Budget de la Sécurité sociale : «Il faut réduire les dépenses publiques» assure René-Paul Savary
Tandis que le déficit de la Sécurité sociale connaîtra une hausse historique en 2020 et 2021, les sénateurs préconisent une politique de prévention, et une réflexion sur le fond pour réduire la dette.

Budget de la Sécurité sociale : «Il faut réduire les dépenses publiques» assure René-Paul Savary

Tandis que le déficit de la Sécurité sociale connaîtra une hausse historique en 2020 et 2021, les sénateurs préconisent une politique de prévention, et une réflexion sur le fond pour réduire la dette.
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Un déficit creusé. C’est ce que prévoit le budget 2021 de la Sécurité sociale, présenté ce mardi par le gouvernement. Pour l’année à venir, l’exécutif et la Commission des comptes de la Sécurité sociale annoncent ainsi un nouveau déficit, avec une perte de 25,5 milliards d’euros. L’année 2020, quant à elle, voit le déficit des quatre branches (santé, retraite, famille, accident du travail) atteindre 44,4 milliards, soit moins que les 52 milliards prévus, mais tout de même un record, selon la commission des comptes de la sécurité sociale. Plus mal en point que les autres, l'assurance-maladie (- 30 milliards en 2020, - 16,1 milliards en 2021) paie aussi l'envolée des dépenses liées au coronavirus : au moins 10 milliards d'euros cette année pour les masques, les tests, les arrêts de travail… Une facture qui devrait s'allonger l'an prochain, avec déjà 4,3 milliards provisionnés, dont 1,5 milliard pour une éventuelle campagne de vaccination.

Pas d’effort fiscal demandé aux Français

S'y ajouteront 7,3 milliards de hausses de salaires et d'investissements, dans le cadre du Ségur de la santé censé concrétiser le « plan massif » que le président a promis à l'hôpital public. Au bout du compte, les dépenses de santé bondiront de 7,6 % en 2020 (du jamais-vu) et progresseront encore de 3,5 % en 2021, un niveau inédit depuis plus de quinze ans. Face à ce déficit de grande ampleur, le premier ministre a d’ores et déjà prévenu qu’il était exclu de demander un effort financier aux Français, balayant la question d’une hausse des impôts. Les caisses d’assurance maladie, en revanche, devront payer une « contribution exceptionnelle » (un milliard d'euros en 2021, 500 millions en 2022) au titre des sommes qu'elles n'ont pas dépensées pendant et après le confinement.

« 45,5 milliards d’euros, c’est, certes, moins que les 52 milliards de prévus, mais cela reste un déficit colossal », commente le sénateur Les Républicains René-Paul Savary. « C’est compréhensible, en période de crise sociale, du fait de la diminution des recettes, et de l’augmentation des dépenses. Mais il va falloir réagir, on ne peut pas être à guichet ouvert et vivre sur le dos des générations futures. » Pour le sénateur de la Marne, le déficit ne pourra être comblé que par un « effort collectif ». « Il faut dire la vérité aux Français », soutient-il. « Il faut réussir à trouver l’équilibre, et pour cela, il y a des économies à faire dans d’autres côtés du budget. Il faut réussir à réduire les dépenses publiques dans certains domaines. » « Le déficit 2020 est acquis. Mais on pourrait demander une contribution aux complémentaires qui ont, non seulement, pas beaucoup dépensé pendant la crise sanitaire, mais qui ont, en plus fait des bénéfices substantiels cette année 2020 comme les autres années d’ailleurs », abonde le président de la commission des Affaires sociales Alain Milon.

Réfléchir à un nouveau modèle

Si tous s’accordent sur la nécessité impérative des mesures prises pendant la crise sanitaire, qui ont grandement participé à creuser le déficit de la Sécurité sociale, certains préconisent désormais une réflexion sur le fond. « Cette dette, qui s’est amplifiée de façon considérable, va devoir être compensée », soutient la sénatrice socialiste Victoire Jasmin. « On ne peut pas demander aux Français, dont beaucoup vont se retrouver en grande difficulté, de payer. Il va falloir changer de stratégie et envisager une réforme profonde, un changement de modèle économique. On ne peut pas critiquer les efforts faits, qui étaient nécessaires, mais il faut maintenant trouver de nouveaux moyens et de nouvelles alternatives plutôt que de réduire les dépenses publiques. »

À gauche de l’hémicycle sénatorial, le constat est sévère vis-à-vis du gouvernement. « Le budget de la Sécurité sociale n’est pas à la hauteur des revendications et des besoins en termes de santé. Il faut absolument anticiper les prochaines crises, en prévoyant des ouvertures de lits, plus d’embauches dans le milieu hospitalier, la valorisation de cette profession », critique la sénatrice communiste Laurence Cohen. Le gouvernement n’anticipe pas les besoins du secteur de la santé, il ne tire pas les enseignements de la crise, et reste sur une gestion au fil de l’eau, au lieu de prendre des mesures structurelles préventives. » Et sur la prévention, à l’orée d’une deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, les voix se rejoignent pour enrayer l’épidémie jusqu’à l’arrivée d’un vaccin, et permettre de gérer au mieux la crise sanitaire. « Il faut éviter de se retrouver à gérer la crise Covid-19 et la grippe », assure Alain Milon. « Et, pour cela, il faut rendre obligatoire le vaccin contre la grippe », préconise le sénateur.

 

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