Bien que l’incidence varie du simple au quadruple d’un département à l’autre, toute la métropole sera en niveau 2 pour la rentrée, soit des cours en présentiel pour tous. Le ministère préfère attendre tous les retours de vacances pour d’éventuels changements.

Jean-Michel Blanquer n’exclut pas « des mesures locales ». « Nous ne nous interdisons pas de faire évoluer ce niveau en fonction des circonstances. Il peut y avoir dans le futur une aggravation de ce niveau, soit à l’échelle globale, soit dans tel ou tel territoire », précise le locataire de la rue de Grenelle, qui rappelle l’objectif de la France : « Que les écoles soient ouvertes ».

Il compte aussi sur le taux de vaccination des professeurs. Après un certain flou sur les chiffres, Jean-Michel Blanquer a présenté les résultats d’un sondage Ipsos (réalisé du 10 au 16 août). 78 % des professeurs déclarent avoir un schéma vaccinal complet, 11 % avoir une première dose et 8 % ne comptent pas se faire vacciner. Ce qui justifie, pour le ministre, l’absence de vaccination obligatoire.

« Les nouvelles infections auront lieu chez les enfants »

Le variant delta, six fois plus contagieux, ne risque-t-il pas d’entraîner plus de fermetures de classes ? Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique craint une hausse conséquente des cas à l’école. « La moitié des nouvelles infections auront lieu chez les enfants à partir de l’automne puisqu’ils sont non-vaccinés », a mis en garde Arnaud Fontanet sur France Inter. Selon le ministre, ça devrait bien se passer. « Nous pensons que nous pouvons avoir une maîtrise de cela », répond Jean-Michel Blanquer, qui s’appuie sur l’exemple de l’île de La Réunion, où la rentrée a déjà eu lieu. « 0,2 % des classes » y sont fermées pour le moment pour cause de covid. « S’il le faut, il y aura beaucoup de classes fermées. Ça peut arriver », reconnaît-il.

Fermeture de classe dès le premier cas seulement pour le primaire

Le protocole sanitaire mis en place risque de ne pas suffir. Par exemple, le protocole a été allégué lorsqu'un cas se révèle positif dans une classe. « A la fin de l’année scolaire, [le protocole] était : un cas [de contamination entraînait] une fermeture de classe à l’école primaire, et au secondaire », a rappelé le ministre. La règle ne s’applique plus que pour « l’école primaire » en cette rentrée, où les enfants ne sont pas vaccinés. L’idée est toujours de maintenir au maximum les classes ouvertes. Le ministre compte, là aussi, sur la vaccination. Dans le secondaire, 57 % des 12/17 ans ont reçu au moins une dose pour l’heure.

Capteurs de CO2 : pas d’obligation et les collectivités pourront être financièrement aidées par l’Etat

Les gestes barrières sont toujours au programme : port du masque à l’intérieur, aération par l’ouverture des fenêtres. L’installation de capteurs de CO2 est clairement encouragée. Ils permettent de savoir quand aérer pour renouveler l’air et éviter les contaminations par aérosols. Une idée défendue par certains médecins (lire ici), mais pas suffisante pour d'autres médecins qui recommandent plutôt d'investir dans des purificateurs d'air. 

« Depuis le début de la crise, nous recommandons d’avoir des capteurs de CO2 », a affirmé le ministre, jeudi. Une affirmation inexacte, le ministre avait commencé à en parler en avril dernier, soit plus d'un an après l'apparition du Covid. La mesure est préconisée par de nombreux médecins depuis des mois (lire notre article), sans qu’elle n’ait été généralisée. Jean-Michel Blanquer n’entend d’ailleurs pas les rendre obligatoires. « Il s’agit d’une compétence des collectives locales, et nous respectons ces compétences », rappelle-t-il.

« Aujourd’hui, nous insistons sur le fait que la généralisation est quelque chose de souhaitable, même si le capteur de CO2 n’est jamais qu’un thermomètre », dit-il. Et d’insister : « Le capteur de CO2 est un outil utile, donc nous poussons à sa généralisation ». Le ministre souligne son faible coût, autour de « 50 euros ». Là encore, les collectivités rétorquent qu'un capteur CO2 coût plutôt entre 100 et 200 euros. « Si besoin », les « collectivités qui auraient un problème financier pour les acheter seront aidées », ajoute le ministre. 

Objectif : 600.000 tests par semaine à la primaire

Lundi, le président de la commission de l’éducation du Sénat, le centriste Laurent Lafon, avait appelé le ministre à envoyer un message « beaucoup plus clair » sur les capteurs de CO2. Le président du groupe LR, Bruno Retailleau, s’est lui prononcé pour leur obligation (lire notre article). Jean-Michel Blanquer encourage également à la mise en place de « purificateurs d’air », notamment « quand il n’y a pas de fenêtre ». Il s’agit là aussi d’une compétence des collectivités.

Côté test, il prévoit « 600.000 tests par semaine à la primaire ». Deux autotests par semaine seront aussi donnés « à chaque adulte ». Mais plutôt que des tests une fois que des symptômes apparaissent, ne faut-il pas mettre en place des tests itératifs, c’est-à-dire répété deux ou trois fois semaines, dans les écoles, pour agir en amont ? Le ministre ne les exclut pas. « Dans les territoires où le virus circule très fortement nous sommes capables d’avoir des tests itératifs », assure le ministre, répondant à publicsenat.fr. Il est prêt à mettre en place « des tests supplémentaires […] quand cela le nécessite ».

Vaccination des enfants : une attestation sur l’honneur des parents suffit pour éviter l’isolement

Si un cas positif apparaît, seuls les cas contacts non vaccinés devront être isolés pendant 7 jours, et suivre les cours à distance. Les vaccinés ne sont pas concernés. Comment vérifier que les élèves en question sont bien vaccinés ? Rien n’est prévu, ou presque. Cela se fera « sur déclaration des parents ou responsables légaux », selon le dossier de presse.

Précision : « Cette déclaration des parents ou responsables légaux prendra la forme d’une attestation sur l’honneur et des contrôles seront assurés par l’Assurance maladie ». Pour Jean-Michel Blanquer, il n’est pas question de mettre en place le passe sanitaire « en milieu scolaire », car l’école est, et doit rester « un sanctuaire ».

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