Selon un sondage Ifop, seuls 44 % des électeurs français prévoient de se rendre aux urnes le 9 juin. Dans un scrutin européen marqué par l’abstention, le vote des jeunes sera particulièrement scruté. En 2019, leur mobilisation tardive avait fait grimper le vote écologiste. Feront-ils mentir les sondages en 2024 ?
Emmanuel Macron peut-il avoir la majorité aux législatives ?
Par Alice Bardo
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« Les Français n’ont pas donné un blanc-seing » à Emmanuel Macron, rappelle Guillaume Petit, directeur du département Image & Réputation chez Ipsos. Il reprend ainsi les mots d’Emmanuel Macron qui affirmait hier soir, lors de son discours sur l’esplanade du Louvre, être conscient que certains de ses électeurs ont voté pour lui afin de « défendre la République face à l’extrémisme » et non par conviction.
Parmi eux, « près de la moitié de l’électorat de François Fillon et de celui de Jean-Luc Mélenchon au premier tour », explique Guillaume Petit. Or « ces gens-là vont revenir vers leur famille d’appartenance » pour les législatives. D’où les résultats de l’étude réalisée par Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France LCP/Public Sénat, RFI-France 24, Le Point et Le Monde, qui fait état de 61% d’électeurs qui ne veulent pas donner de majorité à Emmanuel Macron.
Encore « un jeu d’équilibriste pour Macron »
« Ce chiffre de 61% va pouvoir être amplifié ou minoré dans les semaines à venir », tient à préciser le sondeur. Plusieurs évènements sont susceptibles d’avoir des conséquences sur le vote des 11 et 18 juin prochains, à commencer par la nomination du Premier ministre, qui devrait intervenir en début de semaine prochaine : « Ce choix aura une influence sur la volonté de certains candidats de rallier le mouvement En Marche (…) Macron aurait intérêt à présenter un Premier ministre de droite ou de centre droit car son électorat est plutôt de centre gauche. »
Emmanuel Rivière, directeur de Kantar Public France, n’est pas vraiment de cet avis : « Se doter d’un Premier ministre positionné à droite c’est risquer de renvoyer vers une posture d’opposition un certain nombre de députés socialistes sortants. » A l’inverse, s’il nomme un chef de gouvernement positionné à gauche, il risque de se voir reprocher une fois encore qu’il est la continuité du quinquennat précédent, ajoute-t-il. Encore un « jeu d’équilibriste pour Macron ».
L’autre rendez-vous susceptible de faire varier le pourcentage qui ressort de l’étude d’Ipsos/Sopra Steria, c’est l’annonce des noms des 577 candidats investis par En Marche, ce mercredi. La moitié d’entre eux devrait être issue de la société civile, a précisé ce matin Jean-Paul Delevoye, chargé des investitures d’En Marche. Celui-ci a toutefois précisé que cela ne signifiait pas qu’ils n’étaient pas engagés politiquement. Et si l’absence de couleur politique de certains peut rassembler les électeurs, les visages inconnus peuvent susciter l’inquiétude, estime Guillaume Petit. Selon Emmanuel Rivière, il y a une « petite schizophrénie chez les Français : ils veulent des visages nouveaux mais de fait leur comportement électoral a prouvé qu’ils n’étaient pas dans la répugnance à réélire des candidats sortants ».
« Le bipartisme est mort »
« Il n’y a pas d’évidence à ce que la victoire à l’élection présidentielle donne lieu à une majorité aux législatives », résume le directeur de Kantar Public France. Même s’il estime que « le bipartisme est mort », il rappelle qu’ « il y a deux pôles d’attractivité pour les socialistes : En Marche et La France Insoumise ». « Et il reste quand même quelque chose qui s’appelle le Parti socialiste », ajoute-t-il. Pour lui, Les Républicains restent les mieux placés. De quoi envisager une cohabitation, d’ailleurs souhaitée par 49% des Français d’après le sondage Kantar-sofres-onepoint pour LCI.