Européennes décevantes et correctionnelle, Mélenchon dans une ornière

Européennes décevantes et correctionnelle, Mélenchon dans une ornière

Élections européennes ratées, initiatives à gauche qui le marginalisent, auxquelles s'est ajouté jeudi un renvoi en...
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Par Baptiste BECQUART

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Élections européennes ratées, initiatives à gauche qui le marginalisent, auxquelles s'est ajouté jeudi un renvoi en correctionnelle pour les perquisitions houleuses d'octobre: le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon apparaît, à l'approche de la trêve estivale, dans une ornière.

Il avait pourtant souhaité, dimanche, devant ses militants réunis en assemblée représentative, se projeter sur la présidentielle de 2022, montrant en creux son désir d'oublier une année compliquée.

Mais la révélation jeudi de son renvoi en correctionnelle les 19 et 20 septembre à Bobigny pour actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire, rébellion et provocation - au côté de cinq proches dont deux députés -, vient le replonger dans de mauvais souvenirs.

La séquence très médiatisée de sa colère - "La République c'est moi" - face aux perquisitions chez lui et au siège de LFI le 16 octobre, dans le cadre d'enquêtes préliminaires sur les comptes de campagne de 2017 et sur les conditions d'emploi d'assistants d'eurodéputés, avait accentué son image de personnalité conflictuelle.

Chaque étape des diverses procédures "va remettre 100 balles dans la machine de la mémoire collective", prédit un ancien insoumis sous couvert d'anonymat. Conjugué à la fin de non-recevoir par M. Mélenchon dimanche des critiques internes, "cela dépeint une parodie de dictateur, entre caractère éruptif et oukazes", poursuit cette source.

La séquence des perquisitions est "venue briser" l'intention de Jean-Luc Mélenchon "qui commençait à ce moment précis à se mettre dans la position d'homme sage de François Mitterrand, pour être une valeur refuge pour les gens qui à gauche continuent de voter", analyse pour sa part David Cormand, secrétaire national d'EELV.

La direction de LFI n'a pas prévu d'expression publique, en dehors des réseaux sociaux. Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon a publié vendredi un long texte brocardant "la boucle police/justice/médias" qui "mouline sans état d'âme les plans du pouvoir contre l'opposition", alors que "la même +justice+ distribue à la chaîne des non-lieux dans toutes les affaires qui entourent le président de la République" et s'efforce d'"invisibiliser les milliers de condamnations de gilets jaunes".

"Dorénavant les perquisitions et les gardes à vue sont devenues le mode ordinaire d’intimidation des opposants écologique, syndicaux ou jeunes", tempête encore M. Mélenchon.

Une rhétorique "Nous contre le monde entier" qui montre que depuis plusieurs mois, "c'est en train de se crisper" chez LFI, avance un ex-cadre insoumis. Même si, souligne-t-il en référence aux perquisitions dans une quinzaine de locaux, "il est vrai que Jean-Luc Mélenchon a affronté un truc très violent".

- Hégémonie perdue -

Tandis qu'il "s'est fâché avec toute la place de Paris", dixit une figure insoumise, le reste de la gauche s'organise pour la suite, y compris dans son camp. La députée LFI Clémentine Autain tient dimanche un meeting pour un "big bang" de la gauche politique, associative et culturelle, au cirque Romanès. Sont attendus le patron de la CGT Philippe Martinez, le porte-parole du NPA Olivier Besancenot ou encore Guillaume Balas, le coordinateur pour Benoît Hamon de Générations.

Cet "archipel" de gauche viendrait, s'il se constituait, bel et bien disputer l'espace de la gauche radicale à Jean-Luc Mélenchon, qui lui tente plutôt de l'élargir via la stratégie populiste.

Le député insoumis François Ruffin a de son côté confié au Point jeudi: "En 2022, il n'est pas évident que notre famille politique doive absolument présenter un candidat. Les choses ont changé: LFI n'est plus hégémonique à gauche." "Je m'inscris dans la démarche du Front populaire", qui repose sur "une victoire dans les urnes" et "sur un grand mouvement dans la rue", a-t-il précisé vendredi à l'AFP, réfutant toute interrogation de sa part sur M. Mélenchon.

Selon David Cormand, celui-ci n'est pas à ce stade en voie de marginalisation: "Il a fait sept millions de voix à la présidentielle, il est une personnalité politique de premier plan dans un camp à gauche qui en manque singulièrement."

Si pour l'heure "Jean-Luc Mélenchon n'arrive pas à expliciter un récit" mobilisateur, rien ne dit pour M. Cormand qu'il n'aura pas le temps de le faire d'ici 2022.

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