Covid-19 : « Bazar », « demi-mesures », « impréparation »… Les sénateurs dénoncent les mesures envisagées par le gouvernement

Covid-19 : « Bazar », « demi-mesures », « impréparation »… Les sénateurs dénoncent les mesures envisagées par le gouvernement

Alors que Jean Castex reçoit les présidents des partis politiques et des groupes parlementaires ce mardi après-midi, pour les consulter sur le renforcement des mesures sanitaires, les sénateurs s’interrogent sur la méthode et les dispositifs envisagés par le gouvernement. 
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Par Pierre Maurer

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L’exécutif accélère face à la propagation du virus. Pour endiguer la deuxième vague de Covid-19, Emmanuel Macron a convoqué deux conseils de défense successifs, ce mardi matin et mercredi matin, au cours desquels doit être acté un renforcement des mesures sanitaires. Dans le même temps, le Premier ministre, Jean Castex, recevra ce mardi après-midi les responsables politiques puis les partenaires sociaux pour les « consulter sur les durcissements envisagés ». Après l’annonce des nouvelles mesures qui doit intervenir mercredi soir, un débat au Parlement au nom de l’article 50-1 de la Constitution, suivi d’un vote, devrait se tenir jeudi soir. Des nouvelles mesures et une méthode accueillies avec prudence - si ce n’est avec défiance - dans les rangs du Sénat. 

 

Le vice-président du Sénat, Roger Karoutchi (Les Républicains), interroge d’emblée : « Est-ce qu’on a le sentiment que le gouvernement a une ligne claire pour gérer cette crise? » « Non », cingle le sénateur des Hauts-de-Seine qui remplacera Gérard Larcher, le président du sénat, lors de la réunion avec Jean Castex. Le sénateur déplore l’impréparation du gouvernement à la seconde vague. « On nous parle d’un confinement le week-end (...) de reconfinements locaux … Mais quel bazar ! », s’exclame-t-il, alors que l’exécutif étudie plusieurs stratégies de renforcement des mesures, dont la possibilité de mettre en place un confinement le week-end et d’abaisser le couvre-feu à 19 heures. Dispositif qui ne retient pas ses faveurs : « Il faut que le gouvernement arrête les demi-mesures ! ».

Pour son collègue de l’Oise, Jérôme Bascher (LR), le gouvernement « n’est pas à la hauteur ». « Tout est décidé à l’Élysée. Depuis Jean Castex qui était ‘Monsieur déconfinement’, est-ce qu’on peut me dire qui s’occupe en permanence du Covid ? Qui peut me le dire ? (...) Il n’y a pas de pilote dans l’avion ». Il annonce : « Si nous ne sommes pas écoutés, alors peut-être que nous n’aurons pas d’accord jeudi soir. » 

 

« Nous allons d’état d’urgence en état d’urgence, et ensuite on est consultés »

 

Même son de cloche du côté d’Esther Benbassa, vice-présidente du groupe Écologiste - Solidarités et Territoires. « Un reconfinement le week-end, c’est une demi-mesure ! », regrette-t-elle. Atteinte de la Covid-19, et en isolement, elle plaide pour un reconfinement « généralisé ». « Mon bureau est devenu un cluster. Je suis contaminée, mon collaborateur est aussi malade. Cela veut dire que les méthodes employées jusqu’ici ne fonctionnent pas », estime-t-elle. De la réunion du premier ministre avec les groupes et partis politique, la sénatrice du Val-de-Marne n’attend rien. « C’est assez paradoxal. On donne l’impression qu’on fait participer les parlementaires (...) Or, nous allons d’états d’urgence en états d’urgence, et ensuite on est consultés », dénonce-t-elle. 

« Je suis très inquiet », confie le président du groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain, Patrick Kanner. « On accélère le calendrier et en même temps on se retrouve à regarder un exécutif qui court après l’épidémie de semaine en semaine, de jour en jour, et même d’heure en heure », observe l’ancien ministre des Sports de François Hollande. Le socialiste estime que les Français sont « soumis à une forme de supplice chinois qui traduit à un manque d’anticipation du gouvernement ». Lors de la réunion avec le Premier ministre, à laquelle il participera, Patrick Kanner entend tout de même faire part de sa confiance au gouvernement. « Nous sommes dans une logique de responsabilité. Le gouvernement, nous l’espérons, prend les bonnes décisions pour protéger les Français sur le plan sanitaire. Mais il y a aussi tout l’accompagnement social qui est nécessaire. Je souhaite, par exemple, que des mesures pour protéger les plus jeunes soient prises en considération », espère-t-il. Quant au débat parlementaire, il rappelle que « la réponse il y a une semaine c’était ‘Non, il n’y aura pas de débat. Quand vous voulez interpellez les ministres, il n’y a pas de problème, ils viendront à votre demande’. Et finalement on revient à ce débat, donc je suis content. Mais cet aller-retour, qui ressemble à du rétropédalage, n’est pas un bon signe pour la manière dont le gouvernement gère cette crise. » 

Le président du groupe Union Centriste, Hervé Marseille, salue, lui, l’initiative du gouvernement. « Je trouve pertinent et positif que le premier ministre reçoive l’ensemble des groupes politiques pour les éclairer sur les décisions qu’il entend prendre. J’ai suffisamment regretté que le Parlement ne soit pas considéré comme il fallait, que les institutions ne fonctionnent pas normalement... » Mais l’élu des Hauts-de-Seine prévient : « Quand on déclare la guerre, il y a des règles, des délais, et normalement le « Parlement doit être saisi. Le président de la République a dit que nous étions en guerre alors j’attends que le parlement puisse être entendu, considéré et que les discussions qu’ils prennent, soient discutées et soumises ici. »


Par ailleurs, les sénateurs Philippe Bonnecarrère (Union centriste) et Philippe Bas (Les Républicains) travaillent sur « des amendements importants », dévoile-t-il.S’ils sont acceptés, ces amendements permettraient d’avoir une gestion un peu plus parlementaire, démocratique, et efficace de la situation », veut-il croire. Et d’insister : « C’est l’intérêt du gouvernement et de notre pays que l’on puisse débattre des choix qui sont faits. C’est important si on veut qu’il y ait une acceptabilité. (...) Pour le moment, les gens se disent ‘ça change tout le temps, on ne sait plus où on en est’ (...) Il faut de la clarté. Il faut qu’on ait un débat, puis des décisions, et que tout ça puisse être fait dans la transparence et devant le Parlement. »  

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