Élections en Italie : les Italiens, grands déçus de l’Europe

Élections en Italie : les Italiens, grands déçus de l’Europe

Les invités d’« On va plus loin » analysent les raisons de la victoire des partis eurosceptiques aux élections législatives en Italie.
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Dimanche, le Mouvement 5 étoiles (populiste) et la Ligue (extrême droite) sont devenus majoritaires en Italie, avec les élections législatives. L’ancien chef du gouvernement, Matteo Renzi, a subi une énorme défaite. Il a annoncé lundi qu’il quittait la direction du Parti démocrate, mais a précisé que son successeur serait nommé par un Congrès après la désignation du gouvernement.

Les Italiens ont eu le sentiment d’avoir été abandonnés par l’Europe, notamment concernant la question des migrants, très prégnante durant ces élections. Marc Lazar, professeur d'histoire et de sociologie politique à Sciences Po et spécialiste de l’Italie, relativise : « Cette question des migrants est devenue la première préoccupation parce qu’un certain nombre de partis politiques l’ont transformée en une ressource fondamentale (…) C’est une des raisons (…) du succès de la Ligue. Plus que du Mouvement 5 étoiles, qui a été relativement discret sur cette question. »

Patrick Martin Genier, spécialiste des questions européennes et internationales, partage cette analyse. La question migratoire est un des phénomènes, qui a fait basculer le vote des Italiens, mais ce n’est pas le seul : « Avant ces élections, parmi les jeunes, le premier parti à 35%, c’était (…) le Mouvement 5 étoiles », explique-t-il. En cause, les « problèmes d’emploi parmi les jeunes » et la « différence entre l’Italie du Nord qui est riche et l’Italie du Sud qui (…) est gangrenée par la pauvreté, la misère et la corruption ».

« Tout ça fait que ce sont des phénomènes qui se sont conjugués pour renvoyer les anciens partis dans leur but » rajoute-t-il.

Nicole Fontaine, ancienne présidente du Parlement Européen, ne croit pas à un « raz de marée des anti-européens » : « L’Italie est européenne. Et le Mouvement 5 étoiles a parfaitement compris qu’il ne se positionnerait pas positivement s’il allait contre l’Europe. Maintenant, [ces élections], c’est un appel, pour l’Europe, à se repenser. »

 

Guillaume Klossa, fondateur du think tank EuropaNova, se montre moins optimiste sur ce point : « Il y a une vraie déception européenne, quand même, parmi tous les Italiens qui étaient un peuple très européen, plutôt fédéraliste. Et je crois que cette déception européenne, est à plusieurs niveaux. Premièrement les leaders italiens n’ont pas su participer à la relance de la dynamique européenne. Les Italiens, quelque part,  rêvent (…) de faire partie d’un couple franco-allemand élargi (…) Deuxièmement, la crise économique et financière a été perçue de manière très dure en Italie (…) Troisièmement, la question migratoire n’est pas un sujet de l’Union européenne. C’est un sujet, si on écoute le langage des nationalistes, de l’Europe des Nations. En fait, [ce sont] les États européens qui ont manqué de solidarité à l’égard de l’Italie. Ce n’est pas l’Union. Parce que sa compétence n’est pas totale. »

Le 23 mars, va se dérouler l’élection des présidents du Sénat et de la Chambre des députés. Ensuite, le président de la République, Sergio Mattarella, devra trouver une solution pour sortir de cette situation complexe où aucun parti n’a la majorité, et pour qu’émerge un nouveau gouvernement.  

 

Vous pouvez re(voir) le débat d’OVPL, en intégralité :

 

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24:23

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