"On peut regarder" comment il serait possible de réindexer les retraites sur l'inflation, a estimé le Premier ministre Edouard Philippe à propos d'une des pistes de sortie possibles du grand débat national qui s'achève officiellement vendredi.
"J'entends la question et j'entends parfaitement pour le coup les remarques qui sont formulées par tous ceux qui touchent notamment les petites retraites", a-t-il souligné sur Europe 1, interrogé pour savoir si le gouvernement allait réindexer les retraites sur l'inflation, après les avoir désindexées pour 2019, une mesure très critiquée.
Il a reconnu que "pour beaucoup de nos concitoyens qui touchent des petites retraites, cette désindexation qui fait que le pouvoir d'achat est un peu rogné (...) est une vraie préoccupation".
Il a dit aussi entendre "un certain nombre de voix qui disent +dans ce cas-là, faisons en sorte pour l'année 2020 de réindexer, en tout ou partie, mais de réindexer, notamment les petites retraites+".
"Faire de la politique c'est aussi écouter, et j'entends ce message, donc on peut regarder comment c'est possible", en a-t-il conclu, notant que sur cette "question, il y aura une appréciation parlementaire".
Le gouvernement et la majorité avaient eux-mêmes décidé de limiter à 0,3% la revalorisation des pensions en 2019, soit un niveau bien en deçà de l'inflation, s'attirant les critiques de l'opposition et des retraités.
- "Phase de digestion" -
Réclamée par les "gilets jaunes", la réindexation a été avancée ces derniers jours par La République en marche dans le cadre du grand débat national comme une piste pour redonner du pouvoir d'achat. Et le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin s'y est dit ouvert jeudi, tout en estimant qu'une telle mesure ne pourrait être prise qu'à condition de "trouver des économies ailleurs" pour réduire le déficit.
Une affichette "Macron, les retraités font des efforts" sur le dos d'un manifestation "gilet jaune", le 19 janvier 2019 à Bordeaux
AFP/Archives
Interrogé par ailleurs sur la possibilité de repousser l'âge légal de départ à la retraite, le Premier ministre a jugé la question "légitime", en remarquant que le sujet, "devant nous", n'est "pas simplement le financement des retraites" mais celui de la dépendance, qui va nécessiter des "investissements massifs".
Dans ce cadre, "on peut se poser la question de savoir si un jour, pour dégager ces moyens financiers, l'équilibre sera de dire travaillons un peu plus longtemps pour faire en sorte que la dépendance soit totalement prise en charge", a-t-il souligné.
Alors que le grand débat s'achève officiellement ce vendredi, Edouard Philippe a souligné qu'il avait permis "l'expression de tellement de choses - plus de 10.000 réunions, 1,7 million de contributions sur le site internet - qu'il y a une phase, pardon de le dire de façon un peu triviale, de digestion".
"Il faut qu'on entende, qu'on exploite, qu'on mette sur la table tout ce qui a été dit, les accents toniques qui ont été dits dans ce débat, et ça prend un petit peu de temps", a-t-il dit.
Mais si "les réunions se terminent aujourd'hui, le grand débat n'est pas fini": des conférences citoyennes régionales se tiennent ce week-end, et un débat parlementaire aura lieu "au début du mois d'avril".
Ce débat a aussi permis de faire émerger "l'importance affirmée d'une association, d'une participation des citoyens à la prise de décision publique", ce qui "reste à inventer", a-t-il souligné, en remarquant que "ce qu'on arrive à faire au niveau local" sur ce terrain, on n'arrive pas suffisamment à le faire au niveau national, et là on doit inventer des choses nouvelles".
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