Rentrée scolaire : « On a besoin de réponses précises », insiste la secrétaire générale du Snes-Fsu

Rentrée scolaire : « On a besoin de réponses précises », insiste la secrétaire générale du Snes-Fsu

Le ministre de l’Education a détaillé, dimanche, le protocole sanitaire pour la rentrée des classes. De fortes inquiétudes subsistent dans les organisations d’enseignants et de parents d'élèves. Le flou sur les moyens déployés pour installer des détecteurs de CO2 dans les classes est également dénoncé au Sénat.
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Par Héléna Berkaoui

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A l’approche de la rentrée scolaire, le ministre de l’Education s’est exprimé dans les colonnes du JDD, dimanche. Il y dévoile le protocole sanitaire qui s’appliquera à partir du 2 septembre. Des annonces qui se sont fait attendre et qui ne satisfont que partiellement les syndicats d’enseignants et les parents d’élèves. Le chef des LR au Sénat appelle, lui, à munir tous les établissements de capteurs de CO2 pour prévenir les transmissions par aérosols.

Sur les quatre scénarios envisagés, Jean-Michel Blanquer a retenu un protocole dit de niveau 2 pour la France métropolitaine (voir encadré ci-dessous). Pour les écoles, les collèges et les lycées, les cours se dérouleront en présentiel avec port du masque obligatoire dès le primaire.

Protocole sanitaire
Ministère de l'Education nationale

En cas de contamination dans une classe, les élèves vaccinés pourront rester

En cas de contamination pour les classes de collèges et de lycées, les élèves sans vaccination complète connaîtront une période d’isolement de sept jours avec un enseignement à distance. Les élèves avec un schéma vaccinal complet pourront eux rester en classe, sur la base d’une attestation parentale, « l’Assurance maladie pourra vérifier le statut vaccinal des contacts à risque ».

Pour les classes de primaire, elles seront fermées dès le premier cas de contamination et l’apprentissage se poursuivra en distanciel. A ce jour, la vaccination n’est pas ouverte aux enfants de moins de douze ans.

Aux Antilles et en Polynésie Française, où un nouveau confinement vient d’être mis en place, les établissements scolaires seront soumis à un régime beaucoup plus strict. « Nous prendrons la semaine prochaine des mesures spécifiques, qui pourraient aller au-delà du niveau 4 », a précisé le ministre.

Dans son interview, Jean-Michel Blanquer a également dit sa volonté de généraliser les capteurs de CO2 dans les classes. « Nous aiderons (les collectivités) qui auraient des difficultés pour aller vite dans cet investissement nécessaire et raisonnable », assure le ministre de l’Education.

De nombreuses questions restent en suspens

Des annonces qui n’apportent pas satisfaction à dix jours de la rentrée scolaire. « On a le sentiment d’être bloqués dans le mauvais épisode d’une très mauvaise série où le ministre n’anticipe pas la rentrée », souffle Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-Fsu, premier syndicat du secondaire. Elle juge ces annonces encore trop évasives.

« On a besoin de réponses précises. Sur les tests, par exemple. Qui sera chargé de les superviser ? Où va-t-on faire les tests ? Que va-t-on faire des déchets ? Depuis le début du mois de juillet, on demande des réponses. En vain. », souligne-t-elle. 

La problématique est la même pour la vaccination et les capteurs de CO2, où les déclarations apparaissent trop générales. « Qui va recueillir le consentement des familles pour la vaccination ? Qui surveillera les élèves après la vaccination ? », interroge-t-elle encore.

« A ce stade, je ne vois pas comment les choses pourront être prêtes pour la rentrée scolaire », estime la secrétaire générale de la Snes-Fsu.

Pour une réelle généralisation des détecteurs de CO2

Dans une tribune publiée dans Le Monde jeudi dernier, médecins et enseignants alertent également sur une rentrée à haut risque face au variant Delta. « Il nous apparaît aujourd’hui impensable, pour la majorité des départements français, d’envisager une reprise au « niveau 2 » du protocole sanitaire, alors que le taux d’incidence chez les 0-19 ans est cinq fois supérieur à celui de la rentrée 2020 », écrivent-ils.

Ils pointent également les insuffisances des dispositifs pour prévenir la transmission par aérosols. A ce titre, le président du groupe LR au Sénat appelle à ce que chaque classe soit obligatoirement équipée d’un capteur de CO2. « Le coût est modeste, quelques dizaines d’euros, et devrait être pris en charge à 50/50 par l’état et les collectivités », plaide-t-il sur son compte Twitter.

Sur les capteurs de CO2, « il faut que le message soit beaucoup plus clair », juge le président de la commission de la Culture et de l’Éducation au Sénat, Laurent Lafon. Dans son interview, on ne sent pas de demande impérative d’installer des capteurs de CO2, il faut que le ministre clarifie sa position vis-à-vis des collectivités. » D’autres pays comme l’Irlande ou le Québec ont d’ailleurs fait le choix d’équiper toutes les classes en détecteurs de CO2.

Le sénateur socialiste, Bernard Jomier, rappelle quant à lui les préconisations de la mission d’information sénatoriale. Outre la vaccination, il appelle au « dépistage répété pour les moins de 12 ans avec isolement des cas positifs ». Une position partagée par Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur, qui intervenait ce lundi sur France Inter.

« Les modélisations faites par l’Institut Pasteur montrent que la moitié des nouvelles infections auront lieu chez les enfants, à partir de l’automne », prévient l’épidémiologiste. Selon lui, la vaccination n’arrivera pas avant 2022 pour les 5-12 ans. En l’attente, il plaide pour un dépistage « deux fois par semaine » qui « permettrait de dépister rapidement les cas mais surtout de les renvoyer à la maison sans fermer l’école, car c’est la priorité, de garder les écoles ouvertes ».

Fermeture des classes de primaire : « Une catastrophe éducative »

Le coprésident de la fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) Rodrigo Arenas, craint « une catastrophe éducative » pour les classes de primaire qui fermeront dès le premier cas de contamination. « Il y a des espaces disponibles pour accueillir des classes hors des écoles. Si vous avez une classe avec un cas positif, vous pouvez très bien la laisser ouverte et réaliser des tests salivaires pour les autres élèves chaque matin », suggère-t-il.

« L’Etat doit mettre en place les moyens financiers pour que les classes puissent rester ouvertes », martèle Rodrigo Arenas. Ne serait-ce que « sur les masques qu’il faut changer toutes les trois heures ou même sur les sanitaires qui ne sont pas toujours adaptés ». Lui aussi déplore que ces questions n’aient pas été réglées en amont.

Le ministre de l’Education doit rencontrer les syndicats d'enseignants, mercredi matin, pour préciser les contours de ces annonces

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