Twitter modère les propos de Trump : une bonne nouvelle pour la démocratie ?

Twitter modère les propos de Trump : une bonne nouvelle pour la démocratie ?

« Quand les pillages démarrent, les tirs commencent ». En concluant son tweet du 29 mai dernier par cette formule, Donald Trump a une fois de plus enflammé les réseaux sociaux. Mais alors que jusqu’ici, le Président des États-Unis était habitué à ce que ses propos virulents circulent librement sur Twitter, il a eu la surprise de voir ses récentes publications tomber sous le coup de la modération du réseau social. En voulant ainsi préserver ses utilisateurs des contenus « haineux et complotistes », Twitter prend effectivement un tournant dans sa politique de modération. Une bonne nouvelle pour le débat démocratique ? Hashtag a mené l’enquête. 
Public Sénat

Par Arthur Bamas

Temps de lecture :

3 min

Publié le

La fin d’une impunité présidentielle totale

Pour comprendre les enjeux de cette polémique, un petit retour en arrière s’impose. En quoi cette modération des propos de Donald Trump est-elle une nouveauté ? Selon François Durpaire, historien spécialiste des États-Unis, « elle marque la fin de l’impunité totale du Président américain ».
Jusqu’ici, entre les attaques personnelles contre des opposants politiques, les déclarations racistes, les concours d’ego avec Kim-Jong Un… Twitter s’interdisait effectivement de modifier ou censurer la moindre virgule écrite par le locataire de la Maison Blanche.
Mais ce statut spécial
justifié par la popularité du Président semble toucher à sa fin.

Twitter à la rescousse de la démocratie américaine ?

Tweet, Trump

Pourquoi ce système dérogatoire dont bénéficiait Donald Trump est-il remis en question ? Pour François Durpaire, la modération de ces prises de parole polémiques est justifiée par un « impératif démocratique ». Quelques heures avant de censurer le message de Donald Trump sur les manifestations dénonçant la mort de Georges Floyd qui ont tourné au pillage et à l’émeute, Twitter modérait déjà une autre prise de parole du Président qui dénonçait, sans aucun fondement, un risque de fraude électorale en Californie, lié au vote par correspondance.  En alertant sur cette publication, Twitter se donne alors un rôle de défenseur de la démocratie américaine, et plus particulièrement des élections présidentielles dont la campagne est déjà bien lancée.

Censurer les propos violents, un geste démocratique ?

Mais ce revirement est-il réellement une bonne nouvelle pour le débat démocratique ? Selon Romain Badouard, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, dans cette polémique, « chaque camp détient une part de légitimité ».
Si d’un côté il paraît pertinent de modérer des propos violents, la légitimité de cette censure pratiquée par une entreprise privée pose question.
Au lieu de féliciter la prise de position « progressiste » de Twitter, ne vaudrait-il pas plutôt veiller à ce que nos démocraties ne perdent pas totalement le contrôle sur ce pouvoir de censure ?

 

 


 

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le