Quand Alain Fischer, « le nouveau Monsieur vaccin » faisait ses préconisations aux parlementaires
Le professeur d’immunologie, Alain Fischer, a été nommé jeudi président d’une nouvelle instance chargée de conseiller le gouvernement dans sa stratégie vaccinale anti Covid-19. Le 19 novembre dernier, il était auditionné par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) à propos des futurs vaccins contre le coronavirus.

Quand Alain Fischer, « le nouveau Monsieur vaccin » faisait ses préconisations aux parlementaires

Le professeur d’immunologie, Alain Fischer, a été nommé jeudi président d’une nouvelle instance chargée de conseiller le gouvernement dans sa stratégie vaccinale anti Covid-19. Le 19 novembre dernier, il était auditionné par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) à propos des futurs vaccins contre le coronavirus.
Public Sénat

Par Pierre Maurer

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Le gouvernement a choisi un habitué à faire le pont entre science et grand public. Alain Fischer, professeur d’immunologie et spécialiste de l’immunité, a été nommé président d’un « conseil d’orientation de la stratégie vaccinale » chargé de conseiller le gouvernement dans sa stratégie vaccinale anti Covid-19, a annoncé le Premier ministre, Jean Castex jeudi en conférence de presse. « Pour que cette vaccination soit efficace, il faut établir la confiance, et cette confiance ne peut pas être une injonction verticale émanant des autorités de l’Etat », a averti le professeur Fischer au cours de cette conférence.

Peu ou prou, ce qu’il affirmait déjà à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) lors de son audition le 19 novembre dernier. « Les politiques vont avoir un rôle majeur dans la stratégie de vaccination », avertissait-il, invitant les décideurs à se poser la question : quelle politique mener pour faire en sorte que la population et les professionnels de santé soient suffisamment convaincus de la vaccination ? Première piste du directeur de recherche à l’Inserm et directeur de l’institut des maladies génétiques Imagine : « Il y a un énorme effort à faire d’information, de façon transparente ». Déjà, il plaidait pour que les messages du gouvernement vers la population ne soient pas « verticaux ». « À chaque fois qu’il sera possible, il faudra faire participer la société civile aux recommandations, à travers les très nombreuses associations du domaine de la santé. Ce serait un bon intermédiaire entre les décisions politiques et le reste de la population », préconisait-il, trouvant qu’il « n’y a pas assez d’interactions entre le monde politique et le monde associatif qui exerce un rôle remarquable ».

« Vacciner dans le plus d’endroits possibles et par le plus de personnels soignants possibles »

Il affirmait également que l’obligation vaccinale « n’était pas à l’ordre du jour ». Concernant la stratégie vaccinale, il estimait qu’il « faudrait vacciner les personnes à risques en priorité, si on a des évidences raisonnables d’efficacité du vaccin chez les personnes à risques ». Et se faisait prudent : « Chez les personnes âgées, la situation d’une personne de 60 ans en bonne santé n’est pas la même que celle d’une personne âgée de 80-90 ans qui est en Ehpad. Il va probablement falloir stratifier de façon beaucoup plus fine », imaginait-il en attendant les préconisations de la Haute Autorité de Santé (HAS), dévoilées lundi. Toujours sur la stratégie vaccinale, il souhaitait « ne pas faire comme en 2009 », lors de l’épidémie de grippe H1N1, et autoriser les médecins généralistes et les infirmiers à vacciner. « Il faut trouver toutes les modalités possibles pour qu’il soit facile d’être vacciné dans le plus d’endroits possibles et par le plus de personnels soignants possibles. Cela nécessite que les personnels de la santé soient bien informés et soient convaincus de la pratique de la vaccination », insistait-il.

Enfin, il rassurait les parlementaires inquiets de la mise sur le marché des vaccins à une vitesse inédite. « Les règles qui pourraient aboutir à la mise sur le marché de ces vaccins ne dérogent pas aux éléments d’analyses sur la qualité du produit, sur l’analyse toxicologique, sur la sécurité d’emploi clinique. Les agences de santé vont regarder tout cela. Il n’y aura pas d’autorisation de mise sur le marché si les réponses à ces questions ne sont pas bonnes », assurait-il.

Il attendait en outre deux qualités du vaccin : d’abord la protection, que « l’individu infecté ne fasse pas d’infection ». La seconde, « savoir si le vaccin est protecteur à l’égard de la transmission du virus ». La réponse à cette question « ne viendra que plus tard », estimait-il. Une fois que la réponse à cette question sera connue, « on pourra savoir si on peut créer un niveau d’immunité de groupe qui permettra de faire diminuer considérablement la circulation du virus », indiquait-il. Là encore, il faudra être patient : « Les réponses à ces questions viendront au mieux au deuxième semestre 2021 ».

Alain Fischer n’était pas le premier choix du gouvernement, comme le rapporte le Monde. Il remplace un premier « monsieur vaccin » qui avait été nommé début octobre et qui a depuis été discrètement écarté, en raison de ses anciennes activités de lobbyiste pour des grands laboratoires américains.

En 2016, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, avait déjà fait appel à Alain Fischer pour présider le comité d’orientation d’une grande concertation citoyenne sur la vaccination, destinée à répondre à la « défiance » croissante d’une partie de la population. Les propositions de son rapport avaient notamment conduit le gouvernement à rendre obligatoires huit vaccins supplémentaires chez les jeunes enfants, jusqu’alors seulement recommandés, en plus de trois qui l’étaient déjà.

Partager cet article

Dans la même thématique

Quand Alain Fischer, « le nouveau Monsieur vaccin » faisait ses préconisations aux parlementaires
3min

Politique

Budget 2026 : « Je ne sais plus où habitent les socialistes », affirme Éric Coquerel 

Invité de la matinale de Public Sénat, Éric Coquerel, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale et député insoumis de Seine-Saint-Denis s’étonne de positions défendues par les socialistes dans les débats budgétaires. Ce dernier alerte également sur les risques de dépasser les délais constitutionnels d’examen du budget.

Le

Quand Alain Fischer, « le nouveau Monsieur vaccin » faisait ses préconisations aux parlementaires
3min

Politique

Santé mentale : « 25% des lycéennes ont déjà pensé à la mort », s’alarme la spécialiste Angèle Malâtre-Lansac

Décrété « Grande cause nationale » en 2025, les troubles de la santé mentale concernent 13 millions de français. Un enjeu de santé publique qui touche fortement la jeunesse. Si la question est au centre du débat public, les solutions tardent à être mises en place et le secteur de la psychiatrie manque de moyens. Cette semaine dans Et la Santé ça va ?, Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Céline Brulin et Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la Santé mentale pour en débattre.

Le

Quand Alain Fischer, « le nouveau Monsieur vaccin » faisait ses préconisations aux parlementaires
4min

Politique

Armement : Kaja Kallas appelle la France à « augmenter les cadences de production »

C’est la voix de la diplomatie européenne. Au moment où le cessez le feu connait des ratés à Gaza, et où la guerre s’enlise en Ukraine, quelle place pour les Européens ? Comment peser sur les grands conflits en cours ? Guerre en Ukraine, cessez-le-feu à Gaza, ou encore traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Kaja Kallas défend son action et répond sans détour aux questions de Caroline de Camaret et d’Armen Georgian dans Ici l’Europe.

Le