Transavia
Illustration d'un avion de la compagnie Low Cost Transavia.//BENAYACHEADIL_sipa.03600/Credit:ADIL BENAYACHE/SIPA/2404081110

Billets d’avion : pourquoi Transavia demande à 800 000 clients de payer pour des billets déjà achetés ?

La compagnie low-cost du groupe Air France-KLM a décidé d’appliquer la hausse de la taxe sur les billets d’avion, mesure adoptée par le Parlement dans le budget 2025, y compris de manière rétroactive, pour les billets déjà achetés. Explications.
François Vignal

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

800 000 passagers de la compagnie aérienne Transavia vont devoir mettre la main à la poche. La compagnie low-cost du groupe Air France-KLM va réclamer un petit supplément à ces clients qui ont pourtant déjà acheté leur billet d’avion. La raison ? La hausse de la taxe sur les billets d’avion, mesure adoptée dans le cadre du budget 2025, adopté comme on le sait avec retard, par le Parlement, le 6 février dernier, dans un contexte où l’Etat cherche à réduire son déficit.

Le projet de loi de finances prévoit pour les voyages en classe économique, au départ de la France, une hausse de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA). Celle-ci passe à 7,4 euros contre 2,63 euros auparavant pour les vols intérieurs ou vers l’Europe, et double à 15 euros pour les destinations extra-européennes. Les classes luxueuses sont davantage mises à contribution, de même que l’aviation d’affaires.

En classe éco, les passagers devront donc payer 4,77 euros de plus par billet à destination de la France ou de l’Europe, et 7,5 euros pour les destinations intermédiaires.

Hausse de la taxe à partir du 1er mars

Lors du passage du texte au Sénat, le sénateur UDI Vincent Capo-Canellas, ancien maire du Bourget, qui défend le secteur aérien, avait réussi à faire adopter un amendement limitant la hausse de la taxe de 9,50 à 5,30 euros. Mais lors de la commission mixte paritaire, députés et sénateurs s’étaient finalement entendus sur un compromis, fixant la taxe à 7,4 euros. Le gouvernement espère gagner plus de 800 millions d’euros de rentrées fiscales supplémentaires grâce à cette hausse de la TSBA.

La mesure entre en vigueur à partir du 1er mars prochain, soit ce samedi. Transavia a donc décidé de répercuter la taxe. Jusqu’ici, rien de surprenant. Mais la compagnie low-cost a aussi décidé de l’appliquer de manière… rétroactive, sur les billets déjà vendus avant, pour des départs à partir du mois de mars.

« En cas de non-paiement, le client ne pourra pas effectuer son enregistrement en ligne et ainsi obtenir sa carte d’embarquement »

« Afin d’appliquer ce texte, Transavia France a choisi de collecter la totalité de cette taxe pour les voyages prévus à partir du 3 mars 2025 » a expliqué la compagnie dans un communiqué. « En conséquence, les clients en possession d’un billet acheté avant le 28 octobre 2024 et après le 7 décembre 2024, pour un voyage à partir du 3 mars 2025, recevront prochainement un e-mail pour régulariser le paiement ». La hausse avait déjà été répercutée provisoirement sur la période de fin octobre à début décembre, avant que la censure du gouvernement de Michel Barnier ne suspende les débats budgétaires.

Pour justifier cette rétroactivité, Transavia cite ses conditions générales de transport qui prévoient que « le transporteur sera en droit de facturer séparément au passager tous les frais, taxes et suppléments imprévus ». Toujours lire les petites lignes. Et le transporteur ne fera pas de cadeau. La compagnie prévient qu’« en cas de non-paiement, le client ne pourra pas effectuer son enregistrement en ligne et ainsi obtenir sa carte d’embarquement ». Autrement dit, on ne paie pas, on ne monte pas.

Pour ce qui est des réservations faites depuis le 19 février 2025, pas d’inquiétude en revanche, le nouveau niveau de la taxe est déjà inclus dans le prix.

Une mesure rétroactive que n’applique pas Air France

Toutes les compagnies n’ont pas pris la même décision que Transavia. Contrairement à sa filiale, Air France a ainsi décidé de ne pas appliquer une telle hausse rétroactive. « Au regard de son réseau international avec des réservations dans de nombreuses devises et avec de multiples moyens de paiement, de la part importante de clients réservant via des agences de voyages, et du risque de perturbation en aéroport, Air France ne facturera pas à ses clients la différence entre le montant réglé au moment de la réservation et le montant effectivement dû » » a précisé la compagnie à l’AFP. Même décision de la part de la compagnie low-cost britannique, EasyJet.

La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam), qui rassemble le secteur aérien français, rappelle qu’elle « avait pris soin d’alerter le gouvernement et le Parlement sur les difficultés créées, pour les compagnies aériennes comme pour les passagers, par l’absence de mise en place d’un délai suffisant entre l’adoption de la loi de finances et l’entrée en vigueur de la hausse de la taxe ». Si les prix ne devraient pas pour autant décoller vers des sommets à cause de la taxe, ils ne sont pas près de décrocher.

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Billets d’avion : pourquoi Transavia demande à 800 000 clients de payer pour des billets déjà achetés ?
9min

Économie

La taxe Zucman arrive au Sénat : on vous explique les enjeux qui se cachent derrière cette taxe qui vise les ultras-riches

Le groupe écologiste du Sénat va défendre jeudi le texte sur la taxe Zucman, déjà adopté par les députés. Ce dispositif anti-abus et une « contribution différentielle », explique l’économiste Gabriel Zucman, qui vise les patrimoines de plus de 100 millions d’euros. De quoi rapporter 20 milliards d’euros. Si la droite va s’opposer au Sénat, des centristes soutiennent l’idée.

Le

Fast fashion : comment le texte adopté au Sénat veut freiner l’essor de la mode à bas coût et « ultra-éphémère »
4min

Économie

Fast fashion : comment le texte adopté au Sénat veut freiner l’essor de la mode à bas coût et « ultra-éphémère »

Les sénateurs ont adopté à la quasi-unanimité une proposition de loi issue de l’Assemblée nationale pour pénaliser les acteurs de la mode « ultra express ». Le texte vise les marques qui multiplient les références et dont la durée de vie des produits est très courte. Le fabricant chinois Shein va être particulièrement ciblé par les dispositions.

Le

Billets d’avion : pourquoi Transavia demande à 800 000 clients de payer pour des billets déjà achetés ?
2min

Économie

Guerre commerciale : le ministre de l’Économie juge que la négociation est « difficile »

Le sénateur de Charente-Maritime Daniel Laurent (LR) a interpellé le gouvernement ce 4 juin sur les difficultés de la filière du cognac, malmenée à la fois par les taxes américaines et chinoises. Éric Lombard lui a assuré la pleine mobilisation de l’exécutif et une bonne coordination avec l’Europe pour parvenir à un accord, tout en jugeant le combat « difficile ».

Le