Fillon mis en examen avant la présidentielle ? peu probable

Fillon mis en examen avant la présidentielle ? peu probable

L'hypothèse d'une mise en examen de François Fillon dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs de son épouse Penelope est...
Public Sénat

Par Pierre ROCHICCIOLI

Temps de lecture :

3 min

Publié le

L'hypothèse d'une mise en examen de François Fillon dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs de son épouse Penelope est juridiquement possible mais semble peu probable en termes de calendrier et de procédure avant la présidentielle.

Même si l'enquête ne fait que débuter et qu'aucun élément ne permet à ce stade d'étayer l'hypothèse de l'existence d'emplois fictifs, le candidat LR à la présidentielle a précisé jeudi sur TF1 qu'il renoncerait à se présenter si son "honneur était atteint, si (il était) mis en examen".

L'enquête préliminaire ouverte le 25 janvier donne la main au parquet national financier (PNF) pour ordonner au service enquêteur les investigations nécessaires (recueil de documents, perquisition, auditions de témoins et des mis en cause...) pour déterminer l'existence ou non d'emplois fictifs.

Au terme de cette enquête qui, selon plusieurs magistrats contactés par l'AFP, semble assez simple à réaliser mais dont aucun ne s'aventure à pronostiquer la durée, le parquet aura trois possibilités.

Il peut classer sans suite le dossier s'il estime les charges inexistantes ou insuffisamment étayées. Il peut a contrario délivrer une citation directe, s'il estime qu'il y a des charges suffisantes pour juger la personne soupçonnée d'un délit directement par le tribunal correctionnel. Concrètement, le mis en cause est jugé sans avoir été mis en examen.

Le parquet peut enfin décider l'ouverture d'une information judiciaire avec la saisine d'un juge d'instruction. Instruisant "à charge et à décharge", ce magistrat est saisi lorsqu'il est nécessaire de réaliser des investigations plus complexes ou pour éviter tout procès d'intention ou suspicion sur l'existence de pressions ou de manipulations politiques.

Le juge d'instruction met des suspects en examen dès lors qu'il dispose d'"indices graves et concordants" à leur encontre.

Dans le droit français, la désignation d'un juge d'instruction n'est obligatoire que pour les crimes pas pour les délits.

Le PNF dit "privilégier le recours aux enquêtes préliminaires" plutôt qu'aux informations judiciaires : en 2016, 74% de ses dossiers ont été traités en enquête préliminaire.

Un dossier sensible comme celui des primes en liquide du ministère de l'Intérieur dans lequel l'ancien bras droit de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant a été récemment condamné à deux ans de prison dont un ferme, avait été traité en enquête préliminaire pendant près de deux ans avant d'être directement transmis au tribunal pour y être jugé.

La durée moyenne d'une information judiciaire a été de 30 mois en 2015, selon l'annuaire statistique du ministère de la Justice. Sachant que la campagne officielle de la présidentielle débutera le 10 avril, il semble peu probable, en cas de désignation d'un juge d'instruction, que des mises en examen puissent intervenir avant cette date.

D'autant que la justice, même si rien ne l'y oblige procéduralement, a pour pratique de ne pas interférer dans le processus démocratique, en s'abstenant de prononcer des mises en examen de candidats avant une échéance électorale.

S'il était élu, François Fillon bénéficierait alors, comme tout président, d'une immunité durant son mandat qui repousserait de cinq ans l'hypothèse d'éventuelles poursuites, comme cela fut le cas pour Jacques Chirac dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris.

Dans la même thématique

Brussels Special European Council – Emmanuel Macron Press Conference
3min

Politique

Élections européennes : avant son discours de la Sorbonne, l’Élysée se défend de toute entrée en campagne d’Emmanuel Macron

Ce jeudi 25 avril, le président de la République prononcera un discours sur l’Europe à la Sorbonne, sept ans après une première prise de parole. Une façon de relancer la liste de Valérie Hayer, qui décroche dans les sondages ? L’Élysée dément, affirmant que ce discours n’aura « rien à voir avec un meeting politique ».

Le

Fillon mis en examen avant la présidentielle ? peu probable
8min

Politique

IA, simplification des formulaires, France Services : Gabriel Attal annonce sa feuille de route pour « débureaucratiser » les démarches administratives

En déplacement à Sceaux ce mardi dans une maison France Services, quelques minutes seulement après avoir présidé le 8e comité interministériel de la Transformation publique, le Premier ministre a annoncé le déploiement massif de l’intelligence artificielle dans les services publics, ainsi que la simplification des démarches. Objectif ? Que « l’Etat soit à la hauteur des attentes des Français ».

Le

Brussels Special European Council – Renew Europe
10min

Politique

Européennes 2024 : avec son discours de la Sorbonne 2, Emmanuel Macron « entre en campagne », à la rescousse de la liste Hayer

Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».

Le

Jordan Bardella visite Poste-Frontiere de Menton
5min

Politique

Elections européennes : la tentation des seniors pour le vote RN, symbole de « l’épanouissement du processus de normalisation » du parti, selon Pascal Perrineau

Alors que la liste menée par Jordan Bardella (31.5%) devance de plus de 14 points la liste Renaissance, menée par Valérie Hayer (17%), selon le dernier sondage IFOP-Fiducial pour LCI, le Figaro et Sud-Radio, le parti de Marine Le Pen, mise désormais sur l’électorat âgé, traditionnellement très mobilisé pour les élections intermédiaires. Désormais deuxième force politique chez les plus de 65 ans (le RN conquiert 24% de cet électorat, 7 points de moins que Renaissance), la stratégie semble porter ses fruits. Décryptage avec le politologue Pascal Perrineau, professeur émérite à Sciences Po Paris et récent auteur de l’ouvrage Le Goût de la politique : Un observateur passionné de la Ve République, aux éditions Odile Jacob.

Le