Impôts, déficits, économies : ce qu’il faut retenir du budget 2019
Le gouvernement annonce 6 milliards d’euros de baisses d’impôts pour l’an prochain. Le chiffre est en réalité de 3,5 milliards d’euros, selon l’OFCE. Le point sur les gagnants et les perdants du budget 2019.

Impôts, déficits, économies : ce qu’il faut retenir du budget 2019

Le gouvernement annonce 6 milliards d’euros de baisses d’impôts pour l’an prochain. Le chiffre est en réalité de 3,5 milliards d’euros, selon l’OFCE. Le point sur les gagnants et les perdants du budget 2019.
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L’automne arrive. Et comme chaque année au même moment, le budget aussi. Le projet de loi de finances (PLF) 2019 a été présenté ce lundi matin en Conseil des ministres (voir le sujet de Sandra Cerqueira). La première étape du marathon budgétaire qui va occuper députés et sénateurs en octobre et novembre.

Des baisses d’impôts

Côté grands chiffres macroéconomiques, le gouvernement table sur une croissance de 1,7% en 2019, contre 1,9% initialement attendus. Pour le déficit public, l’exécutif pourra rester sous la barre des 3% imposés par Bruxelles, avec un déficit de 2,8%. Il est cependant plus élevé que la première prévision de 2,3%. En revanche, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, annonce déjà ce lundi un « objectif de déficit de 1,4% » pour 2020. Ce qui semble plus proche du miracle s’explique par la transformation du CICE en baisse de charges (voir notre article).

A l’issue du conseil des ministres, Benjamin Griveaux a présenté « la philosophie » de ce budget 2019. Le gouvernement met en avant le fait que « les ménages bénéficieront d’une baisse historique des prélèvements obligatoires de 6 milliards d’euros ». C’est sa carte principale pour communiquer. Le gouvernement peut s’appuyer sur la baisse des charges pour les salariés, la suppression des cotisations salariales sur les heures supplémentaires ou la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages. Un effet d’annonce que conteste, dans son calcul, l’OFCE, qui parle de 3,5 milliards d’euros de baisse d’impôts en réalité. L’organisme de recherche a notamment inclus dans son calcul la hausse inférieure à l’inflation des pensions de retraite.

« On a conscience de demander un réel effort aux retraités »

Une décision que Benjamin Griveaux définit comme une « modération de certaines prestations, qui augmentent moins vite que l’inflation. (…) On a conscience de demander un réel effort aux retraités, mais nous dégageons des ressources pour investir dans les hôpitaux, les écoles, la justice, la défense nationale. Et faire en sorte que le travail de la génération d’actifs soit mieux rémunéré » justifie le porte-parole. La suppression des cotisations salariales est en effet financée par une hausse de 1,7 point de la CSG pour les… retraités. Devant la fronde, l’exécutif a cependant consenti d’exonérer 300.000 d’entre eux de la hausse (voir notre article).

Sans surprise, le rapporteur du budget au Sénat, le sénateur LR Albéric de Montgolfier, y voit un « budget décevant ». Interrogé par Public Sénat, il dénonce des « mesures de rabot ». « Pour les retraités, sur les carburants, un certain nombre de mesures ne vont pas dans le sens du pouvoir d’achat » souligne Albéric de Montgolfier. « Ce qui est contestable, c’est l’absence de choix réels pour les dépenses publiques ». Regardez :

Albéric de Montgolfier dénonce un "budget 2019 décevant"
00:29

Des gagnants…

Dans le PLF 2019, l’Education nationale va globalement voir son budget en hausse de 850 millions d’euros, « un budget qui met le paquet sur le primaire et poursuit le dédoublement des classes de CP et CE1 en rep et rep+ » souligne le porte-parole. L’Enseignement supérieur voit aussi son budget à la hausse pour « financer le plan étudiant ».

Pour les entreprises, ça se présente bien : elles bénéficient au total de 18,8 milliards d'euros de baisses d'impôts, entre la diminution de l'impôt sur les sociétés et à la transformation du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisses de charges.

Après la démission de Nicolas Hulot, le ministère de la Transition écologique fait aussi partie des gagnants, avec une hausse « de plus d’un milliard d’euros ». Soit une hausse 3,1%, avec un budget de 34,2 milliards d'euros pour financer par notamment le développement des énergies renouvelables.

Autres priorités : « La sécurité, avec le renforcement des moyens dédiés à nos armées (…) et pour nos forces de sécurité et la justice ». La défense bénéficiera de 1,7 milliard d'euros supplémentaires et 450 emplois créés. Pour la justice, c’est 4,5% de hausse de budget.

L’exécutif met aussi en avant pour ce budget une « forte revalorisation des prestations sociales pour les plus fragiles, notamment le minimum vieillesse, qui passera à 865 euros en avril. Il était à 800 euros en début d’année », à terme, il sera de « 900 euros ».

… et des perdants

Les conducteurs verront la facture à la pompe augmenter. Le porte-parole revendique ici « un verdissement assumé de notre fiscalité avec la poursuite de la hausse de la taxe sur diesel et sur l’essence ». La hausse des taxes sur le diesel coûtera 1,9 milliard d’euros aux ménages. Quant à la hausse des prix du tabac, il rapportera aux caisses de l’Etat 400 millions d’euros.

La fonction publique va être soumise à une cure d'amaigrissement. 4.164 postes seront supprimés l’an prochain au niveau de l'État, sur un total de 50.000 prévus d'ici à 2022. Le ministère le plus touché sont les Comptes publics (2.000 postes). Si le budget de l'Education nationale augmente, 3.600 emplois seront en revanche supprimés, essentiellement dans le secondaire (collèges et lycées) et dans les services administratifs.

Le ministère du Travail va subir la suppression de 1.618 postes, surtout à Pôle Emploi. Le ministère perd 2 milliards d’euros, liés notamment à la réduction du nombre d’emplois aidés, qui continue après une forte baisse cette année. Le gouvernement en prévoit l'an prochain environ 130.000, contre 200.000 budgétés en 2018 et 320.000 en 2017.

Le ministère de la Cohésion des territoires voit son budget en baisse de 1,16 milliard d'euros. Les APL (aides personnalisées au logement) sont une grosse source d’économies avec près d’un milliard d’euros.

Le ministère des Sport va aussi devoir se serrer la ceinture. Le gouvernement y prévoit 30 millions d'euros d’économies.

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