Outre-mer : que proposent les candidats à la présidentielle ?

Outre-mer : que proposent les candidats à la présidentielle ?

Lutte contre la vie chère, continuité territoriale avec la métropole, processus d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie ou transition écologique… Public Sénat détaille les mesures phares des candidats engagés dans la course à l’Elysée en faveur des territoires ultramarins.
Public Sénat

Par Louis Dubar

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  • Nathalie Arthaud, lutter contre la vie chère

Candidate pour la troisième fois à l’élection présidentielle, Nathalie Arthaud concourt avec un programme sans aucune mention aux régions ultramarines françaises. Interrogée par les journalistes de l’émission politique, « Outre-mer 2022 » sur Outre-mer La Première, Nathalie Arthaud dévoile son ambition et sa vision pour les territoires ultramarins. Elle plaide pour une indexation des salaires sur les prix. « Je connais la cherté de la vie dans les Outre-mer qui est d’une autre ampleur par rapport à la métropole. Il faut augmenter les salaires de manière significative. »

  • Philippe Poutou, l’autodétermination des peuples

Le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) se présente pour la troisième fois consécutive à l’élection présidentielle. Aucune mesure spécifique pour les outre-mer ne figure dans son programme. Invité de l’émission politique, « Outre-mer 2022 » le 15 mars 2022, il livre sa vision sur les territoires ultramarins et évoque son souhait de multiplier les processus « d’autodétermination » dans chaque territoire.

  • Fabien Roussel, jour férié national célébrant l’émancipation et organisation de conférences pour chaque territoire ultramarin.

Le projet de la France des jours heureux, promet une nouvelle architecture territoriale de la France des territoires ultramarins en organisant en début de mandat « des conférences » réunissant élus et populations locales qui permettront « d’engager un programme solidaire de développement économique. » Le candidat à la présidentielle s’engage à améliorer le pouvoir d’achat des Ultramarins en mettant en place une nouvelle politique fiscale spécifique aux particularités des Outre-mer grâce à une fiscalité « plus juste », une politique tarifaire préférentielle pour le transport aérien. Le communiste préconise une baisse des taxes sur les produits de première nécessité, « sans pénaliser les collectivités » qui dépendant de ces revenus et un grand plan emploi et formation « pour permettre aux populations de vivre et de travailler dans ces territoires. »

Le candidat du PCF souhaite une meilleure prise en compte de « l’histoire des peuples d’Outre-Mer » en instaurant un jour férié national « célébrant l’émancipation humaine et la liberté des peuples. » L’histoire de ces territoires serait inscrite dans les programmes scolaires de l’Education Nationale. Fabien Roussel promet d’entreprendre un « processus d’autodétermination » sans ingérence de la part de la métropole.

  • Jean-Luc Mélenchon, « en finir avec l’abandon » des territoires ultramarins

Les mesures du candidat de l’Union Populaire en faveur des Outre-mer se concentrent tout d’abord sur le terrain social. Jean-Luc Mélenchon souhaite en finir « avec la pauvreté et les inégalités » affectant les habitants ultramarins. Il préconise d’augmenter le SMIC à 1 400 euros net, d’étendre la prime de vie chère aux bénéficiaires des minima sociaux et du minimum vieillesse. Il réclame de renforcer les « dotations de l’Etat pour les territoires et régions en retard de développement économique et social. »

Le député Insoumis propose « un plan d’urgence pour garantir l’accès à l’eau potable. » S’il est élu président de la République, l’Etat financerait les travaux « urgents » de remplacement de canalisations et d’assainissement. Le projet présidentiel de l’Union Populaire envisage également un autre plan d’urgence dans le domaine sanitaire avec un grand plan de dépollution « en priorisant la Martinique et la Guadeloupe, victimes de la chlordécone. » « Avant-postes de la planification écologique », les Outre-mer seraient au cœur de la transition écologique imaginée par les Insoumis. Il est question du développement des transports publics propres, de plans d’autonomie énergétique dans chaque territoire « à partir des énergies renouvelables disponibles » et d’autosuffisance alimentaire. Le député envisage une série de mesures pour protéger la biodiversité de ces territoires : lutte contre l’orpaillage clandestin en Guyane et fin de l’artificialisation des sols.

Le leader Insoumis préconise plusieurs mesures pour lutter « contre les féodalités économiques » et la vie chère. Il demande « le contrôle des prix et des marges pour les biens de consommation, des prix des billets d’avion et un contrôle effectif des prix carburants. » Le projet de l’Union Populaire détaille le volet éducatif : « augmenter le nombre d’établissements, en particulier en Guadeloupe et à Mayotte », augmentation des capacités d’accueil et du nombre de filières universitaires des universités locales. Le candidat souhaite ainsi lutter contre la ‘fuite des cerveaux’ ultramarins pour la métropole en « planifiant, organisant et en accompagnant le retour post-études des étudiants partis étudier ailleurs. »

  • Yannick Jadot, associer les Outre-mer à la transition écologique

Dans son programme, le candidat écologiste propose deux mesures spécifiques aux territoires ultramarins. Pour Yannick Jadot, l’autonomie de ces territoires doit être accomplie au cours de son mandat et il propose un accompagnement financier dans les actions de dépollution des sols, afin de mettre en place « des plans d’alimentation durable. » Le candidat EELV souhaite également former les agriculteurs locaux à l’agroécologie « notamment dans les plantations de canne à sucre, et de banane. » Il promet un accès à l’eau pour « tous et toutes », par une gestion directe des collectivités locales. L’usage des pesticides autour des aires d’alimentation de captage (zone sur laquelle l’eau s’infiltre) « sera interdit. »

  • Anne Hidalgo, plan d’investissement et création d’une « agence du retour »

La candidate socialiste promet des mesures « pour s’attaquer aux problèmes concrets de la vie des habitants ultramarins. » Confrontée à la raréfaction des services publics, la France d’Outre-mer ferait l’objet d’un vaste plan d’investissement. Anne Hidalgo promet si elle élue présidente, un plan de rattrapage pour investir massivement dans les énergies renouvelables, les infrastructures locales et le développement d’une agriculture locale.

Sur la thématique de la vie chère, une réduction de l’octroi de mer (taxe appliquée sur l’ensemble des produits importés) permettrait d’aider le pouvoir d’achat des ménages ultramarins. L’ancienne inspectrice du travail avance l’idée « d’une agence du retour », un organisme destiné à encourager le retour des jeunes ultramarins à revenir chez eux et promet « des perspectives optimales d’emploi et de vie. » Supprimée sur décision du gouvernement en 2020, la chaîne de télévision France Ô ferait son retour sur les écrans de télévision.

  • Emmanuel Macron, un projet d’émancipation au sein de la République

Candidat à sa propre réélection, Emmanuel Macron porte « un projet d’émancipation réelle des Outre-mer au sein de la République. » Le président candidat ambitionne de reconstruire « une continuité territoriale » entre l’Hexagone et ces territoires. « Pour sortir les habitants de l’isolement », 200 000 billets aidés seront financés en destination de l’Hexagone et des destinations régionales proches.

Le président candidat promet de soutenir « l’activité économique et l’emploi, la lutte contre le chômage et l’exclusion » en développant notamment des filières d’avenir, en favorisant la compétitivité et en renforçant la présence de la Banque Publique d’investissement (BPI). Emmanuel Macron promet un investissement dans le tissu économique local en renforçant « la formation, la santé et la transition écologique. » « Pour favoriser la compétitivité et la pérennité des entreprises et le développement de l’emploi », le projet présidentiel prévoit un audit pour chaque territoire : « une évaluation des dispositifs de soutien existants »

Il promet de s’attaquer aux besoins de la jeunesse ultramarine en offrant « une liberté de choix. » » Le président souhaite renforcer l’enseignement supérieur en développant les universités locales et propose de créer un programme ERASMUS caribéen. Le président s’engage à « combattre la vie chère » et promet « des actions pour lutter contre les prix trop hauts et les marges indues. » Le projet présidentiel souhaite renforcer l’autorité de l’Etat en « créant des écoles de formation de gendarmes adjoints et d’adjoints de sécurité. » Emmanuel Macron souhaite « mener à bien les consultations institutionnelles prévues en Nouvelle-Calédonie. »

  • Valérie Pécresse, « reconstruire un pacte de confiance avec les outre-mer »

La présidente de la région Île-de-France a présenté le 21 mars son projet présidentiel pour « reconstruire un pacte de confiance » avec les régions ultramarines, un pacte fondé « sur le respect des identités et la dignité de chacun. » Valérie Pécresse préconise de « reconstruire un modèle économique et social. » Elle propose la création d’une banque des Outre-mer permettant « de remettre à niveau les infrastructures et d’en financer de nouvelles » et de zones franches autour de pôles portuaires « favorisant l’investissement et l’attractivité. » Elle s’engage à « orienter l’épargne des Français vers les PME ultramarines » et à lutter contre les discriminations « en matière d’accès aux banques, au logement et à l’emploi dont sont victimes les habitants de ces territoires. »

Pour combattre la vie chère, la candidate LR propose de bloquer les prix « sur un panier de produits de la vie quotidienne. » Cette proposition s’étend également au carburant. Si elle est élue présidente de la République, Valérie Pécresse souhaite entreprendre des négociations avec les compagnies aériennes desservant les Outre-mer afin de baisser les prix des billets. Mesure phare de son programme, la suppression du droit du sol à Mayotte et en Guyane serait un moyen selon elle de lutter « efficacement contre l’immigration clandestine » qui frappe ces territoires. La présidente de région a également présenté un « grand plan hôpital » qui se traduirait par une multiplication du nombre de lits et un renforcement des moyens humains des établissements de santé locaux. Elle propose de renforcer les moyens alloués aux forces de l’ordre et de la justice, « notamment à Saint-Martin où un centre pénitentiaire est nécessaire et à Mayotte, une cour d’appel. »

  • Jean Lassalle, « des bouts de France » à développer

Le député « Libertés et Territoires » des Pyrénées promet d’ôter aux Outre-mer « ce sentiment diffus d’abandon. » « Le temps est venu de leur manifester à nouveau notre amour sans limites et la profondeur de notre attachement », précise Jean Lassalle. Il propose de développer l’économie de ces territoires ultramarins en s’appuyant sur « le tourisme d’excellence. » Le parlementaire souhaite également développer de nouvelles infrastructures et les énergies renouvelables dans chaque territoire. Jean Lassalle préconise de renforcer la sécurité des populations face aux risques de catastrophe naturelle en renforçant la prévention.

  • Marine Le Pen, économie bleue et renforcement des services publics

Pour la candidate du Rassemblement National, les départements et régions d’Outre-mer sont les « nouveaux territoires perdues de la République. » Marine Le Pen promet de restaurer de l’autorité de l’Etat et d’œuvrer au développement de ces territoires. Le projet de la candidate préconise la création d’un « grand ministère d’Etat de la France d’Outre-mer et de la politique maritime », une grande « loi-programme » sur 15 ans pour accompagner le développement économique des territoires ultramarins notamment avec les secteurs de « l’économie bleue », les filières économiques locales et le renforcement des services publics. La candidate propose également de réserver les fonds européens de développement régional en priorité aux projets concernant les Outre-mer. Elle propose de renforcer l’attractivité économique de ces territoires avec « la nomination d’un haut-commissaire à la coopération économique et la création d’une agence pour les investissements qui s’appuiera sur les ressources de Business France. »

La candidate joue la carte du renforcement des frontières des territoires ultramarins « avec une diplomatie plus ferme avec le Brésil, le Suriname et les Comores en matière de lutte contre les trafics et l’immigration clandestine. » Elle propose une augmentation des moyens alloués à la police aux frontières et aux agents de l’Office anti-stupéfiant dans les Antilles. La candidate promet de « restaurer » le système scolaire dans ces territoires « en diminuant les effectifs des classes. » A Mayotte, les heures d’enseignement dédiées au français seraient renforcées. Concernant le statut de la Nouvelle-Calédonie, la députée propose des discussions avec les élus afin « de faire évoluer le statut et renforcer l’unité. »

  • Nicolas Dupont-Aignan, un plan d’urgence d’investissement pour les territoires ultramarins

Le sixième homme de la dernière élection présidentielle 2017 promet d’agir de manière durable pour la France d’Outre-mer, des territoires qui seraient selon lui « délaissés hors des périodes électorales où les candidats promettent monts et merveilles […] et les oublient aussitôt après. » S’il est élu, Nicolas Dupont-Aignan souhaite engager « un plan d’urgence d’investissement pour remettre à niveau le réseau d’eau potable et les équipements hospitaliers, scolaires et universitaires. » Pour améliorer « la continuité » entre la France d’outre-mer et la métropole, le candidat promet de diviser par deux le prix des billets d’avion, une fois par an pour tous les habitants de ces territoires. Dans la partie de son programme consacrée à l’écologie, le président du parti Debout La France promet pour chaque euro investi « dans les métropoles, un euro serait attribué aux villes moyennes, à la ruralité et à l’Outre-mer. »

  • Éric Zemmour, « renforcer la place des Outre-mer dans la communauté nationale »

L’ancien éditorialiste propose « de moderniser l’offre hospitalière, notamment les établissements les plus vétustes » à travers un grand plan santé adapté aux spécificités de chaque territoire. Il fait de l’eau, une priorité. S’il est élu, il engage un développement des infrastructures et un meilleur accès à cette ressource. Le candidat du parti, La Reconquête propose de faire de la France de l’Outre-mer, « un moteur de croissance » en développant les secteurs d’avenir (tourisme et économie de la mer).

Il promet de soutenir « les productions agroalimentaires traditionnelles. » Éric Zemmour s’engage à lutter contre l’immigration illégale et à renforcer la présence militaire et navale de la France dans ces territoires. Le candidat souhaite mettre fin au processus d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie et arrêter l’organisation de référendums sur l’indépendance du territoire.

 

 

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