L’UDI veut s’imposer dans la nébuleuse du centre

L’UDI veut s’imposer dans la nébuleuse du centre

Réunie en université d'été ce week-end, l'UDI entend faire montre de son influence, dans une nébuleuse centriste atomisée et...
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Par Paul AUBRIAT

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Réunie en université d'été ce week-end, l'UDI entend faire montre de son influence, dans une nébuleuse centriste atomisée et concurrentielle, en s'appuyant notamment sur ses élus locaux pour mieux "défendre les territoires".

Sous le soleil du Barcarès (Pyrénées-Orientales), les troupes de Jean-Christophe Lagarde se comptent - 800 élus et militants annoncés, pour près de 9.000 adhérents revendiqués -, à l'aune de l'An-II du pouvoir macronien, à l'endroit duquel les critiques vont désormais crescendo.

"Il y a un manque d'écoute: tous les territoires ressentent ça", attaque Hervé Marseille, le patron du groupe centriste au Sénat. "C'est pas seulement un problème de fric (de dotations, ndlr), c'est un problème de considération de la part d'un pouvoir de plus en plus central", déplore-t-il, en appelant à "reprendre le dialogue et redonner confiance" aux collectivités.

"Nous devons être l'UDI pour l'+Union des décentralisateurs indépendants+", renchérit le président du conseil départemental de la Mayenne, Olivier Richefou. Selon lui, "le gouvernement applique la règle des 3M : le monde, la métropole, et les miettes, c'est-à-dire nous".

L'un des invités du week-end, Jean-Luc Moudenc, maire toujours LR de Toulouse mais que d'aucuns imaginent obtenir l'investiture LREM lors des prochaines élections municipales, se montre toutefois davantage mesuré.

"Les collectivités sont tenues par nos familles politiques, c'est aujourd'hui l'essentiel de notre identité, de notre vie publique", relève l'élu - par ailleurs président de l'association des grandes villes de France, France urbaine.

"Est-ce qu'il y a du mépris de la part du pouvoir central pour les territoires? Je suis plutôt nuancé. Il y a des postures de la part de ceux qui affirment ça", note ce proche d'Édouard Philippe.

- "Alternance possible" -

En creux, c'est la bataille du leadership au centre qui se joue, dans un créneau hautement concurrentiel. Vendredi, le mouvement d'élus locaux de La France audacieuse, issus d'une droite modérée ou du centre, s'était réuni à Nice autour de son animateur en chef Christian Estrosi. Ils ont également revendiqué la représentation du territoires.

En parallèle, Alain Juppé, qui a pris du recul de LR, invite tout le week-end ses amis lors des "Vendanges de Bordeaux", dont Jean-Pierre Raffarin ou certains cadres du parti Agir, des ex-LR bienveillants envers le gouvernement et qui siègent par ailleurs dans le même groupe que l'UDI à l'Assemblée nationale.

Pour se démarquer, le parti de Jean-Christophe Lagarde a misé sur un invité inattendu: Gérard Larcher, toujours LR, et qui était pourtant pressenti pour passer à Bordeaux. "Je n'y étais pas invité, contrairement à ici", balaie l'intéressé, qui rappelle qu'il n'est "pas membre d'une fraction".

Devant des militants enthousiastes, le président du Sénat a estimé qu'il n'y avait "pas d'alternance possible sans la droite et le centre" et que "rien ne serait pire qu'un no man's land entre La République en marche et le Rassemblement national", le nouveau nom du FN.

- Européennes -

Pour l'UDI, l'enjeu est déjà de reconstruire un centre atomisé depuis l'élection d'Emmanuel Macron et incapable de se structurer.

"Tout le monde ressent le besoin d'organiser cet espace politique entre LR et LREM. Or, on est le seul parti dans cet espace-là, on a une ancienneté, tout un tas d'élus", fait valoir Hervé Marseille, en reléguant les partisans d'Alain Juppé à "un simple courant".

En ligne de mire, les élections européennes de mai prochain. Le parti Agir doit annoncer lors de son congrès fondateur, le week-end prochain, s'il entend monter une liste, interrogation partagée par le Mouvement radical - réunification du PRG et des Valoisiens - ainsi que certains, au centre droit, autour de Valérie Pécresse. Pour sa part, l'UDI répète qu'elle est la seule formation qui a "l'argent, les élus et le personnel pour monter une liste".

Chez les militants, l'hypothèse d'une liste autonome enthousiasme franchement, même si les sondages la créditent pour l'instant de 4% d'intentions de vote. Jean-Christophe Lagarde a indiqué qu'il trancherait la question en janvier.

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