La fermeture des cantines prive les plus modestes d’un précieux repas

La fermeture des cantines prive les plus modestes d’un précieux repas

Avec les établissements scolaires, les cantines ont aussi fermé leurs portes le 16 mars en raison de l’épidémie du coronavirus. C’est pourtant là que certains élèves prennent le seul repas équilibré de leur journée. Enseignants et associations en appellent aux pouvoirs publics pour continuer à nourrir correctement ces enfants pendant la période de confinement.
Public Sénat

Par Samia Dechir

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Normalement, les trois garçons de Mme Gonzalès mangent à la cantine. Cette mère de famille du Nord de la France compte sur ces repas « parce que je sais qu’ils y mangent de tout, et parce que les tarifs sont beaucoup plus abordables que quand je fais les courses ». Mais pendant le confinement, ses enfants mangent chaque jour à la maison. « Financièrement, c’est compliqué » avoue-t-elle, « ça représente environ 50 euros de courses en plus chaque semaine ». Une somme importante pour elle et son mari, dont les fins de mois sont difficiles.  Compliqué, dans ces conditions, d’équilibrer les repas, souvent composés de nuggets, de pâtes ou de purée.

Colis alimentaires pour les familles roms

Dans d’autres familles, l’absence de cantine se fait sentir encore plus durement. Educatrice spécialisée pour l’association La Sauvegarde du Nord, Axelle Vanhoye accompagne des familles roms en métropole lilloise. Habituellement, elle assure un suivi scolaire des enfants. Mais depuis deux semaines, « la priorité c’est la distribution de repas. Toutes les familles qui vivent habituellement de la ferraille ou de la mendicité n’ont plus de revenus en ce moment ». Alors elle distribue des colis alimentaires financés par une campagne de collecte de fonds du réseau associatif lillois. « Je ne sais pas ce qu’auraient mangé les familles les plus précaires sans ces colis. On essaie de distribuer du lait, des fruits, des légumes et de la viande » explique l’éducatrice spécialisée.

L’appel de Marseille

A l’autre bout de la France, un appel a été lancé à Marseille par plusieurs collectifs et syndicats. Ils demandent à la mairie de prendre en charge les repas des élèves les plus modestes pendant le confinement. Car en France, les cantines sont la prérogative des collectivités locales (les communes pour l’école primaire, les départements pour les collèges et les régions pour les lycées).

A Marseille, 1 265 familles bénéficient normalement de la gratuité de la cantine, et près de 15 000 d’un demi-tarif. « Pour ces familles, ça fait quatre repas par semaine qu’elles n’ont habituellement pas à prendre en charge. Il y a une véritable urgence » alerte Virgine Akliouat, porte-parole du syndicat enseignant Sniupp 93.

Système D

En attendant, la solidarité s’organise. Des collectifs marseillais ont lancé des cagnottes en ligne, et ouvrent des lieux de collectes de denrées alimentaires auprès des particuliers. « C’est le système D », confirme la sénatrice Samia Ghali, qui a elle aussi interpellé la mairie à ce sujet. « On est dans des territoires où il y a du diabète non pas parce que les gens mangent trop, mais parce qu’il y a de la malnutrition, voire de la dénutrition. Quand on n’a pas d’argent pour acheter à manger, on mange n’importe quoi. Même chez les enfants, on bat des records de diabète dans les quartiers populaires. On va avoir de drôles de surprises à la fin du confinement » prévient la sénatrice.

Mardi 7 avril, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin s’est engagé à « financer un repas complet par jour et par enfant » pour les 2 000 élèves qui mangent d’ordinaire gratuitement à la cantine. Une aide qui devrait s’élever à 100 euros par mois d’après le quotidien La Provence.

Repas livrés à domicile

En Meurthe-et-Moselle, le département a choisi une autre option. Plutôt qu’une aide financière, des repas seront livrés gratuitement aux collégiens bénéficiant habituellement du tarif le plus bas à la cantine (50 centimes par repas). A partir du 10 avril, ils seront préparés et acheminés par des agents volontaires du conseil départemental. 150 familles ont répondu favorablement à la proposition du département, dans des collèges de zones d’éducation prioritaire. Les frères et sœurs des élèves concernés recevront également un repas. En tout, 350 plats devraient être livrés quotidiennement dans ces familles.

Une aide gouvernementale à l’étude

De son côté, le gouvernement assure réfléchir lui aussi à une aide pour les familles les plus modestes. Interpellée mardi 7 avril lors d’une audition au Sénat, la Ministre de la Transition écologique a reconnu que « cela pose question. Il faut que l’on réponde à la situation des ménages modestes. Le gouvernement y travaille » a expliqué Elisabeth Borne. Un engagement confirmé le lendemain à l’issue du Conseil des Ministres par Didier Guillaume. « Evidemment il faudra aider les familles les plus modestes qui ne pourront pas fournir de la nourriture équilibrée et suffisante pour leurs enfants » a annoncé le Ministre l’Agriculture et de l’Alimentation. Cela devra se faire « en relation avec les collectivités locales », a précisé Didier Guillaume, sans donner davantage de détails sur la nature du dispositif encore à l’étude.

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