Fausse joie pour les opposants aux néonicotinoïdes. Le Sénat a d’abord supprimé par erreur l’article 1 du projet de loi qui permet la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour sauver la filière de la betterave. Après un nouveau vote à la fin de la séance, le Sénat a fini par adopter les dérogations à l’interdiction des néonicotinoïdes.
Néonicotinoïdes : le Sénat supprime par « inadvertance » les dérogations avant de les autoriser
Fausse joie pour les opposants aux néonicotinoïdes. Le Sénat a d’abord supprimé par erreur l’article 1 du projet de loi qui permet la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour sauver la filière de la betterave. Après un nouveau vote à la fin de la séance, le Sénat a fini par adopter les dérogations à l’interdiction des néonicotinoïdes.
Drôle de reprise de séance mercredi soir au Sénat. Lors de l’examen du projet de loi qui autorise la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour sauver la filière de la betterave, un amendement de suppression de l’article 1 a été adopté avec 159 voix pour et 158 contre. C'est l’article qui autorise le principe de la dérogation à l'interdiction sur le sol français des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles. Un coup de théâtre car le texte est soutenu par la majorité sénatoriale de la droite et du centre.
« Confusion » autour du vote électronique
Joël Labbé, sénateur écologiste avait promis de provoquer un « débat de fond sur le modèle agricole » mais il ne s’attendait sûrement pas à voir adopter son amendement de suppression de l’article 1 qui autorise les dérogations. La raison ? « Un groupe a voté par inadvertance » lors du scrutin public électronique selon l’explication de la rapporteure LR du texte, la présidente de la commission des affaires économiques, Sophie Primas. C’est le groupe Union centriste qui est à l’origine de la bévue. 41 parlementaires du groupe ont voté pour l’amendement de suppression.
« J’en appelle à une deuxième délibération pour m’assurer que l’ensemble des votes à une voix près était bien exprimé et que le remplacement des jarres par les boutons électroniques n’a pas porté à confusion » a demandé le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie après une courte suspension de séance.
Une fausse joie donc pour les opposants au retour des néonicotinoïdes. À la fin de la séance, le gouvernement a fait voter un amendement qui reprend l’article 1 supprimé par mégarde. Après une dernière demande de scrutin public du groupe écologiste, le Sénat a voté l’ensemble du texte avec 184 voix pour et 128 contre.
« Souveraineté agroalimentaire française » contre défense de la biodiversité
Durant une bonne partie de la journée, un débat a opposé deux camps irréconciliables. D’un côté le gouvernement et la majorité sénatoriale de la droite et du centre qui ont défendu « un choix de souveraineté agroalimentaire française ». Cette année le puceron vert s’est attaqué aux plantations de betterave, menaçant toute la filière sucrière française soit 46 000 emplois directs. De l’autre côté, la gauche du Sénat (PS, écologistes et communistes) voit dans ce projet de loi un reniement du gouvernement et un texte contraire à la charte de l’Environnement, à valeur constitutionnelle. Les néonicotinoïdes sont, en effet, interdits depuis 2018, suite à la loi sur la biodiversité votée en 2016. La loi sur la biodiversité autorisait des dérogations à l’interdiction des néonicotinoïdes jusqu’au 1er juillet 2020, un nouveau texte de loi s’avèrait donc nécessaire pour maintenir les dérogations. Les néonicotinoïdes sont responsables « de la perte de 85% des insectes de nos campagnes » (…) M. le ministre, vous savez et pourtant vous permettez l’autorisation d’un poison » a dénoncé le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard lors d’un débat houleux avec Julien Denormandie (voir notre article)
Lors du débat, le ministre de l’Agriculture a d’ailleurs rappelé que 11 pays sur 14 pays européens producteurs de betterave avaient déjà adopté des dérogations. Le projet de loi, adopté en première lecture par les députés, autorise les dérogations pour les traitements enrobés, et non pour les traitements foliaires (pulvérisation) plus nocifs pour les insectes pollinisateurs. Il a également estimé qu’il n'existait aucune « alternative d’échelle » aux néonicotinoïdes en ce qui concerne la filière de la betterave.
« Une boîte de pandore »
Le sénateur communiste de Seine-Saint-Denis, Fabien Gay et le sénateur socialiste de la Loire, Jean-Claude Tissot ont fait part de leur inquiétude en ce qui concerne « le risque d’inconstitutionnalité » de l’article 2 du projet de loi qui pourrait conduire « à une rupture d’égalité » en autorisant les dérogations uniquement « aux semences de betteraves sucrières ». « Une boîte de pandore » pour la gauche du Sénat. « Que répondrons-nous aux producteurs de noisettes, de lentilles, de maïs ? Quels arguments nous leur opposerons alors qu’on a dit oui à la betterave ? » a demandé Fabien Gay.
Le Sénat adopte le principe du : « pas d’interdiction sans alternative »
Parmi les apports du Sénat, deux amendements de la sénatrice LR Sophie Primas ont été adoptés avec l’avis défavorable du gouvernement. Le Sénat suspend ainsi le retrait d’une autorisation de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques à l'existence de produits ou de méthodes alternatives disponibles : Le principe du : « pas d’interdiction sans alternative ». Enfin, le Sénat a voté à l’unanimité l’interdiction de l’importation de denrées alimentaires ne respectant pas les normes minimales requises sur le marché européen. Un amendement contraire au droit européen pour Julien Denormandie.
Avec le non-recours au 49.3, les socialistes ont été entendus par Sébastien Lecornu. Mais ils sont désormais contraints à voter le budget de la Sécurité sociale pour valider la suspension de la réforme des retraites. Un véhicule législatif confirmé par le Premier ministre, ce mercredi. Sans cette arme du parlementarisme rationalisé, les budgets de la Sécurité sociale comme celui de l’Etat seront également amendés par la droite. Ce qui pourrait amener à des copies finales difficiles à assumer pour les socialistes.
Le Premier ministre d’exprime devant les sénateurs à partir de 15 heures ce 15 octobre. Il est attendu notamment sur la question des collectivités territoriales, et sur la suspension de la réforme des retraites.
« Le scénario économique pour l’année 2026 repose sur une hypothèse optimiste », affirme devant le Sénat Pierre Moscovici, président du Haut conseil des finances publiques. Il doute de la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs, avec un budget dont la copie finale est très incertaine. Seule « bonne nouvelle » : « Un début d’amélioration de nos finances publiques » en 2025, après « le bug majeur de 2024 ».
Après l’annonce de la suspension de la réforme des retraites par Sébastien Lecornu, le Parti socialiste a indiqué ne pas censurer d’emblée le nouveau gouvernement. Président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner se réjouit de la « réponse très claire » obtenue sur cette revendication du PS, mais assure ne pas donner « un blanc-seing » à l’exécutif.
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Discours de politique générale de Sébastien Lecornu au Sénat
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