Soignants : « Il faut réenchanter l’hôpital », réclame le syndicat national des infirmiers
Alors que le gouvernement détaille l’ouverture de nouvelles places en formation pour le personnel soignant, le Syndicat national des professionnels infirmiers réclame que l’on s’attelle aux problèmes de fond de la profession.

Soignants : « Il faut réenchanter l’hôpital », réclame le syndicat national des infirmiers

Alors que le gouvernement détaille l’ouverture de nouvelles places en formation pour le personnel soignant, le Syndicat national des professionnels infirmiers réclame que l’on s’attelle aux problèmes de fond de la profession.
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Le Ségur de la santé et le plan de relance se concrétisent pour le milieu médical. Ce jeudi, le gouvernement détaille la mise en place d’une enveloppe de 200 millions d’euros dédiée à la création de 16 000 nouvelles places d’ici 2022 au sein des instituts de formation pour les métiers d’infirmiers, d’aides-soignants et pour les accompagnants éducatifs et sociaux. En partenariat avec les Régions, le premier ministre Jean Castex s’engage donc à ouvrir 12 600 places pour les rentrées 2021 et 2022. Un processus qui devrait permettre, selon le gouvernement « d’atteindre l’objectif de former 16 000 professionnels supplémentaires et ainsi améliorer la qualité de notre système de santé ». Un moyen, également, d’apporter des éléments de réponses au malaise rencontré par le personnel soignant, qui demande depuis plusieurs mois des comptes au gouvernement.

Pour autant, si la formation représente un sujet préoccupant chez les soignants, ces ouvertures de place rencontrent un enthousiasme modéré dans les milieux syndicaux, qui pointent du doigt un exercice de communication, et la persistance de problèmes plus profonds dans le milieu médical. « La question n’est pas tant de former du personnel, nous formons déjà 26 000 infirmiers par an », réagit Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). « Il faut plutôt fidéliser ce personnel, car 30 % des jeunes diplômés infirmiers abandonnent le métier dans les cinq ans qui suivent leur diplôme, et 180 000 infirmiers en âge d’exercer qui n’exercent plus ».

« Il y a une perte de sens »

Pour le porte-parole syndical, il reste de nombreux sujets d’attente auxquels le gouvernement n’apporte pas de piste de réponse. « Il y a le problème de la reconnaissance des compétences infirmières, notamment, celui de la reconnaissance salariale également. Le Ségur de la Santé a bien revalorisé les salaires des personnels soignants, mais de manière totalement insuffisante. Avant le Ségur nous étions -20 % sous le salaire européen moyen, après le Ségur on se retrouve à -10 %. La France se classe aujourd’hui 18e sur 29 en termes de rémunération. » Et c’est la non-prise en compte de cette situation par le gouvernement qui engendre un manque de personnel chez les soignants. Selon le syndicat, entre le mois de juin et le mois de septembre, les postes vacants sont passés de 7 500 à 34 000, suite aux annonces du Ségur. Par ailleurs, les soignants pointent du doigt un comportement contradictoire du gouvernement, notamment suite à l’annonce de la fermeture de l’Institut parisien de formation des soins infirmiers de François Rabelais.

Le sujet de fond, aujourd’hui, dépasse donc de loin celui de la formation, assure Thierry Amouroux. « Il faut donner envie au personnel de revenir en faisant en sorte qu’il y ait du sens à l’exercice », réclame-t-il. « Aujourd’hui, pour les infirmiers, les directeurs d’hôpitaux veulent un technicien spécialisé dans une usine à soin alors que les patients attendent une relation d’accompagnement, une éducation thérapeutique. Eux ne voient que le quantitatif quand il faudrait penser au qualitatif, il y a une perte de sens. Nous en attendons plus du gouvernement, qui doit réenchanter l’hôpital, fidéliser le personnel, et faire revenir ceux qui sont partis en leur proposant des meilleures conditions », conclut le syndicaliste.

 

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