Perquisitions LFI: l’exécutif “choqué” par Mélenchon, qui ne “regrette rien”

Perquisitions LFI: l’exécutif “choqué” par Mélenchon, qui ne “regrette rien”

De l'incident judiciaire à la passe d'armes politique: le gouvernement s'est dit mercredi "choqué" par les violences perpétrées selon lui contre...
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Par Nathalie ALONSO et Stéphanie LEROUGE

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De l'incident judiciaire à la passe d'armes politique: le gouvernement s'est dit mercredi "choqué" par les violences perpétrées selon lui contre magistrats et policiers lors d'une perquisition au siège parisien de la France insoumise (LFI), dont le leader Jean-Luc Mélenchon crie à la tentative d'"intimidation".

Une enquête pour "menaces" et "violences" sur des policiers et des magistrats a été ouverte par le parquet de Paris au lendemain de cette perquisition houleuse, dont des vidéos ont largement circulé dans les médias et les réseaux sociaux.

Dans l'une d'elles, M. Mélenchon appelle ses proches à "enfoncer la porte" pour entrer au siège parisien du mouvement où une perquisition est en cours. On le voit également bousculer un représentant du parquet ainsi qu'un policier qui s'interpose.

Edouard Philippe s'est dit "choqué" par "la très grande violence" manifestée selon lui contre les policiers. "Je ne crois pas que nous gagnions quoi que ce soit à remettre en cause l'indépendance de la justice", a insisté le Premier ministre.

Le nouveau ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a condamné "fermement" les violences tandis que la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a dénoncé des scènes "choquantes et inacceptables".

Jean-Luc Mélenchon, qui la veille avait fustigé une "énorme opération de police politique", a assuré mercredi sur BFMTV ne rien regretter de sa vive réaction. Dénonçant de nouveau une "volonté d'intimidation", il a annoncé que son parti allait porter plainte pour violences policières.

Selon LFI, quatre personnes, qui auraient fait "constater des blessures" par des certificats médicaux, vont également porter plainte pour des violences policières commises "sur le lieu de la perquisition".

Visé par deux enquêtes préliminaires sur des emplois présumés fictifs d'assistants au Parlement européen et sur ses comptes de campagne de la présidentielle 2017, Jean-Luc Mélenchon a vu arriver mardi tôt le matin magistrats et forces de police à son domicile.

Selon son entourage, il sera entendu jeudi à partir de 11H00 à Nanterre (Hauts-de-Seine) dans les locaux de la police anticorruption (OCLCIFF) en charge de ces deux enquêtes.

Bernard Pignerol,le président de l'association l'Ere du peuple citée dans l'enquête sur les comptes de campagne, a été entendu "en audition libre", a-t-il annoncé mercredi, tout en assurant que les perquisitions étaient entachées "d'irrégularités".

Les logements d'anciens assistants d'eurodéputés et le siège du Parti de gauche ont aussi été perquisitionnés mardi.

- "Huile sur le feu" -

A l’unisson, les syndicats de police ont dénoncé l'attitude "inacceptable" de M. Mélenchon, Alliance et Alternative Police-CFDT appelant Christophe Castaner à porter plainte tandis que SGP Police-FO réclamait "des excuses publiques" au chef de file de LFI.

"Les policiers ne sont pas respectés par les élus aux prises avec la justice", a déploré le syndicat Unsa-Police, refusant que les forces de l'ordre jouent le rôle de "bouc-émissaire".

M. Mélenchon a reconnu mercredi que le ton était "monté", tout en accusant: "Je respecte la justice mais je suis obligé de le dire, nous ne sommes pas dans une procédure normale".

Selon la législation, une perquisition dans le cadre d'une enquête préliminaire n'est possible qu'avec l'accord écrit de l'occupant du domicile ou du représentant légal dans le cas d'une personne morale. Ou, s'il n’est pas d'accord ou bien absent, en présence de deux témoins majeurs qui ne font pas partie des forces de l'ordre mais qui sont désignés par l'officier de police judiciaire.

Selon une source proche du dossier, Manuel Bompard, coordinateur des campagnes de LFI, a bien été contacté au début de la perquisition au siège du parti et a assisté à cette opération --autorisée par un juge des libertés et de la détention (JLD) -- avant qu'elle ne dégénère.

Mardi, M. Bompard avait affirmé avoir été "empêché d'assister à la procédure administrative" et qu'"aucun PV" n'avait été soumis à sa signature.

"Il n’a jamais été question pour nous d’empêcher une quelconque perquisition. Nous voulions au contraire y être présent pour collaborer car nous savons notre probité", a de son côté déclaré à l'AFP le député LFI du Nord Adrien Quatennens.

M. Mélenchon a par ailleurs critiqué le traitement médiatique de l'enquête visant LFI, accusant des journalistes de mettre "de l'huile sur le feu".

edy-nal-sl-emd/jt/

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