Municipales : EELV rêve de transformer sa «victoire culturelle» en «victoires électorales», 2022 dans le viseur

Municipales : EELV rêve de transformer sa «victoire culturelle» en «victoires électorales», 2022 dans le viseur

Après le bon score des européennes, EELV est « confiant » pour les municipales. En cas de réussite, Julien Bayou, numéro 1 du parti, compte « déborder du strict cadre » d’EELV pour 2022, avec un candidat à la clef. « Ça peut être Yannick Jadot » dit le secrétaire national, qui espère aussi pouvoir reconstituer un groupe au Sénat.
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Les municipales, c’est l’élection de tous les possibles pour EELV. Mais aussi un scrutin risqué. Depuis les 13,5% de Yannick Jadot aux européennes, le parti écologiste caresse de nombreux espoirs pour les municipales. Mais cette attente – et c’est le risque – peut être douchée en cas de déconvenue. L’enjeu est de transformer l’essai. Et ne pas faire comme en 2009, avec déjà un succès aux européennes qui n’avait pas donné suite. « On a fait les cons après 2009 » résume pour publicsenat.fr David Cormand, ancien numéro 1 d’Europe Ecologie-Les Verts, aujourd’hui député européen EELV.

Mais aujourd’hui, les choses ont changé. Les idées écolos ont davantage « infusé », entre le réchauffement climatique ou les feux géants. « Il y a un enjeu majeur à faire entrer massivement des écologistes dans des mairies, voire à prendre des mairies » ambitionne Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, interrogé par publicsenat.fr, « il y a des endroits où on est porté par une vague ». La vague verte, EELV la verrait bien dans des villes comme Besançon, Rouen, Lyon, Strasbourg, Tours, ou encore Rennes, Lille, Nantes, Poitiers, Toulouse, Bordeaux. Et bien sûr la « vitrine » Grenoble, avec le sortant Eric Piole.

Changement de paradigme

Quelques choses a changé, veulent croire les responsables écologistes. « On a un record de listes. 38 listes dans les 45 villes de plus de 100.000 habitants. Ensuite, les sondages nous mettent en situation très positive. Au pire des cas, on est dans des scores à deux chiffres autour de 10%. Avant, c’était les meilleurs cas » souligne David Cormand, qui ajoute : « On est concentré et relativement confiant ».

Après avoir été pendant des années derrière, pour ne pas dire des supplétifs du PS, accusé d’être hégémonique par ses alliés de gauche, EELV rêve d’inverser la donne aux municipales. « On veut être le plus haut possible, devant » résume l’ancien activiste de Sauvons les riches. « Ce qui est nouveau, c’est que l’élément fédérateur, c’est l’écologie » pense David Cormand, « c’est un changement de paradigme et de centre de gravité politique » veut-il croire.

« Concours du green washing »

La situation a tellement changé, qu’aujourd’hui, tous les partis ont plus ou moins verdi leurs discours, que ce soit forcé ou par conviction. Une concurrence pour EELV ou une chance ? « Ce n’est pas un problème, c’est une force. On a souvent combattu ces partis sur des sujets écologiques. Qu’ils se disent tout d’un coup écolo, ça renforce l’écologie. C’est une victoire culturelle. Et comme chacun sait, les victoires culturelles précèdent les victoires électorales » s’enthousiasme David Cormand. Autrement dit, les électeurs préféreraient l’original à la copie. « C’est une bonne chose que ce soit dans tous les programmes. Mais il ne faut pas être dupe. On a une espèce de concours du green washing » ajoute Julien Bayou.

Sur le champ politique devenu très concurrentiel de l’écologie, EELV a maintenant devant lui LREM. Emmanuel Macron pourrait bien mettre l’accent, après les municipales, sur l’écologie, en s’appuyant sur la convention citoyenne. « Je pense que les Français ont compris. L’écologie pour Macron, c’est l’écologie plus tard. Nous on dit que l’écologie plus tard, c’est l’écologie trop tard » lance David Cormand. « On ne peut pas faire du « en même temps ». Les pesticides et la biodiversité » raille Julien Bayrou.

Parler aux déçus de Macron en matière d’écologie

Une critique ferme du chef de l’Etat qui impacte les municipales. Car dans ce scrutin local, on gagne rarement seul. Au second tour, il faudra fusionner les listes. Avec l’allié traditionnel socialiste ? A priori, oui. Mais à Paris, la tentative de rapprochement entre le candidat EELV David Belliard et Cédric Villani, dissident LREM, a brouillé les cartes. Mais à écouter les responsables d’EELV, la ligne est claire. Ce qui n’empêche pas, comme l’a dit dans le JDD Yannick Jadot, de rassembler largement « les progressistes et les humanistes » et « d’accueillir » tout le monde, « d’où qu’ils viennent ». « Nous disons que l’écologie ne se résume pas à la gauche. Mais personne ne dit que l’écologie n’est ni de droite, ni de gauche » cadre Julien Bayou. Le numéro 1 d’EELV ajoute : « Une fois qu’on a dit ça, force est de constater qu’Emmanuel Macron, les partis de droite et d’extrême droite ne prennent pas le chemin et sont aux antipodes, en terme d’écologie. Et ça ne veut pas dire que les personnes qui ont voté Macron n’ont pas été trompées ». Car l’objectif est bien de parler aux déçus du chef de l’Etat, en matière d’écologie. Et s’il y avait encore un doute, Julien Bayou insiste : « Il n’y a qu’une ligne à EELV. Et largement plébiscitée au congrès de novembre dernier »…

Concrètement, à Paris, et malgré la main tendue de Belliard à Villani, cela signifie qu’EELV devrait rester avec la socialiste Anne Hidalgo. « Il n’y a pas besoin d’être devin pour comprendre que, évidemment, les Verts feront tout ce qu’ils peuvent, à condition que ce soit sur une ligne écologique claire, pour empêcher la régression et la victoire de Dati ou Buzyn » prévient David Cormand.

« Présenter une candidature à la présidentielle »

La réussite des européennes et les perspectives de succès aux municipales donnent des rêves de grandeurs aux écolos, on le sait. D’abord pour les régionales, puis, pour la reine des élections en France, la présidentielle. « Montrer qu’on est en mesure de gouverner demain une région, c’est important pour la région et c’est indiquer aux Français que les écologistes sont en mesure de gouverner le pays et de présenter une candidature à la présidentielle » lance Julien Bayou. Avec une candidature de Yannick Jadot ? « Ça peut être Yannick Jadot » lâche le numéro 1 d’EELV. Julien Bayou ajoute aussitôt : « Mais il n’y a pas de sujet de candidature à ce stade ». « Ce sera forcément une construction collective. Et ça ne peut pas être indexé par le sort d’un seul » tempère de son côté David Cormand.

Si l’ancien secrétaire national pense que « l’écologie sera centrale en 2022 », avant cela, « il reste à organiser le rôle que jouera EELV ou ce que sera devenu EELV entre temps ». Le député européen imagine « une forme de dépassement d’EELV ». Une vision que défend aussi Julien Bayou : « On a intérêt à déborder du strict cadre partisan, avec notamment les forces syndicales, associatives ».

Les sénatoriales en vue

Avant d’en arriver là, il faut réussir l’étape municipale, qui pourra, dans un horizon plus proche, mener aux sénatoriales de septembre 2020. « C’est une bataille qui est passée sous les radars de l’opinion, mais on l’a en vue » reconnaît Julien Bayrou. « Si cet ancrage dans les mairies se confirmait, il est possible qu’on ressorte avec un record historique d’élus municipaux » espère le responsable d’EELV, qui ajoute :

Peut-être qu’ici et là, on pourrait venir renforcer les troupes au Sénat, et retrouver un groupe politique.

Les écolos ont eu un groupe au Palais du Luxembourg de 2012 à 2017. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 4 sénateurs EELV ou proche. Il y a aussi une sénatrice Génération.s, dont le parti est très écolo. Au Sénat, il suffit d’être 10 pour constituer un groupe. L’objectif peut donc sembler réaliste. A condition de réussir les municipales. A force de viser haut, attention quand même au risque de chute.

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